Acteur
Photo de Patrick Dewaere.

Informations personnelles

  • Nom de naissance: Patrick Jean Marie Henri Bourdeaux
  • Date de naissance: 26 janvier 19471
  • Lieu de naissance: Saint-Brieuc (France)
  • Taille: 1.78 m
  • Nationalité: Français
  • Date de Décès: 16 juillet 1982 (à 35 ans)

Biographie

 

Patrick Bourdeaux, dit Patrick Dewaere, né le  à Saint-Brieuc (France) et mort le  à Paris 14ème, est un acteur français.

Au départ enfant acteur parmi les « petits Maurin », il s’émancipe au sein de la troupe du café de la Gare puis est révélé au grand public avec Gérard Depardieu dans le film Les Valseuses (, devenant une valeur montante du cinéma français, tournant pour différents réalisateurs comme Claude Miller, Yves Boisset, Jean-Jacques Annaud, André Téchiné, Alain Corneau, Henri Verneuil ou encore pour son ami Bertrand Blier.

Considéré comme un des acteurs les plus brillants de sa génération, son jeu se caractérise par un naturel, une exactitude et une vérité dans les expressions, dans les gestes et dans les attitudes proches de l’Actors Studio, inventives et généreuses même si à la fin des années 1970 les critiques préfèrent alors les « rondeurs » et le jeu de son alter-ego professionnel, concurrent et ami Gérard Depardieu.

Il se suicide à l’âge de trente-cinq ans, après avoir joué dans trente-sept longs métrages, après avoir incarné une soixantaine de personnages différents au théâtre, au cinéma et à la télévision durant trente et un ans, ayant composé plusieurs chansons pour Françoise Hardy ainsi que d’autres titres qu’il interprète lui-même et écrit la musique du film F… comme Fairbanks (1976).

Il est le père de la scénariste Angèle Herry qu’il a eue avec Miou-Miou et de la comédienne Lola Dewaere.

 

Enfance et débuts

Fils de la comédienne Mado Maurin et de père inconnu (le mari de Mado, le baryton Pierre-Marie Bourdeaux, accepte de prêter son nom bien que le couple soit séparé), le jeune Patrick fait très tôt partie d’une famille d’artistes, baptisée par le métier les « petits Maurin » comprenant ses frères Jean-Pierre Maurin (1941-1996), Yves-Marie Maurin (1944-2009) et Dominique Collignon-Maurin (), auxquels s’adjoignent ensuite Jean-François Vlérick () et sa sœur Marie-Véronique Maurin (), laquelle exploite le pseudonyme Marie Wiart depuis 1982. Cette troupe familiale collabore à de nombreux films, téléfilms, feuilletons télévisés ainsi qu’à des représentations au théâtre et à la radio.

En , séparée de son mari Pierre-Marie Bourdeaux, Mado Maurin est nommée directrice des théâtres municipaux de Saint-Brieuc et de Morlaix. Le dimanche , le petit Patrick vient au monde à Saint-Brieuc, où il ne restera que quelques mois avec sa mère avant de rejoindre la région parisienne. Après une rupture douloureuse, sa mère épouse Georges Collignon, déjà père de deux jeunes garçons. Dès lors, la tribu de ce qui devient bientôt « les petits Maurin » est constituée. Tous les enfants adoptent alors ce patronyme artistique qui facilite leur placement dans divers spectacles, pièces de théâtre, émissions de télévision, de radio et films de cinéma. Les Maurin emménagent dès lors dans un grand appartement au 3ème étage du 65, rue Sainte-Anne à Paris, où le jeune Patrick habite jusqu’en .
Dirigée par l’énergique Mado, la famille baigne à la fois dans un univers de « saltimbanques » et dans une profonde foi catholique. Ainsi, Patrick va accomplir sa communion solennelle en , à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre de Paris. Côté « professionnel », il fait ses débuts en , âgé seulement de 3 ans, sur les planches du théâtre national de Chaillot dans Primerose de Robert de Flers, où sa mère tient aussi un rôle. Les « petits Maurin » (Dewaere conservera le pseudonyme de Patrick Maurin jusqu’en ) vont dès lors se jalouser les rôles enfantins. À cette époque, sans le savoir, le tout jeune Patrick qui ne ressemble pas complètement à ses frères, déclare souvent malicieusement : « Moi, on m’a trouvé dans une poubelle ! », car ses parents ont échafaudé alors sur ses origines, un scénario vraisemblable mais mensonger, son père officiel étant à cette période Pierre-Marie Bourdeaux, qui l’a reconnu à sa naissance. En , un événement traumatisant survient : Patrick, alors âgé de sept ans et son grand frère Jean-Pierre partent se divertir à la foire de Gouvernes. Dans un stand de tir, Patrick blesse malencontreusement le responsable de l’attraction qui passe juste devant lui au moment où il parvient, non sans mal, à tirer. Une volée de plombs atteint aux poumons l’homme qui s’effondre et est emmené, quelques minutes plus tard, en ambulance sous les yeux du jeune garçon, particulièrement affecté par son geste malheureux. Mado Maurin raconte qu’il « en a été malade ».

À cette période, il est inscrit à l’école publique primaire de la rue de Louvois où il fait la connaissance de Francis Huster. Dans le film Monsieur Fabre (1951), il donne la réplique à une immense vedette de l’époque, Pierre Fresnay, aux côtés de ses frères Jean-Pierre et Yves-Marie. En , il joue son premier rôle important dans la pièce Procès de famille au théâtre de l’Œuvre. Le sujet est tragique : un petit garçon est déchiré entre trois couples qui se le disputent. Giflé par l’une des femmes et fou de douleur, il se suicide alors en se jetant dans une cage d’ascenseur. La même année, il joue le jeune Pepeniello, un enfant tiraillé entre deux familles, dans Misère et Noblesse, d’Eduardo Scarpetta, mise en scène par Jacques Fabbri à Paris, puis accompagne la troupe pour des représentations à l’étranger. Ces rôles éprouvants finissent par lui peser, d’autant qu’il faut parfois jouer jusque tard dans la nuit et qu’il doit reprendre chaque matin le chemin de l’école.

De récents témoignages, révèlent que l’enfant aurait subi des abus sexuels de la part d’un adulte, membre de sa famille. Selon les mêmes témoignages, ces événements auraient contribué à forger sa personnalité, à la fois rebelle, fragile et tourmentée. Durant cette période, il joue la comédie au théâtre et intervient dans différents films dont certains sont signés par des personnalités reconnues comme Marc Allégret, Gene Kelly ou encore Henri-Georges Clouzot. L’enfant est vif, jovial et turbulent, toujours prêt à en découdre avec l’autorité. Ainsi, son frère Dominique relate que lors du tournage du film La Route joyeuse (1957), l’acteur star et réalisateur américain Gene Kelly prend un caillou en pleine tête parce que le petit Patrick, neuf ans, s’amuse alors à faire des ricochets. Pour les punir, on les enferme dans une chambre d’hôtel. En représailles, son frère et lui vont la mettre à sac.

En , il se retrouve avec son frère Yves-Marie au Cirque d’Hiver pour jouer la comédie-spectacle Jimmy Boy et Davy Crocket où il monte à cheval et tire sur des indiens aux allures de cascadeurs et de clowns. Il se voit confier peu à peu des rôles de plus en plus importants. Ainsi, le , à l’âge de 12 ans, il interprète en direct à la radio française le personnage de Jerry dans la pièce de Samuel Beckett Tous ceux qui tombent aux côtés de Roger Blin. En , dans la série télévisée La Déesse d’or, il fait partie d’un quarteron de gamins prêts à toutes les aventures.

Comme Michel Polnareff, il est inscrit au cours Hattemer, une école privée de la rue de Londres où il reçoit un enseignement personnalisé et alors considéré comme « moderne ». Durant sa scolarité adolescente, il noue une relation sentimentale avec une jeune fille prénommée Dominique. Dans son livre, Mado Maurin confie qu’à ses yeux, il est foncièrement « réservé, pur, honnête, droit… et entier ». Et de souligner combien il rêve alors de théâtre. Durant les périodes de vacances, il continue à participer aussi à des émissions pour la télévision, notamment en  où il joue le rôle d’un jeune candide à la découverte de notions scientifiques. En , il campe sur scène le rôle de l’Innocent dans l’adaptation de L’Arlésienne aux côtés de Joséphine Baker En 1963, il interprète la pièce (au titre symbolique) Fils de personne d’Henry de Montherlant au théâtre des Mathurins. L’histoire retrace la France sous l’Occupation allemande, la collaboration, les restrictions alimentaires mais aussi la séparation des familles et le sort cruel de certains enfants. Le , quelques jours après la dernière représentation et le jour de ses 17 ans, l’illustre auteur lui adresse un mot de félicitations.

Toujours en , pour la pièce intitulée Les Yeux de dix-huit ans de Jean Schlumberger, auteur dramatique proche de Louis Jouvet, il partage les planches avec Armand Mestral. L’histoire met en scène un industriel sachant qu’il ne lui reste que quelques minutes à vivre. L’homme se place devant un grand miroir et revoit défiler les événements marquants de sa vie. Le tout jeune Patrick figure sa jeunesse. L’homme l’interpelle, lui faisant des reproches, démontrant combien il a trahi ses idéaux, ses rêves et ses espoirs en grandissant. Pour Mado Maurin, cette fiction fait étrangement écho aux tout derniers instants de Dewaere, installé face à son miroir, juste avant son geste fatal.

Le , il tourne dans le cadre du Théâtre de la jeunesse diffusé sur la première chaîne de l’ORTF un téléfilm consacré à Marie Curie. Il y côtoie de futures vedettes comme Jacques Higelin, Sabine Haudepin ou encore Caroline Cellier. La même année, lors de certaines représentations dans les coulisses du théâtre Edouard VII, l’adolescent subit une relation conflictuelle avec le metteur en scène Jean Le Poulain et Mado Maurin doit menacer d’avertir la presse si le départ de son fils n’est pas accepté.

Comme ses frères Jean-Pierre, Yves-Marie et Dominique, Patrick est inscrit au cours de Raymond Girard, professeur au Conservatoire censé les préparer pour le concours d’entrée. Au cours Girard, il rencontre Françoise Dorner âgée de 16 ans et comédienne en herbe, laquelle devient sa fiancée durant deux années. Mais alors que Jean-Pierre et Dominique sont reçus, Yves-Marie et lui sont recalés. Patrick racontera dans une ultime interview comment on lui apprend « comment jouer du théâtre classique », dans une posture qu’il estime ensuite « artificielle et décalée ». Quelque peu découragé, le jeune Patrick décide alors de devenir réalisateur et metteur en scène et commence par passer son permis de conduire, indispensable pour être assistant (étape incontournable pour devenir réalisateur).

Jusqu’à ce qu’il abandonne le patronyme Maurin, le jeune comédien participe aussi à de nombreuses émissions de la Radio et télévision scolaires, à des films publicitaires pour diverses marques comme Nestlé (), pour les cours Eurélec permettant de fabriquer en kit des appareils et se former à l’électronique () ou encore pour Esso avec le feuilleton radiophonique diffusé sur Radio Luxembourg « L’Homme à la voiture rouge » écrit par Yves Jamiaque (entre  et ). Concernant son enfance de « saltimbanque », lors d’une de ses interviews, il va dévoiler une blessure : « Je n’étais pas doué du tout ; le moins doué de mes frères ». Ils connaissent alors un certain succès et pas lui. Il avoue qu’il n’était « pas du tout à l’aise » et que cela représente « des souvenirs affreux, des cauchemars ». Il résume : « J’avais horreur d’être acteur quand j’étais enfant, donc j’étais très mauvais ». Il avoue aussi un blocage, probablement de la timidité. De plus, il éprouvait des difficultés à concilier l’ambiance de l’école avec celle des tournages. Dès lors, il était décidé à ne pas faire ce métier-là. Attiré par « les boutons et les lumières », appréciant les aspects techniques, il aurait aimé être pilote ou, toujours dans l’audiovisuel, cadreur ou encore ingénieur du son. « Plutôt derrière la caméra que devant », précise-t-il. En , Dewaere déclarera qu’il a toujours eu envie de passer derrière la caméra et réaliser lui-même un film. Pour lui, le metteur en scène se sert de ses propres motivations ou désirs« J’ai fini par le faire parce que c’était la seule chose que je savais faire ». Il affirme toutefois ne pas le regretter, bien que cela n’ait pas été un choix.

 

Différend familial

Après une trentaine de pièces de théâtre et de téléfilms à succès pour l’ORTF, bien que toujours mineur (la Majorité civile étant alors fixée à 21 ans), il choisit de prendre du champ par rapport à sa famille, pour deux motifs. D’une part, il apprend à dix-sept ans en  par la bouche de son frère Dominique, qu’il n’est pas l’enfant biologique de Pierre-Marie Bourdeaux et d’autre part, qu’il a été spolié d’un héritage et de ses cachets bien avant sa majorité. Bourdeaux est le premier époux de Mado Maurin et père de ses deux premiers enfants Jean-Pierre et Yves-Marie ; Georges Collignon son second époux est le père de Dominique, Jean-François et Marie-Véronique. Bien que Georges Collignon l’ait reconnu, Patrick est en réalité le fils naturel de l’artiste lyrique et chef d’orchestre Michel Têtard, mort en  à l’âge de trente-cinq ans. Cet artiste rejoint la troupe que dirigent Mado et Pierre-Marie Bourdeaux à la sortie de la guerre, en  puis il noue une relation avec la comédienne. Dans sa biographie, Mado Maurin précise que les deux hommes abordent alors ensemble le principe d’un divorce et que dès lors, Bourdeaux la quitte. Mais après quelques mois d’une passion dévorante, lorsqu’elle annonce à son amant sa grossesse, elle reçoit en retour un télégramme de rupture, celui-ci refusant de croire qu’il était le père de l’enfant. Dans une ultime interview trois jours avant son suicide, Patrick Dewaere dévoilera les méandres de son identité qu’il qualifie « de souche bretonne », son véritable père « ténor de métier », son enfance en compétition parmi les autres « petits Maurin ». Au sujet de sa décision de quitter la « tribu Maurin », il déclare que « C’est très difficile de passer d’enfant-acteur à acteur ».

 

Une famille recomposée

 

Un jeune acteur remarqué

En , bien que figurant et non crédité au générique, il est remarqué par René Clément, le réalisateur de Paris brûle-t-il ?, pour son incarnation courageuse et physique d’un jeune résistant. Le réalisateur fera à nouveau appel à lui en 1971 dans La Maison sous les arbres pour camper une nouvelle fois comme figurant, le personnage d’un jeune homme rebelle, atypique et un peu anarchiste. Ses différends familiaux l’encouragent à adopter un pseudonyme, élaboré à partir du nom marital de son arrière-grand-mère maternelle qui étant veuve, s’est remariée avec un flamand nommé De Vaëre, dont il remplacera par erreur la troisième lettre V par un W.

Ainsi, le nom de Patrick de Waëre apparaît au générique de la mini-série Les Hauts de Hurlevent en , avant d’adopter la graphie définitive sous laquelle il deviendra célèbre : Patrick Dewaere. Le public le remarque réellement en 1967, grâce à un feuilleton télévisé où il tient pour la première fois de sa carrière le rôle principal, Jean de la Tour Miracle, également réalisé par Jean-Paul Carrère et qui bénéficie alors d’un certain succès populaire. Refusant d’être doublé, il effectue toutes ses cascades et monte à cheval avec assurance. Le , après la diffusion de la série, il déclare à la revue Télé 7 jours : « Je veux faire peau neuve complètement et repartir à zéro. Mon passé, je ne le porte pas comme un panache mais je le traîne comme un boulet ». Il quitte alors le domicile familial de la famille Maurin pour s’installer dans un appartement du 18ème arrondissement de Paris, rue Ordener, en colocation avec un ami comédien du même âge, Jean-Jacques Ruysdaël qui va se tuer dans un accident automobile, quelques mois plus tard. À cette époque, il adopte la moustache pour vieillir son visage angélique, déclarant : « J’aimerais être laid et vilain. Je me dis qu’en buvant beaucoup, j’aurai des poches sous les yeux et peut-être un jour, une gueule intéressante ».

Premiers succès

Émancipé de la tutelle familiale à vingt et un ans, prenant de la distance avec son passé de jeune comédien et sa foi catholique, il adopte une position libertaire et gagne sa vie comme déménageur en livrant des réfrigérateurs. Il profite aussi de la montée de la contestation étudiante pour rencontrer des acteurs alternatifs. De février à , il partage l’affiche avec Pierre Arditi dans Ma déchirure de Jean-Pierre Chabrol, mise en scène au théâtre de la Commune par Gabriel Garran ; dans la distribution figure aussi Élisabeth Wiener qui vient de tourner un film sulfureux de Clouzot et avec laquelle il noue une relation amoureuse qui durera quelques mois. N’hésitant pas à faire le coup de force, il participe aux événements de Mai 68 et se fait alors matraquer par un CRS.

Le théâtre de la Commune s’étant mis en grève par solidarité avec le mouvement, Dewaere rencontre lors des Journées du cinéma de Suresnes la comédienne-réalisatrice Sotha, qui partage alors sa vie avec Romain Bouteille. Durant l’occupation de la salle de cinéma Les 3 Luxembourg, ils nouent une relation passionnée et se marient, autant par défi que par jeu, le . Les témoins, Rufus et une amie danseuse, Christine Haydar, jurent de garder le secret sur cette « union officielle ». Les jeunes mariés partent quelques semaines en Tchécoslovaquie, en plein Printemps de Prague, avant de rentrer à Paris pour intégrer le collectif réuni autour de Romain Bouteille (qui pousse l’abnégation jusqu’à prêter son appartement au jeune couple) et participer activement aux travaux de construction de son premier café-théâtre, 18 rue d’Odessa dans le quartier du Montparnasse: le Café de la Gare. Il y partage les planches avec Coluche, Henri GuybetMartin Lamotte, Renaud et Sotha, sans oublier celle qui deviendra la passion de sa vie : Miou-Miou. Il dira ironiquement à plusieurs reprises que « le Café de la Gare, ce n’est qu’une histoire de fesse ». À cette époque, il n’a pas d’argent et la troupe l’invite à manger. Au bout de quelques mois, il vend sa voiture pour acheter à son tour à manger à toute l’équipe. Chaque membre de la troupe sollicite aussi ses contacts et quelques « parrains » vont aider financièrement ces débuts difficiles, parmi lesquels Raymond Devos, Pierre Perret, Georges Moustaki, le professeur Choron, Cavanna, Jean Yanne, Jacques Brel, Dalida, Jean Ferrat ou encore Leny Escudero.

Le point commun de tous était « un état d’esprit de disponibilité ». Dewaere doit alors désapprendre tout ce qui lui a été enseigné au théâtre classique, à la télévision et dans les films formatés dans lesquels il a joué jusqu’alors. Il se fait violence mais il en apprécie aussitôt le lien direct et privilégié avec le public. Écrire ses textes, concevoir, créer et monter les décors, les costumes, représente pour lui, « une expérience formidable », une expérimentation pure, un véritable « fantasme d’acteur ». Il apprend à établir un rapport qu’il définit comme « sain » avec le public, sans intermédiaire. « C’est là qu’on pourrait dire, que je me suis trouvé ! » explique-t-il. Le succès du Café de la Gare permet alors d’attirer les décideurs du cinéma. Dewaere déclare avoir commencé à réellement aimer son métier à partir de la période Café de la Gare, soit après déjà une quinzaine d’années de carrière. Pour la première fois il entend rire le public, réagissant à son travail de comédien et il est alors interloqué et perd le fil du dialogue, avec dixit, « sa gueule de jeune premier trouduc », lui qui n’a jamais connu jusqu’alors un tel succès comique. Il apprécie dès lors, la grande liberté de créer ce qu’il souhaite, sans se conformer aux formats conventionnels imposés par d’autres : « Ça a été primordial pour moi » et il souligne combien cette équipe a représenté aussi une forme de famille pour lui, dont il entretient encore le lien : « On ne peut pas passer un an sans se voir ». Il constate aussi que grâce à cette modeste scène, le rapport de force avec la profession s’inverse ; le demandeur d’emploi devenant alors « offreur » de sa prestation et ceux qui doivent l’évaluer se déplacent eux-mêmes pour le voir. Durant cette période, il signe le scénario et les dialogues de différents sketchs, notamment avec Sotha. La troupe accueille par la suite Gérard Lanvin, Gérard Depardieu, puis Bernard Le CoqThierry LhermitteJosiane BalaskoAnémone et Gérard Jugnot.
En , Dewaere doit rejoindre l’armée pour faire son service militaire obligatoire. Pour être réformé, il absorbe alors quantité de médicaments sous la surveillance de sa compagne Sotha et succombe presque à un empoisonnement. Le médecin qui le suit lors de son hospitalisation diagnostique des « tendances à l’autolyse », ce qui signifie un net penchant pour les tentatives de suicide. Désormais libéré des obligations militaires et pour gagner de l’argent et soutenir la tribu du Café de la Gare, Dewaere s’essaie au doublage, prêtant notamment sa voix à Dustin Hoffman dans Le Lauréat (1967) ou à Jon Voight dans Macadam Cowboy (1969) sur le modèle de son frère Dominique Collignon-Maurin qui sera la voix française de Mark Hamill pour le personnage de Luke Skywalker dans la saga Star Wars. Patrick développe en parallèle sa passion pour la musique et la chanson. Cette période il imagine les faire adapter par un ami québécois, « pour les sublimer » et projette d’écrire et produire une comédie musicale. Le , le Café de la Gare ouvre ses portes au public avec comme slogan : « C’est moche, c’est sale, c’est dans le vent ! ». L’une des toutes premières pièces s’intitule Spectacle en or massif, elle est de et avec Romain Bouteille, Dewaere, Coluche, Sotha, Claude Mann, Henri Guybet et Miou-Miou. À cette période, il vit avec Sotha dans un loft situé rue Lepic dans le 18ème arrondissement et les jeunes « mariés clandestins », faute de faire un enfant et après avoir vu le film La Planète des singes (1968), adoptent une guenon à l’instar de Léo Ferré. Sotha précise que l’acteur observe alors l’animal et s’inspire de ses expressions, de ses mimiques et de ses gestes.
En , il compose et interprète ainsi en duo avec Françoise Hardy, la chanson T’es pas poli lors d’une émission diffusée sur la Deuxième chaîne de l’ORTF et intitulée Duo inattendu qui fait l’objet d’un disque 45 tours. Le , il participe aussi à l’émission Les chemins de l’histoire diffusée sur la même chaîne, en récitant des extraits de deux chants patriotiques de Paul Déroulède. Comme ses amis du Café de la Gare, il tourne également quelques publicités qui aident à financer le théâtre. La même année, il participe à deux courts-métrages avec la troupe du Café de la Gare et obtient un petit rôle de soldat volontaire de l’an II dans Les Mariés de l’an II (1971) de Jean-Paul Rappeneau. Rappeneau était venu au café-théâtre afin d’engager Coluche pour son film, et proposa à Dewaere de lui donner la réplique lors d’un bout d’essai mais, finalement, il l’a retenu et pas Coluche. Assistant sur le film, Luc Béraud relate une anecdote que Dewaere lui a confiée ; lors du tournage, alors qu’il n’interprète qu’un tout petit rôle, il déclare avec malice à Jean-Paul Belmondo, l’acteur principal : « Fais gaffe à tes fesses ! Nous, on est derrière ; on va te faire tomber ».

À cette période, Coluche déclenche une bagarre générale dans la troupe du Café de la Gare, certains l’accusant de se servir indûment de leur travail pour ses propres sketches. Il se fait renvoyer et part mener sa carrière en solo. L’humoriste quitte également sa compagne, Miou-Miou, laquelle se rapproche progressivement de Patrick Dewaere alors que Sotha choisit de le quitter au tout début de l’année . En , il est pressenti pour jouer un petit rôle de séducteur dans César et Rosalie (1972) mais Claude Sautet prend peur en constatant la fougue et la richesse du jeu de ce jeune homme qui selon lui, en donne trop. La même année, Robert Enrico lui fait passer des essais pour Les Caïds (1972) mais il n’obtient pas le rôle attribué à son ami Patrick Bouchitey. Ils partageront néanmoins l’affiche du film La Meilleure Façon de marcher ( et élaboreront un projet de film intitulé On est pas des héros avec Dewaere dans le rôle principal et Bouchitey à la réalisation. Toujours en , comme le révèle Claude Miller alors assistant du réalisateur Gérard Pirès, il participe au casting du film Elle court, elle court la banlieue (1973), en compagnie de ses collègues et amis du Café de la Gare. À la fin de la même année, il continue à courir le cachet et participe à une émission humoristique consacrée à et produite par Pierre Dac où il côtoie d’autres comédiens, parmi lesquels Grégory Ken, futur chanteur du duo Chagrin d’amour. En 1973, il interprète l’un des rôles principaux d’un film totalement expérimental et d’expression poétique : Themroc de Claude Faraldo, aux côtés de Michel Piccoli et ses comparses Romain Bouteille, Coluche, Henri Guybet et Miou-Miou. Bien que devenu culte parce que les dialogues n’exploitent aucune langue réelle et qu’une certaine improvisation y est flagrante, ce film ne recueille alors qu’un succès d’estime. La même année, l’immeuble qui abrite le Café de la Gare devant être détruit, la salle est transférée au 41, rue du Temple dans le 4ème arrondissement. Dès lors, l’esprit collectif et solidaire d’origine est quelque peu abandonné, ainsi que les signatures collectives des pièces.

 

Période faste

Dewaere se révèle au grand public dans Les Valseuses (1974) de Bertrand Blier, film où il apparaît aux côtés de Gérard Depardieu et Miou-Miou. Il vit avec cette actrice une intense passion amoureuse de laquelle naît une fille, Angèle Herry, le . Le réalisateur hésite un temps à donner l’un des rôles principaux à Coluche mais grâce aux essais fulgurants qu’il tourne avec Dewaere, Blier décide de l’engager, persuadé de son talent et de son charisme pour le rôle. Lorsque Miou-Miou lui annonce qu’il a obtenu le rôle des Valseuses (1974), il prend conscience que sa vie va changer. Pour toute l’équipe, « c’était le premier film important. Tout le monde mettait le paquet. Et c’était difficile à tenir », car l’ambiance sur les plateaux tourne au délire. Dewaere relate que Bertrand Blier a failli plusieurs fois « prendre ses valises et se casser du tournage ». Dewaere ajoute : « Gérard Depardieu qui venait de Châteauroux et qui avait fait de la prison, se sentait parfaitement dans son élément » : hors du tournage, son comportement restait le même que l’amusant voyou du film. Le tournage est émaillé des quatre cents coups du duo Depardieu – Dewaere et doit même être prolongé de deux semaines par leur faute et leurs dérives. Heureusement, le succès populaire et commercial est très important car le film recueille plus de 5,7 millions d’entrées. Pourtant lors du tournage Bertrand Blier est témoin des déchirements passionnels que se livrent Miou-Miou et Dewaere : un soir, Dewaere défonce la porte de la chambre d’hôtel de Gérard Depardieu, persuadé à tort que Miou-Miou le trompe avec lui. Cet épisode douloureux démontre l’hypersensibilité de Dewaere et un vif penchant pour les réactions à chaud. L’acteur éprouve du mal à affronter les démons de ses origines incertaines et de son enfance abîmée et abusée ; le mensonge et la dissimulation représentant, pour lui, les ennemis absolus. À cette période, il tourne Au long de rivière Fango (1975), un film écrit et réalisé par celle qui est toujours son épouse officielle, Sotha et cofinancé par Coluche. L’intrigue fait étrangement écho à la vie personnelle de l’acteur : elle traite du « mensonge par omission » concernant les origines parentales de l’un des héros, mettant en évidence la responsabilité de la mère, Mathilde, interprétée par Emmanuelle Riva. S’il ne remporte pas un succès populaire, ce « film de potes » (il regroupe les habitués du Café de la Gare, Romain Bouteille, Christine Dejoux et Rufus mais aussi des proches comme Élisabeth Wiener, Catherine Ringer ou Gérard Lanvin) procure de grandes satisfactions à l’acteur.
Toujours avec Rufus, il entame alors le tournage du film Lily aime-moi (1975). Huit ans avant le tournage de d’Édith et Marcel (1983) de Claude Lelouch, Patrick Dewaere s’entraîne pour être crédible à l’écran comme boxeur. Dewaere est réellement monté sur le ring pour une rencontre hors tournage le  mais ayant fait match nul, ce qui l’énerve, il se sent obligé à refaire un nouveau combat avec le même boxeur professionnel. Le film traite également de la rupture et de l’amour perdu et Dewaere donne la réplique à Miou-Miou, alors sa compagne dans la vraie vie.

Après le flop de la comédie légère (mais bien payée) Catherine et Compagnie (1975) avec Jane Birkin, Dewaere incarne un petit flic vivant en Normandie, à Rouen, aux côtés de Lino Ventura (rôle que vient de refuser Alain Delon), bien qu’il ne porte pas dans son cœur les forces de l’ordre depuis mai 1968 et qu’il éprouve des réticences envers les armes à feu à la suite de son accident de jeunesseAdieu poulet (1975) de Pierre Granier-Deferre remporte un réel succès avec près de 2 millions d’entrées et lui permet d’obtenir un gros cachet. Concernant ce film, il estime que jouer un flic sympa lui pose problème. Il éprouve alors envie d’interpréter des rôles de cape et d’épée. Sa relation avec son partenaire à l’écran est très positive : Lino Ventura insiste même auprès de la production sur le fait qu’il ne soit pas cité seul en haut de l’affiche mais que la mention soit : « Lino Ventura et Patrick Dewaere dans Adieu Poulet ». Il profite de son succès pour s’acheter une voiture de luxe et loue un duplex dans le quartier Saint-Germain-des-Prés à Paris. À cette période, Coluche s’installe dans une petite maison rue Gazan (14ème arr.), où, après d’importants travaux de rénovation (il y fait même installer une piscine), il convie régulièrement ses amis, le dimanche soir étant tout spécialement réservé aux membres de la troupe du Café de la Gare, parmi lesquels Bouteille, Dewaere et Miou-Miou.

Dewaere et Miou-Miou partent en Italie pour tourner La Marche triomphale (1976) de Marco Bellocchio. Le couple n’est alors plus en crise et le tournage se déroule sans accroc, même si Dewaere est toujours sous l’emprise de la drogue et qu’il juge finalement le film décevant. À la suite de cette expérience, son nom est retenu pour une production italo-américaine pour laquelle Miou-Miou est engagée, Un génie, deux associés, une cloche (1975) mais Dewaere refuse ce qu’il considère comme un navet. Les relations du couple commencent alors à se déliter.

Dewaere enchaîne avec le premier long métrage d’un jeune réalisateur, Claude Miller (jusque-là directeur de production de François Truffaut) : La Meilleure Façon de marcher (1976). Luc Béraud, coscénariste du film, relate que le début de leur collaboration est chaotique : l’acteur le traite de « facho » parce qu’il a un tempérament de « gueulard » (ce que Béraud reconnaît lui-même bien volontiers). De plus, Dewaere a été choisi alors qu’à l’origine son ami Philippe Léotard devait tenir le rôle mais le réalisateur ne s’aperçoit pas que l’acteur est en pleine dérive. Ce dernier vient de rencontrer par l’intermédiaire de Patrick Bouchitey, Barbara Anouilh, petite-fille du célèbre auteur dramatique. Entre  et , elle va l’entraîner du Festival du cinéma américain de Deauville aux soirées mondaines de la capitale mais aussi l’initier aux drogues dures.

Après le tournage de La Meilleure Façon de marcher (1976), qui permet à Dewaere d’obtenir la seule récompense de sa carrière partagée avec Patrick Bouchitey : l’Étoile de cristal du meilleur acteur en , Bouchitey et lui se laissent aller à des excès nocturnes qui finissent par les impliquer dans un grave accident de voiture à Paris. Dewaere s’en tire avec quelques contusions, Bouchitey est blessé et surtout l’accident a fait une victime, la conductrice de l’autre véhicule, un épisode dramatique qui marque encore un peu plus l’acteur, déjà éprouvé par l’accident de tir dont il avait été responsable durant son enfance.

Rupture avec Miou-Miou

À l’été , quelques semaines après la sortie du film Lily aime-moi (1975), Miou-Miou est choisie pour le tournage du film D’amour et d’eau fraîche (1976) et elle tente d’imposer à la production Dewaere pour camper le premier rôle masculin. Mais le réalisateur Jean-Pierre Blanc refuse et préfère engager Julien Clerc qui, pourtant, n’a jamais fait de cinéma jusqu’alors et que sa compagne France Gall vient de quitter. Cette situation affecte le couple et lorsque Miou-Miou confie la petite Angèle à ses beaux-parents sans en informer son compagnon, une rupture survient car Dewaere réagit avec colère. Pour elle, cette séparation est une question de vie ou de mort. Sur les plateaux, Miou-Miou, dont le couple est en crise, tombe sous le charme du chanteur et décide, au cours d’une conversation téléphonique, de rompre avec Dewaere qui fait aussitôt le trajet depuis Paris pour « casser la gueule » du chanteur à son hôtel, lors du tournage à Évian. Cette situation rend particulièrement difficile le tournage de leur film suivant F… comme Fairbanks (1976) qui débute quelques semaines plus tard : les personnages incarnés par Miou-Miou et Dewaere s’aiment et se déchirent, à l’image des deux acteurs dans leur vie privée. Second long-métrage de Dugowson avec une partie des mêmes acteurs principaux, ce tournage est éprouvant pour Miou-Miou et pour son ex compagnon. Film à message social comme Lily aime-moi (1975), F… comme Fairbanks (1976) traite à nouveau du chômage, comme fléau majeur de notre époque et exploite une nouvelle fois Dewaere en anti-héros « perdant ».

Son ami dessinateur et acteur Jean-Michel Folon révèle que le soir après le tournage, la toute petite Angèle doit tantôt repartir avec l’un ou l’autre de ses parents, ce qui est déchirant pour toute l’équipe. Le drame personnel que vit alors Patrick Dewaere trouve son paroxysme dans l’une des scènes essentielles du film, lorsque le personnage surgit sur une scène de théâtre, interrompt la pièce où Miou-Miou joue devant le public et l’entraîne en coulisse, pour régler ses comptes. Quelques instants avant de tourner ce long plan, Dewaere prévient le réalisateur qu’il est en mesure de ne faire qu’une seule prise, compte tenu de l’intensité dramatique de la séquence. Lors de la scène, il hurle et se précipite à plusieurs reprises, la tête en avant contre une cloison, sans être doublé par un cascadeur. Durant cette période noire, l’acteur Dewaere se rend tout seul à la cathédrale Notre-Dame de Paris au milieu de la nuit pour prier. Selon Jean-Michel Folon, son ami : « Patrick était une flamme. Une flamme, c’est fragile et ça peut s’éteindre au moindre courant d’air. Et il y a eu un courant d’air… Et Patrick s’est éteint ».

 

Ambitions cinématographiques et musicales

Pour le film La Meilleure Façon de marcher (1976), l’acteur accepte le rôle dès la lecture du scénario, ce qui est alors inédit pour lui. À cette période, l’acteur prévoit aussi un nouveau tournage en costumes d’époque sous l’égide de Romain Bouteille avec ses comparses du Café de la Gare, planifié pour le mois de  et intitulé Yeomen sans colère, une satire de mai 1968 transposée au Moyen Âge. En dépit de leurs efforts, le projet ne se fera pas mais inspirera largement Coluche pour son film Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine (1977), sorti l’année suivante et dans lequel on retrouve une partie de la troupe du Café de la Gare dont Sotha, Philippe Manesse, Gérard Lanvin et Martin Lamotte. Clin d’œil à la désertion de l’acteur, totalement pris par ses nombreux tournages, le Café de la Gare monte à cette époque une pièce humoristique intitulée À nos chers disparus : Hommage à Patrick Dewaere avec Coluche, Gérard Avenrell, Miou-MiouHenri Guybet, Jean-Michel Haas et Catherine Mitry. Lors d’une interview au Festival de Cannes pour défendre F… comme Fairbanks (1976) projeté hors sélection officielle, Dewaere précise que s’il n’aime pas les décorations, il apprécierait considérablement le fait de recevoir une distinction de la part de sa profession.
Au cours de la préparation d’une séquence devant être réalisée au palais de justice d’Aix-en-Provence, Dewaere, contrarié par une interdiction de manger à l’intérieur de l’édifice, s’énerve contre le réalisateur qui entend le raisonner. Devant toute l’équipe technique, l’acteur propose à Yves Boisset de se battre pour régler la question de manière virile puis après avoir échangé deux coups de poings, Dewaere se met à rire et déclare : « Au moins, maintenant, on est copains ! ». La fin du tournage se déroule sans aucun accroc, l’acteur s’attachant à exécuter scrupuleusement tout ce que lui demandera le metteur en scène. À sa sortie, le film séduit un large public avec plus de 1,7 million d’entrées, ce qui constitue le second gros succès, pour l’acteur après Adieu poulet (1975). Selon Boisset, Patrick dissimule alors en réalité son hypersensibilité et sa très grande pudeur, par de constantes provocations, un comportement volontairement agressif, « parce que même pour un empire, il n’aurait pas voulu être tout simplement gentil ». Au sujet de la très douloureuse rupture de Miou-Miou, Boisset raconte qu’une nuit à Saint-Étienne, de retour d’une réunion tardive avec le maire, il aperçoit sans oser le surprendre, Patrick Dewaere en train d’arracher des affiches de Julien Clerc, alors en tournée dans la même ville. Après Le Juge Fayard dit « le Shériff » (1977), le réalisateur mesure à quel point ses rôles peuvent influencer la vie de cet acteur. Il se jure alors de ne lui proposer que des personnages et des histoires positives comme il le fera dans La Clé sur la porte (1978) ou encore Le Prix du danger (1983) qu’il ne jouera jamais, l’acteur ayant mis fin à ses jours quelques mois avant le début du tournage.

Dewaere retrouve sur le tournage Luc Béraud, à nouveau co-scénariste. Les deux hommes partagent une maison à Aix-en-Provence et un lien se tisse entre eux qui inspire aux producteurs l’idée d’un remake de Fanfan la Tulipe (1952) avec Dewaere dans le rôle principal, Claude Miller à la réalisation, Béraud au scénario. Peu avant, Miller a réalisé Dites-lui que je l’aime (1977) avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere ayant refusé de jouer les « seconds couteaux » avec « le gros » en vedette (comme il l’appelle alors), le rôle est revenu à Christian Clavier. Dewaere vit alors très mal que Claude Miller ne lui offre pas le rôle principal du film avec Miou-Miou en préfèrant Depardieu et relatant cet épisode, il ne peut s’empêcher de pleurer en présence de Marc Esposito. À cette période, Luc Béraud sollicite la production au sujet de son propre projet de long-métrage pour lequel il souhaite Dewaere en rôle titre : Plein sud qui verra le jour en  et pour lequel l’implication de l’acteur s’avérera déterminante.

 

Amitiés et impact des rôles

En plus de Coluche, Bertrand Blier ou encore Jean-Michel Folon, Dewaere entretient une relation d’amitié depuis le début des années 1970 avec celui que la profession considère comme son alter-ego, Gérard Depardieu. Plusieurs réalisateurs et producteurs, pensent systématiquement à l’un ou l’autre durant cette période, comme s’ils étaient interchangeables. Bertrand Blier estime toutefois que Dewaere est « suiveur » par rapport à Depardieu. Le réalisateur Claude Sautet avouera ainsi avoir pensé embaucher Depardieu lors de l’écriture de Un mauvais fils (1980) mais qu’il avait finalement renoncé, estimant « qu’il manque à Gérard, quelque chose d’angélique et d’enfantin ». D’autre part, Dewaere aurait dû jouer initialement à la place de Depardieu dans Buffet froid (1979) de Bertrand Blier car à cette période, il a obtenu plus de succès en salle que son ami et les producteurs ont tenté de l’imposer, sans succès. Dewaere ne parvient par à cacher au journaliste Marc Esposito à chaque fois qu’il le rencontre, qu’il est obsédé par sa compétition avec Depardieu qu’il surnomme « le gros ». De  à , Dewaere reste prioritaire devant Depardieu dans le choix des producteurs de films français car selon Marc Esposito, ils le trouvent « plus sympathique et plus beau que Depardieu, jugé trop bizarre, trop inquiétant. En , la situation s’est brutalement inversée, à jamais ». Avec humour, Depardieu déclare lors d’une interview : « Avec Dewaere, c’est bien et c’est pas cher. Avec Depardieu, c’est plus cher et c’est pas mieux ».

Lors d’un séjour à Dakar offert par un voyagiste et à l’invitation d’Yves Boisset, Patrick Dewaere fait la connaissance d’une jeune fille. Une nouvelle fois, la drogue est l’un de leurs centres d’intérêt communs, d’autant plus qu’ils sont tous deux en période d’abstinence. Cette brève relation est encore abîmée par une issue tragique : quelques mois plus tard cette jeune fille se suicide en se jetant d’une terrasse. Pour se changer les idées et relever un nouveau défi personnel, Dewaere décide de traverser en solitaire, le Sahara à moto mais les forces de l’ordre marocaines lui interdiront alors d’entreprendre sa traversée. Boisset révèle également qu’à cette époque, il lui offre le roman quasi autobiographique de Jack London, Martin Eden, lequel devient dès lors son livre de chevet. Le réalisateur estime qu’on peut voir en Martin Eden une vraie parenté avec Dewaere.

Pour Préparez vos mouchoirs (1978), son réalisateur et ami Bertrand Blier décide de réunir à nouveau le trio Dewaere, Depardieu et Miou-Miou mais cette dernière refuse, non pas en raison de sa rupture avec Dewaere mais parce que le rôle est particulièrement déshabillé et qu’elle ne souhaite plus exhiber sa nudité. Blier confie alors le personnage féminin à Carole Laure. Le tournage se déroule beaucoup plus calmement que celui des Valseuses (1974) et Bertrand Blier avoue qu’une page est tournée car la folie des débuts a fait place à l’expérience professionnelle, surtout pour Depardieu qui a désormais son assistant personnel et son maquilleur. En France, le film qui réalise un score honorable avec 1,3 million d’entrées bénéficie d’une estime favorable des critiques.

Durant cette période, Dewaere reçoit une douzaine de propositions, dont notamment cinq projets qu’il retient. D’abord, un film intitulé Le Bourrin ou Le Hareng de Jean-Jacques Annaud écrit par Francis Veber, sur l’univers du football en province, qui deviendra Coup de tête (. Il doit aussi jouer dans Crimes obscurs en Extrême-Orient d’Yves Boisset, racontant l’assassinat du Pape par des agents de la CIA ; Dewaere tourne des essais au Vatican en , Boisset réalisant les prises de vues en caméra légère avec une équipe réduite. Crimes obscurs en Extrême-Orient doit être une production internationale avec Lauren Bacall et James Coburn contrôlée par des investisseurs suisses mais lesquels à terme, abandonnent le projet. Le réalisateur Maurice Dugowson demande son avis à Dewaere pour son film Au revoir… à lundi (1979), qui comprend Miou-Miou et Carole Laure, mais ni Dewaere ni son frère Jean-François n’y jouent contrairement à ce qui était initialement prévu. Il est également envisagé dans La Java de Claude Miller dont le scénario est provisoirement intitulé La Débandade, grosse production internationale avec Miou-Miou, un film d’époque en costumes traitant notamment du « Paris canaille » des années 1800, mais le long-métrage ne se montera pas, principalement faute de financements suffisants.

Enfin, Patrick Dewaere est choisi pour partager l’affiche avec Pierre Richard dans un film populaire, Y’a pas de mai ! (1978) de Gérard Oury, comédie où il incarnerait un condamné à mort évadé traversant la France en grève en plein mai 1968 avec son avocat, dans l’espoir d’obtenir la grâce présidentielle auprès du général de Gaulle. Mais Dewaere est déçu par le scénario et ne se voit pas tourner ce genre de film. Selon lui, la période de mai 1968 est trop traitée sous forme de gags, un élément de comique qu’il qualifie de « cinéma de papa ». Le réalisateur et le producteur Alain Poiré de la Gaumont s’opposent à la décision de l’acteur puis son agent Serge Rousseau parvient à négocier une sortie à l’amiable, amenant Dewaere à verser un dédommagement. Le personnage de l’évadé est ensuite distribué à Victor Lanoux.

Ce dernier épisode affecte la notoriété publique de l’acteur qui commence à avoir la réputation de « casse-pieds ». À cette période, l’acteur se lie avec une « femme-enfant », telle que la décrit Bertrand Blier mais sa relation passionnée et abîmée par la drogue avec sa nouvelle compagne, Elsa (de son vrai nom Élisabeth Chalier), l’éloigne de la plupart de ses amis. Initialement la compagne de son frère Jean-François, Elsa l’a rejoint avant le début du tournage du film La Clé sur la porte d’Yves Boisset durant l’été 1978. Bertrand Blier qui la qualifie de femme-enfant avoue espérer que l’acteur la quittera, notamment durant la période du tournage de La Clé sur la porte (1978) avec Annie Girardot car « il était incontestablement esclave de son amour pour elle. Pourtant, elle l’a maltraité, l’a beaucoup trompé ». Cette situation ne freine pourtant pas sa carrière et la comédie La Clé sur la porte remporte un succès public, réunissant près de 2 millions d’entrées.

Le , lorsque plusieurs organismes publics intentent un procès à des cafés-théâtres parisiens dont le Café de la Gare pour des motifs administratifs, il fait partie des nombreux artistes qui viennent défendre et soutenir Romain Bouteille au Tribunal. Il interpelle le président mais celui-ci lui répond : « Taisez-vous et asseyez-vous… Patrick Dewaere, connais pas ! ».

Le réalisateur Jean-Jacques Annaud parvient à l’imposer à la Gaumont et Alain Poiré pour le film Coup de tête (1979) qui pourtant ne veulent pas en entendre parler et attendent Depardieu à la place. Annaud révèle que lors de la préparation du film en , Patrick Dewaere, lassé de ce qu’il considère comme des échecs au cinéma, mise considérablement sur la chanson et sort son premier disque. Mais le 45 tours produit par Yves Simon ne reçoit pas un accueil très populaire et la critique est mitigée, y compris celle de ses proches et amis à l’exception notable des chanteurs et auteurs Nino Ferrer et Louis Chedid. Concernant le tournage de Coup de tête le réalisateur relate qu’en  l’acteur est agréable à diriger et qu’il ne subit alors aucun méfait de la drogue, sauf pour la toute dernière semaine du tournage. Il précise pourtant : « Il vivait un cauchemar avec la femme avec laquelle il avait choisi de vivre ». Concernant sa carrière, Dewaere pense alors que Gérard Depardieu rafle les meilleurs rôles et s’estime lui-même comme « un acteur de seconde classe ». Au cours d’une scène essentielle du film où tous les protagonistes se retrouvent pour un banquet et que le héros du film doit réagir en force face à eux, le réalisateur dévoile que tous les acteurs présents étaient terrorisés par l’incroyable violence incarnée par Dewaere. Lors du dernier jour de tournage du film, Dewaere épuisé et subissant les effets de la drogue, dort dans un coin du plateau, sur un banc. Annaud demande alors à l’accessoiriste de déplacer son sac de couchage mais l’acteur se réveille en sursaut et il frappe au visage l’accessoiriste, dont une dent se brise, à la suite du choc. Désespéré par son geste malheureux, Dewaere ne sait comment se faire pardonner. À ce sujet, Annaud révèle que ce soir-là, toute l’équipe constate que « Patrick n’était pas dans son état normal. Et son comportement avait changé. C’était dramatique ».

Satisfaction, bien que très provisoire, pour Dewaere : Préparez vos mouchoirs (1978) reçoit l’Oscar du meilleur film en langue étrangère à Hollywood. Lors d’une interview à la radio en , il déclare hilare : « Ce matin j’étais très content en me réveillant mais plus je me réveille plus je m’aperçois que grâce à cet Oscar plus rien ne sera jamais plus comme avant pour moi ! ». S’il ne pense pas que la récompense aura une réelle influence sur sa carrière, il estime cependant que « même si on n’est pas grand chose on peut continuer à l’être la tête haute ».

 

Série noire et descente aux enfers

Pour le film suivant Série noire (1979), Alain Corneau révèle que si l’acteur n’avait pas accepté le rôle, il aurait renoncé à monter le film. Dewaere va alors mettre toute son énergie et la force de son talent d’acteur dans ce film. Il déclarera lors de sa dernière interview qu’il s’agit du long-métrage qu’il aura eu le plus de plaisir à jouer. L’acteur qui subit toujours une addiction à la drogue reste cependant toujours parfaitement lucide durant toute la durée du tournage et maîtrise son texte à la perfection. Pour l’une des scènes du film, il se précipite la tête la première et sans aucune protection contre le capot d’une voiture, refusant d’être doublé par un cascadeur. Marie Trintignant témoigne : « Dans ce film, j’ai l’impression qu’on se jetait tous dans les scènes, dans les éléments, comme des animaux… C’était un film violent. Tout était violent ! ». Myriam Boyer précise aussi combien le budget du film était « maigre », avec une équipe très réduite. Après une séquence forte où le personnage joué par Dewaere bat celui de Myriam Boyer, l’acteur révèle à sa partenaire qu’il avait l’impression de frapper sa mère (Mado), comme pour régler ses comptes avec elle. Myriam Boyer confirme qu’à cette époque Dewaere se sent obsessionnellement menacé par le succès grandissant de son alter-ego Gérard Depardieu.
Lors de la présentation hors compétition du film au Festival de Cannes, Dewaere se confie à plusieurs journalistes. L’acteur souligne le besoin d’évasion, de rêve, d’exotisme du personnage et il précise : « Ce n’est pas un salaud, c’est un mec tout à fait normal » et qu’il « est le maillon qui a craqué ». L’acteur confirme qu’il est persuadé qu’il s’agit de son meilleur rôle. Concernant la façon dont il perçoit son avenir personnel, il avoue lors d’une interview : « Je ne serai jamais vieux, moi. On devient vieux à partir du moment où on a peur du lendemain, c’est à ce moment-là qu’on devient vieux… J’essaierai de ne jamais avoir peur du lendemain ». De fait, le film est diversement accueilli par la critique. La déception de Dewaere est plus grande encore quand, un an plus tard, le film ne reçoit aucune récompense aux César, la même année où Miou-Miou en reçoit une, pour La Dérobade (1979).

Le jeune réalisateur Didier Haudepin étant parvenu non sans mal à monter son film Paco l’infaillible (1979), Dewaere part pour l’Espagne avec Elsa mais les démons de la drogue sont toujours présents et un soir, Haudepin retrouve l’acteur enfermé dans sa chambre. En pleine crise, il a brisé une table en verre et un gros éclat s’est planté dans son artère fémorale mais après une courte hospitalisation, l’acteur assume son rôle sans sourciller. Le film ne sortira en France qu’en .

En , le chanteur et compositeur François Deguelt souhaite se lancer dans la production de cinéma. Il a achevé un scénario intitulé Mourir à Brest, en confie la réalisation à Bernard Farrel et propose les rôles-titres à Lino Ventura et Patrick Dewaere qui en ont accepté le principe mais le film ne se fera pas.

À Los Angeles, Dewaere voit la pièce de théâtre Les Enfants du silence et entreprend des démarches auprès de la William Morris Agency pour acheter les droits d’adaptation afin de la jouer en France. Du fait des contraintes de temps nécessaires pour apprendre la langue des signes, indispensable afin de tenir le rôle principal masculin, il doit abandonner le projet.

Sotha qui a longtemps repoussé la formalité comme pour le protéger, accepte de divorcer, le . Désormais, il peut s’unir officiellement à Elsa qui est enceinte, le couple étant alors sevré (du moins provisoirement) de la drogue. La petite Lola naît trois semaines plus tard, le .

Entre  et , l’acteur enchaîne sans aucune interruption, une dizaine de tournages. Afin de mieux figurer le personnage vulnérable qu’impose le rôle d’Un mauvais fils (1980), Dewaere surprend Claude Sautet en venant à un rendez-vous préparatoire, sans la moustache qu’il arbore, pour se vieillir, depuis sa participation au Café de la Gare au tout début des années 1970. Ce geste touche profondément le réalisateur. Concernant le scénario du film, qui relate l’addiction à la drogue dont les personnages joués par Dewaere et Brigitte Fossey sont victimes et qui fait écho à l’épreuve endurée par l’acteur dans la vie réelle, il ajoute : « Moi, je crois encore à mon âge qu’on peut parler de choses désespérantes et qu’il faut avoir le courage de les dire et lui (Sautet) est arrivé à un âge où il en a marre et il préfère que les choses se passent bien et que tout soit beau ».

Ce film s’inscrit dans une succession de longs-métrages où les rôles négatifs s’additionnent, même pour certaines comédies. Tantôt paumé, perdant, marginal, drogué, désespéré, paranoïaque, frustré, introspectif, violent, fantasque ou manipulateur, une majorité de films vont exploiter jusqu’à la fin, son énergie, ses fêlures et sa vulnérabilité intérieure, le plus marquant (et son dernier), Paradis pour tous (1982), mettant en scène un suicide prémonitoire.

La même année, l’acteur est toutefois sollicité pour une comédie par Philippe de Broca : Psy (1981). Le scénario est adapté d’une bande dessinée signée par Gérard Lauzier. L’auteur est proche de la bande du Café de la Gare et Dewaere se sent en confiance. Si les relations entre le réalisateur et l’acteur s’avèrent moins idylliques que prévu durant le tournage, ce dernier prend le temps entre les prises d’écouter les conseils d’Alexandre Mnouchkine, qui avait déjà produit Adieu poulet (1975) cinq ans plus tôt. Mais Dewaere révèle que durant l’écriture du film, l’auteur du scénario Gérard Lauzier ne s’est pas du tout entendu avec le réalisateur Philippe de Broca, ce qui a compliqué le tournage. « Je croyais qu’ils allaient s’additionner mais en fait, ils se sont soustraits », regrette-t-il

Toujours en , Dewaere refait un bref passage au Café de la Gare pour jouer Les robots ne sont pas méchants, « trilogie en deux parties » de et avec Sotha, ainsi qu’Odile Barbier, Arnold Boiseau, Romain Bouteille, Marie-Christine Descouard, Henri Guybet, Philippe Manesse, Patrice Minet, Jacki Sigaux et Dominique Vallée.

 

Boycott des médias, après l’« affaire de Nussac »

Alors que sa carrière prend de l’ampleur avec plusieurs grands rôles successifs Coup de tête (1979), Série noire (1979) et Un mauvais fils (1980), une affaire privée va néanmoins valoir à Dewaere un véritable boycott de la part de la presse et des médias : il frappe d’un coup de poing Patrice de Nussac, un journaliste du Journal du dimanche qui avait trahi sa promesse faite en raison de liens d’amitié de ne pas révéler son prochain mariage avec Elsa (prévu le ). Le jour de la parution de l’article, le couple demande à voir Nussac pour obtenir des explications ; après un bref échange entre le journaliste et l’acteur, Elsa aurait rappelé à Nussac qu’elle avait clairement exigé lors de l’entretien que l’article ne parle pas d’elle et le journaliste l’aurait alors traitée de menteuse. Dewaere aurait alors immédiatement réagi en donnant un coup de poing au journaliste avant de partir.

Les médias lui font payer cher ce dérapage. Ainsi, le présentateur du journal télévisé de 20h d’Antenne 2, Daniel Bilalian s’offusque en direct : « Il s’agit d’un acte qu’on peut considérer comme scandaleux contre notre corporation ». Dès lors, il n’est plus interviewé et la presse omet même son nom dans les articles sur Un mauvais fils (1980), un exemple sans précédent en France ; la presse refuse de citer son nom alors qu’il interprète le rôle-titre d’Un mauvais fils, ou ne publie que ses initiales avec une connotation péjorative : « P. D. ». Le  soit deux jours après l’affaire du coup de poing, lors de la projection de presse du film Un mauvais fils (1980), le réalisateur Claude Sautet dévoile maladroitement aux journalistes que son premier choix était Depardieu et que le scénario a été écrit pour lui, ce qui déclenche une réaction épidermique de Dewaere. Au cours de la collation qui suit la projection, il insulte alors Claude Sautet. Témoin direct de l’événement, le journaliste Marc Esposito dévoile que l’acteur est en pleine période de dépression, de boycott et sous l’emprise de la drogue, ce qui lui fait perdre pied totalement. Les producteurs éprouvent quant à eux quelques réticences à l’employer. L’affaire du coup de poing se dénouera « à l’amiable » quelques mois plus tard, Nussac acceptant 75 000 francs, une forte somme pour l’époque. Pour autant, la justice poursuit l’acteur et il se voit condamné à un an d’emprisonnement avec sursis et 10 000 francs d’amende. Au sujet de la vindicte des médias contre lui, le réalisateur Jean-Jacques Annaud avoue en  que la situation était grave et a profondément affecté Dewaere : « Ce rejet de la presse lui a énormément coûté ». Concernant son image publique, il préfère penser que les spectateurs l’aiment. Mais il déclare lors de la même interview : « On ne peut pas dire que ce soient les médias qui m’aient imposés, ou la profession du cinéma ». Selon lui, ce serait grâce à l’appréciation du public que le milieu du cinéma l’a fait travailler et non l’inverse. Concernant les limites de la célébrité, il souligne : « Il y a des inconvénients énormes… mais c’est tellement rien à côté des avantages ! ». Lors d’une interview, Dewaere déclare que « Le public ne se rend pas compte à quel point un article de presse peut avoir un impact terriblement violent sur la vie personnelle ». Dewaere précise que ce type de journal dispose d’un budget pour tout procès en diffamation et ainsi, « ils peuvent écrire ce qu’ils veulent ». Il reconnaît avoir fait justice lui-même, tout en insistant sur la douleur subie lors de cette publication : « Je me suis senti décapité quand il m’a fait ça ». Il confirme qu’un contrat moral existe, consistant selon lui à offrir au public les détails sur son travail mais se refusant en revanche à livrer sa vie privée aux médias.

Le , l’acteur effectue une de ses rares apparitions médiatiques de cette période en participant sur France Inter à l’émission radio quotidienne en direct, Le Tribunal des flagrants délires. Sous forme de procès humoristique, il s’agit de juger l’acteur, en pleine période où il est la cible de la presse et des médias, à la suite de l’« affaire du coup de poing ». Évoquant ses deux déclarations dans la presse au moment des faits qui lui sont reprochés (« Je suis la tolérance personnifiée » et « il y a une vérité par personne, par seconde, par moment »), il avoue à la fois avec ironie et agacement : « Je reconnais que j’aurais pas dû taper dessus. J’aurais dû juste… le disputer ! ». Au sujet de la violence qui transpire dans certains de ses films, il répond qu’il faut « se servir de ce qui existe et que le monde est extrêmement violent ». À la question sur le fait qu’il éprouve de la peur en sortant de chez lui, il répond par la négative et d’ajouter une phrase ambiguë : « Entre le moment où on naît et celui où on va mourir, il se passe des tas de choses. Il ne faut pas redouter de s’abîmer. Moi je crois que plus on s’abîme, plus on est beau. On ressemble à notre époque ». À la fin de l’émission, son confrère et ami Patrick Bouchitey intervient au titre du témoin en faveur de l’accusé. Il témoigne que Patrick Dewaere est « tout sauf violent. Il est sensible et avec beaucoup d’humour. Les gens ne savent pas combien il est courtois ». Bouchitey évoque aussi sa passion pour la musique en précisant qu’elle « n’est pas agressive ». Dewaere confirme alors : « Je serais plutôt blues ».

 

Derniers rôles

Après son passage à vide, Dewaere retrouve Luc Béraud pour leur projet maintes fois différé : Plein sud (1981). La distribution du film est prestigieuse (Jeanne Moreau, Pierre Dux ou encore Guy Marchand) mais l’actrice principale Clio Goldsmith ne s’investit que très superficiellement sur le tournage, ce qui fait enrager le perfectionniste Dewaere. Une nouvelle fois, le succès n’est pas au rendez-vous pour ce film qui réunit même pas 300 000 spectateurs. Dewaere explique au sujet du film Plein sud (1981) avoir été considérablement déçu en voyant le résultat à l’écran, en dépit de son fort investissement personnel pour en défendre le sujet et même aider à en monter la production. Selon lui, il aurait alors perdu tout crédit pour défendre à l’avenir un film auquel il tiendrait.

Initialement intitulé Mexico Bar, dans Hôtel des Amériques (1981) d’André Téchiné, il interprète une nouvelle fois le rôle d’un homme marginal et paumé, dans une histoire d’amour sans issue et avec le suicide en toile de fond. Téchiné reconnaît être profondément marqué a posteriori par le fait d’avoir écrit un tel rôle destructeur et suicidaire pour Dewaere : « Je l’ai poussé dans un abîme à travers ce film et ce personnage qui correspondaient sans doute à ses propres démons ». Catherine Deneuve estime quant à elle qu’il ne joue pas mais qu’il vit réellement les rôles qu’il incarne ajoutant : « C’est l’un des rares acteurs qui m’aient vraiment fait pleurer ». Pourtant, l’actrice et Dewaere ne connaissent pas de véritable osmose durant le tournage, la présence permanente d’Elsa et de la drogue, isolant ce dernier de l’équipe.
À cette époque il se dit « excommunié », « militant de rien » et n’a pas encore trouvé d’histoire à défendre. Sur l’impact négatif que ce pénible épisode a engendré, Dewaere persiste et signe : « Si c’était à refaire, je ferais exactement la même chose » car pour lui, l’objectif est atteint désormais : « Les journalistes ont un rapport beaucoup plus sain » avec lui. Le rôle décisif suivant va être celui de Beau-père (1981) dont le sujet est à la fois très controversé et dangereux pour son image publique : un trentenaire se voit séduit par une très jeune adolescente, la fille de son ex-compagne qui vient de mourir dans un accident de voiture. Le rôle de l’adolescente est proposé à Sophie Marceau mais il revient finalement à une inconnue, Ariel Besse. La photo évocatrice de l’affiche et le fait que dans le film, le réalisateur Bertrand Blier ne porte aucun jugement moral sur les protagonistes, déclenche de violentes critiques d’autant plus que le long-métrage ne reçoit pas le succès escompté. Et une nouvelle déception professionnelle est en passe d’affecter l’acteur qui a tant soif de reconnaissance de ses pairs. Le , lors de la 7ème cérémonie des César, pour la sixième fois depuis 1976, Dewaere n’est pas récompensé, alors qu’il s’est pourtant énormément investi dans le rôle de Beau-père (1981). Après la soirée, il passe un moment avec son alter-ego et adversaire Gérard Depardieu au Fouquet’s pour boire un verre avec celui qui a été récompensé l’année précédente pour Le Dernier Métro (1980). Plus tard, Jean-Jacques Annaud qui a réalisé l’année précédente Coup de tête (1979) et qui vient de recevoir un César pour La Guerre du feu (1981), retrouve Dewaere qui s’effondre en sanglots dans ses bras.

 

Doutes et déceptions

Henri Verneuil parvient à l’imposer dans une grande production populaire, Mille milliards de dollars (1982), même si quelques réticences des médias subsistent, notamment lors de la promotion du film. Ainsi, le  dans le 13 h de TF1, Yves Mourousi ne le laisse s’exprimer que quelques secondes sur une interview de plus de 9 minutes avec une partie de l’équipe du film, bien qu’il tienne le premier rôle. Lors d’un autre interview, il défend l’univers cinématographique de Verneuil et souligne combien peu importe pour lui la génération ou l’âge des réalisateurs qu’il apprécie. Il avoue avoir accepté le rôle de Mille milliards de dollars, uniquement pour le message que le film véhicule : il apprécie le cri d’alarme concernant les dérives des groupes financiers surpuissants et celles des médias, ainsi que la manipulation de l’information.
Pour ce qui deviendra son ultime film, Paradis pour tous (1982), Patrick Dewaere interprète le rôle d’un homme en perdition et à bout de forces qui se suicide en se jetant du haut de l’immeuble où il travaillait. Échappant miraculeusement à la mort, le cerveau du personnage est « flashé » grâce à un procédé médical révolutionnaire afin d’en éliminer toute pensée ou sentiment négatif pour mieux se réintégrer dans la société moderne. Ironie du sort, Dewaere retrouve une seconde fois à l’écran, son ami et compagnon d’ivresse Philippe Léotard après Le Juge Fayard dit « le Shériff » (1977). Si Léotard arrive épuisé chaque matin par ses excès nocturnes, Dewaere qui s’est mis intensément au sport pour se préparer physiquement à son prochain film, Édith et Marcel (1983), dans lequel il interprète le boxeur Marcel Cerdan, lui avoue avec un ton ironique : « Dans un an, tu auras tous mes rôles… Je serai mort ». En , il confie à Marc Esposito : « Quand tu passes ta journée à faire des gestes de quelqu’un qui est triste, eh bien quand tu rentres chez toi, t’es pas drôle, mon vieux ! T’as pris le pli ! Quand tu fais cinq films de suite où tu joues un paumé, tu finis par être un paumé. Alors j’en ai marre ! ». Ayant vu le film Série noire (1979) dont il avait réservé les droits d’adaptation auprès de son auteur, le célèbre réalisateur et producteur américain Orson Welles remarque le talent de l’acteur. Ainsi en , il rencontre Orson Welles avec lequel il a partagé l’affiche du film Paris brûle-t-il ? ( alors qu’il était simple figurant, pour évoquer le projet d’un film où il jouerait un rôle important.

Claude Lelouch avait remarqué Dewaere pour ses talents de boxeur dès , lors d’un combat-exhibition où il avait fait match nul contre un boxeur émérite et avait retenu son nom, ayant déjà en tête le projet d’un film sur la liaison entre Édith Piaf et Marcel Cerdan. Les séances d’entraînement de Dewaere pour entrer dans le rôle sont intenses comme en témoigne l’acteur Charles Gérard, car « en quelques jours, il a perdu 5 kilos » pour atteindre les 72 kg. Parlant du scénario, Dewaere insiste sur l’aspect mystique et l’importance de Dieu pour les deux personnages principaux. À cette période, la personnalité de Patrick Dewaere change aussi : il est amaigri, il a perdu le sourire, il doute et a tendance à rechercher l’affection et l’écoute de quelques amis.

 

Ultimes confidences

Le , soit trois jours avant son suicide, sa maison est cambriolée et de nombreux souvenirs personnels disparaissent dont de précieuses photos d’enfance et des vidéos familiales. Le même jour, pour ce qui sera sa toute dernière interview de télévision, il laisse entrer une caméra à sa maison du 25, impasse du Moulin-Vert dans le 14ème arrondissement de Paris, qu’il habite depuis . Il dévoile que dans la vie, il éprouve quelques difficultés à jouer la comédie pour convaincre et à être hypocrite, notamment pour négocier. Du fait que son métier consiste à mentir, quand il s’arrête de travailler, il se refuse à exploiter cette méthode.
Il souligne l’importance du théâtre pour son métier afin de rester en lien direct avec le public et combien ça lui manque, ce qu’il considère comme un véritable carburant. Concernant sa notoriété et la part de vérité due au public par les vedettes, il estime qu’il convient de ne pas être artificiel, de ne pas sur-valoriser la vie des célébrités et de dédramatiser l’image de « star de cinéma ». Il reconnaît qu’il ne dévoile pas tous ses jardins secrets aux médias, qu’il « se renferme », protégeant l’intimité des siens, pour éviter que sa femme et ses enfants « deviennent des objets publics ».

 

Suicide

En , son épouse Elsa le quitte pour s’installer avec Coluche en Guadeloupe. Son amie et ex-épouse Sotha, qui se prépare à partir en vacances, lui ouvre sa porte pour recueillir ses états d’âme. Alors qu’elle lui annonce qu’elle attend elle aussi un enfant, il lui répond qu’il va se suicider, soulignant sa fatigue, ses ennuis d’argent et de drogue… S’engage alors un long dialogue à l’issue duquel Sotha parvient à le raisonner, notamment en lui parlant de ses deux filles, Angèle et Lola.

Le matin du , Dewaere participe à des essais d’Édith et Marcel tournés en vidéo légère par Claude Lelouch au bois de Boulogne. Il retrouve Évelyne Bouix qui joue le rôle d’Édith Piaf. Un événement étrange est alors relaté par l’actrice. Alors qu’ils sont en barque au milieu d’un petit lac pour une séance photo, l’actrice se rend compte que parmi les rares visiteurs du bois, quelqu’un utilise un petit miroir pour jouer avec le reflet du soleil sur leur visage. Déstabilisé, Dewaere dit à sa partenaire qu’il « ne faut pas faire cela parce que cela porte malheur » et il répète cette phrase sans arrêt à Évelyne Bouix. Lors de ces séances préparatoires, Dewaere exécute ce que demande Lelouch et ceux qui relatent plus tard ces instants déclarent que son visage affiche un étrange sourire. Après ces quelques prises de vues, l’acteur déjeune avec le metteur en scène. Claude Lelouch se souvient qu’au cours du repas, Dewaere s’isole quelques minutes pour téléphoner. Après le repas, il est conduit en voiture par l’acteur Charles Gérard qui doit l’accompagner jusqu’à la salle d’entraînement de boxe mais Patrick Dewaere lui annonce qu’il veut repasser chez lui d’abord. Il se rend donc à son domicile de l’impasse du Moulin-Vert ; il est alors environ 15 heures. Peu après, il met subitement fin à ses jours en se tirant une balle dans la bouche devant le miroir de sa chambre avec une carabine .22 Long Rifle offerte par Coluche.

Vers seize heures, son employé de maison arrive et découvre, au premier étage, l’acteur couché en chien de fusil sur le sol de sa chambre. Il n’a laissé aucun mot d’explication mais l’appel téléphonique passé entre midi et 14 h l’aurait bouleversé. Selon sa fille Lola, le même jour, son père désespéré aurait vainement tenté de joindre son fournisseur de drogue.

Selon Mado Maurin, le coup de téléphone émanerait d’Elsa, laquelle lui aurait annoncé qu’il « ne reverrait plus jamais sa fille ». Pour Yves Boisset, qui le rencontre huit jours avant son suicide, l’acteur subissait aussi une accumulation de problèmes : « histoires d’impôts, dettes énormes, ennuis de santé et certains aspects de sa vie privée qui lui étaient devenus insupportables ».

En , Lola Dewaere légitime la mise en évidence des blessures ou motivations les plus profondes qui ont entraîné son père à commettre un suicide alors qu’il connaît enfin la gloire dans son métier d’acteur. Le biographe Christophe Carrière tente de faire l’enquête sur une accumulation de motifs et de déchirements : depuis la jeune enfance meurtrie par différents abus y compris intimes par un adulte du cercle familial rapproché, jusqu’à la toute dernière fin de matinée où il a reçu un appel téléphonique de sa femme Elsa qui aurait déclenché son acte ultime.

Mado Maurin reconnaît qu’elle partage une part de responsabilité dans les souffrances de son fils, avec le compagnon qui l’a quittée et le père qui ne l’a jamais reconnu : « Pauvre petit enfant, il te faut pardonner à ce père qui t’a tué avant de te faire vivre. Par sa faute et par la mienne aussi, tu allais porter comme une blessure, tout au long de ta courte vie, le poids de cette carence… qui, peut-être, te fera mourir ». En , dans le documentaire Patrick Dewaere, le dernier jour diffusé sur France 2, sa fille Lola confirme elle-même que l’ultime conversation téléphonique entre ses deux parents aura été « un élément déclenchant » de son suicide.

Ses obsèques sont célébrées à l’église Saint-Pierre-de-Montrouge (Paris 14ème), le , en présence entre autres de Mado Maurin, Miou-Miou, Catherine Deneuve et André Téchiné. Ses quatre frères portent son cercueil. Coluche rentré en urgence de Guadeloupe refuse de s’y rendre, « pour ne pas transformer cette cérémonie en foire »Gérard Depardieu est quant à lui accaparé par le tournage de La Lune dans le caniveau (1983) de Jean-Jacques Beineix aux studios de Cinecittà et sa relation tendue avec le réalisateur ne lui permet pas d’oser demander deux jours de pause pour assister à l’enterrement.

Patrick Dewaere est inhumé au cimetière de Saint-Lambert-du-Lattay (Maine-et-Loire), dans le caveau de sa belle-famille.

Près de six mois après sa mort, pour couper court aux rumeurs véhiculées par la presse selon lesquelles Patrick Dewaere aurait été drogué au moment de son suicide, Mado Maurin publie dans le magazine Ciné Revue du  une copie des rapports d’autopsie de son fils attestant qu’il était parfaitement sain.

Bertrand Blier raconte que durant quatre années après le suicide de Dewaere, Miou-Miou est restée profondément meurtrie par le geste de « l’homme de sa vie », passant deux nuits d’anniversaire de la date de sa mort avec l’actrice « sanglotant dans ses bras ».

 

Projets posthumes

Plusieurs projets imaginés pour Patrick Dewaere sont poursuivis sans lui et sortent les années suivantes. Ainsi, Marcel Cerdan Jr incarne finalement son père Marcel Cerdan dans Édith et Marcel (1983) de Claude Lelouch. Dans le trio qu’il doit former avec Coluche et Miou-Miou pour La Femme de mon pote (1983) de Bertrand Blier, il est remplacé par Thierry Lhermitte et celui qu’incarne Miou-Miou par Isabelle Huppert. Gérard Lanvin reprend le rôle principal au départ destiné à Dewaere dans Le Prix du danger (1983) d’Yves Boisset. Le rôle de Timar que Serge Gainsbourg pense confier à Dewaere pour son film Équateur (1983) dont le tournage doit se dérouler au Gabon, revient à Francis Huster. Bien avant la mort de l’acteur, Blier prévoyait également de reformer le trio des Valseuses (1974) Depardieu, Dewaere et Miou-Miou pour un film dont le titre provisoire est « Rimmel » ; tous les acteurs sont d’accord pour y participer et Bertrand Blier procèda à des essais concluants mais après la mort de Dewaere, il hésite longtemps entre plusieurs acteurs pour jouer le troisième rôle initialement dévolu : après avoir pensé à Bernard GiraudeauChristophe LambertJean-Pierre Bacri ou encore John Travolta parmi une trentaine d’acteurs, le rôle revient à Michel Blanc, et le film sortit en 1986. Le réalisateur Jean Becker qui avait envisagé un temps de recruter Patrick Dewaere pour son film L’Été meurtrier (1983), avec Isabelle Adjani confie finalement le rôle du personnage masculin principal à Alain Souchon. Prévu pour l’année 1982, Ticket d’acier écrit par Bertrand Blier qui confie la réalisation de ce qui doit être son premier long-métrage à Denys Granier-Deferre, son assistant sur Buffet froid (1979) et Beau-père (1981). Dewaere doit y retrouver, Annie Girardot qui a déjà partagé plusieurs films avec lui, dont La Clé sur la porte (1978) et Le Grand Embouteillage (1979), laquelle incarne une femme séduisante dans la plénitude de son âge. En parallèle, le réalisateur Denis Amar et ses co-scénaristes Jean Curtelin et Jean-Pierre Bastid envisagent que Dewaere tourne le film L’Addition (1984) aux côtés de Richard Bohringer et Victoria Abril mais après sa mort, le rôle titre est repris par Richard Berry. En , Serge Gainsbourg révèle qu’il avait déjà pensé précédemment à lui pour un long-métrage devant réunir Isabelle Adjani, Jane Birkin et Dewaere et dont le titre aurait été Call-girl mais qui ne verra pas le jour.

 

Analyse de son travail d’acteur et personnalité

Itinéraire artistique, évolution de son jeu d’acteur

De l’enfant-acteur au jeune comédien déjà expérimenté

Enfant de la balle au théâtre, au cinéma, à la télévision et à la radio, il travaille depuis l’âge de quatre ans aux côtés de ses frères, entraîné par sa mère Mado Maurin qui a connu une carrière artistique comme concertiste et dans l’opérette depuis les années 1930. Son ami acteur et réalisateur Yves Robert qui le rencontre à cette période estime que « sa famille éduquait les enfants pour être comédiens, qui les négociait très jeunes pour des rôles, qui leur apprenait ça comme on apprend des tours à des petits chiens savants ».

Mais l’enfant comédien n’apprécie pas cette période : « Lorsque j’étais enfant, je détestais jouer la comédie. Mes parents m’obligeaient en quelque sorte à monter sur les planches ou à apparaître à l’écran », confira l’acteur à la sortie des Valseuses (1974) à Bertrand Blier. Il multiplie pourtant les rôles forts et dramatiques dans des pièces ambitieuses. En , il reçoit les félicitations de l’illustre auteur Henry de Montherlant qui lui écrit au sujet du personnage qu’il incarne dans la pièce : « Je ne pourrai jamais plus évoquer Servais sans le voir avec votre visage et avec votre silhouette ». Durant son adolescence, il est stimulé par les défis physiques que représentent les films et séries d’action qu’il incarne. Mais il doute cependant toujours de son talent et de la qualité de son interprétation. Lors du tournage du film de  Paris brûle-t-il ?, alors qu’il n’est que figurant et non crédité au générique, le réalisateur René Clément observe qu’il se jette tête la première de l’arrière d’un camion après avoir été mitraillé par les Allemands. Son assistant Yves Boisset le découvre alors et estime qu’il jouait ce personnage « comme si sa vie en dépendait ». À l’adolescence, l’apprentissage des techniques audiovisuelles, l’expression musicale et le chant vont lui permettre d’acquérir d’autres expériences notamment pour maîtriser un contact plus direct avec le public. Avec son frère Dominique Maurin, il écume le quartier Saint-Germain-des-Prés, les cafés, terrasses et la côte d’Azur. Au piano, il s’entraîne à travailler dans des conditions difficiles, notamment pour l’association La roue tourne qui intervient lors des entractes au cinéma. Ces différents moyens d’expression lui font prendre conscience petit à petit qu’il en apprécie la liberté, la simplicité et la force du lien direct qui se noue avec l’auditoire.

 

Nouvelle image, effacer le passé

En parallèle, il abandonne le patronyme Maurin dès 1964 et quatre ans plus tard, il connaît pour la première fois son heure de succès populaire avec la diffusion d’une série d’aventures à la télévision, Jean de la Tour Miracle. À cette époque, il estime qu’il subit « le plat du jour » imposé par les rites et usage conservateurs du métier. Il déclarera en  qu’il ne considère pas qu’il existe des familles d’acteurs car il se sent totalement différent et avoue être plutôt un acteur « orphelin ». À cette période, le jeu du jeune homme semble suivre les traces d’un Douglas Fairbanks ou d’un Gérard Philipe, axé sur l’énergie positive, porté par l’image rassurante et dynamique d’un acteur sûr de lui et sans problèmes. Mais cette image ne correspond pas à la réalité et aux attentes de Dewaere. Jean-Paul Carrère relate qu’il refuse d’être doublé pour ces scènes d’action de la série Jean de la Tour miracle et qu’il a même passé une nuit avec les cascadeurs en dormant dans la mangeoire d’une écurie pour prendre de la distance avec les autres acteurs : « Il était tout de fraîcheur, d’instinct mais quand il jouait il avait déjà une puissance dans le regard ».

Il accuse alors déjà dix-sept ans de carrière et il affiche sans sa chambre les photos du danseur Rudolf Noureev, de Jeanne Moreau qui vient de tourner pour des réalisateurs comme Luis Buñuel, John Frankenheimer, Louis Malle et Orson Welles, qu’il met aussi à l’honneur sur les murs de sa chambre. Les quatre patronymes familiaux Maurin, Bourdeaux, Collignon et Têtard l’amènent à choisir son propre pseudonyme De Waëre qui signifie « Le Vrai » en vieux flamand ; il s’extrait ainsi de sa famille tout en restant quand même proche, par une acrobatie astucieuse : le nom du second mari d’une arrière grand-mère maternelle un peu fantasque, autoritaire, bohème et libre pour son époque. Pour passer d’un visage lisse et angélique correspondant au personnage positif et rassurant du milieu années 1960, à une « gueule » d’homme plus viril et accompli, Dewaere choisit de se faire pousser la moustache et tente d’abîmer sa figure en abusant du tabac, de l’alcool et des excès en tous genres. À cette période, l’acteur découvre une troupe qui va bouleverser sa carrière artistique, à l’aube de mai 1968. Il participe aux travaux du Café de la Gare, rue Odessa à l’initiative de Romain Bouteille qui le qualifie alors de « gommeux » (joli garçon sans densité artistique) : « Il a un handicap terrible, son physique ». L’apprentissage est douloureux car les techniques conventionnelles apprises depuis l’enfance sont autant de tics à éliminer. Pourtant, ses comparses tout comme le public apprécient son sens de l’autodérision, de l’improvisation et la grande palette de comédien qu’il déploie avec fougue et énergie comme le relate Henri Guybet. Il sait alors aussi réagir très vite et progresser : Romain Bouteille explique combien il a pu le trouver très mauvais dans un sketch mais que quelques semaines plus tard, il le trouve génial. Le comédien se sent alors stimulé et porté par cette troupe, cette équipe, cette tribu où l’esprit libertaire de l’époque lui convient parfaitement.

 

Vrai Dewaere et acteur vrai

Dans son livre publié en , l’universitaire Rémi Fontanel décortique les mécanismes, les méthodes ou les techniques du travail de l’acteur au cinéma mais également l’impact artistique de son propre vécu, jusqu’au plus intime, sur son jeu d’acteur. Maniant sa propre chorégraphie corporelle, exploitant un tempo et parfois des accélérations sur le principe d’une partition musicale, produisant des expressions intimes avec son regard et son visage, maitrisant une gestuelle originale et dosant adroitement une intonation vocale avec des accents rappelant parfois la gouaille d’un Gavroche, Dewaere vit littéralement chaque rôle plus qu’il ne le joue avec distance et contrôle total comme d’autres acteurs le pratiquent généralement. Fontanel estime tout d’abord que le déchirement sur les origines incertaines produisent des troubles identitaires chez l’individu comme chez l’artiste Dewaere. L’acteur vit ainsi une quasi fusion entre les traumatismes ou expériences marquantes de sa vie et les très nombreux échos présents dans les histoires qu’il incarne au théâtre ou à la télévision dans son enfance puis à l’âge adulte, dans ses films. Cela touche notamment à l’identité, à la liberté, à la violence, à l’injustice, au mensonge, aux rapports amoureux conflictuels, à la manipulation, au déséquilibre mental, à la drogue, à la mort brutale, au suicide. Dewaere s’offre une certaine liberté à prix coûtant, en refusant les préjugés, la facilité et les compromissions d’un plan de carrière, non sans se mettre en danger. Lors du tournage du film Le Juge Fayard dit « le Shériff » (1977), Yves Boisset observe l’acteur qui n’interprète pas le rôle mais l’incarne et le vit réellement tout en s’inquiétant pour lui de cette mise en danger. Jusqu’au seuil de sa vie, il va exploiter jusqu’à l’épuisement, l’incarnation totale plutôt que le jeu distancé, tout particulièrement au cinéma. Dewaere exprime lui-même combien les événements dramatiques d’une existence peuvent affecter un être humain aussi fragile et sensible que l’un de ses personnages, comme celui de F… comme Fairbanks (1976). Quelquefois, cet esprit libre l’amène à imposer son opinion : « Parfois, il est nécessaire de piéger le metteur en scène et d’autre fois, il convient de respecter scrupuleusement ses orientations ». Concernant sa technique d’acteur, Dewaere confirme qu’il refuse de « faire semblant », qu’il vit littéralement les émotions du personnage et agit en fonction du rôle tout en réfutant en revanche, la notion d’improvisation. Il affirme un choix délibéré, une réflexion et une certaine préparation Explorant l’apparence des différents personnages incarnés par l’acteur, Rémi Fontanel décode une tendance à construire une certaine image récurrente : cheveu long en bataille, moustache et barbe naissante, habits flous et usés, parka ou vestes usagées, baskets ou modestes chaussures de ville, Dewaere entend ressembler à « monsieur Toutlemonde ».

 

Intense travail inspiré de l’Actors Studio et influence sur Gérard Depardieu

Entre  et , alors qu’il poursuit sa métamorphose sur les planches, l’acteur est peu présent au cinéma sauf pour doubler quelques films américains, tout en s’inspirant à la fois du travail de Dustin Hoffman, d’Al Pacino ou de celui de Marlon Brando. Au sujet de ses « rêves d’enfant », en 1979 lors d’une interview, il avoue admirer les acteurs américains Marlon BrandoDustin Hoffman ainsi que les actrices Jane Fonda et Shelley Duvall. Sur le travail d’acteur de Brando, il déclare qu’il ne fait rien et est génial, alors que Dustin Hoffman « en fait des tonnes » et il est tout autant efficace à l’écran. Concernant les réalisateurs avec lesquels il rêve de travailler, il cite Martin Scorsese, Robert Altman et John Cassavetes.

Le film étrange et engagé Themroc (1973) marque symboliquement cette transformation. La révélation pour le public, pour le métier et une partie de la critique sort en  : Les Valseuses. Mais les réactions sont parfois violentes face à ce nouveau genre cinématographique. Pourtant, le succès populaire est au rendez-vous. Concernant l’approche intellectuelle ou politique de son travail, Dewaere indique toutefois : « Je crois que le cinéma n’est pas révolutionnaire ». Selon lui, le 7ème art se développe alors en écho avec les préoccupations et le ressenti du public. Cependant, si Dewaere s’est intéressé à la méthode de l’Actors Studio, il n’en a retenu en pratique que l’importance de la concentration et de la préparation. Si l’apparente spontanéité qui caractérise son jeu fait penser à de l’improvisation, ce n’est qu’une illusion car Dewaere travaille intensément au préalable ses effets, ses scènes et ses dialogues. Toutefois, il ne revendique aucune méthode, aucune règle, aucune théorie, aucune démarche intellectuelle. Sa « non-méthode » repose ainsi sur l’incarnation la plus proche de la réalité, d’un rôle, d’une situation, d’une réaction face à un autre personnage ou un événement lors de chaque scène qu’il évalue préalablement et qu’il va doser selon la volonté du metteur en scène ou de ce qu’il estime indispensable. Romain Bouteille synthétise ce phénomène en une formule : « C’est le personnage qu’il doit faire venir à lui et non l’inverse ». Dans son livre, Rémi Fontanel parvient à démontrer qu’il ne s’agit pas d’improvisation mais d’une technique visant à puiser dans un catalogue de comportements, d’émotions et d’expressions vécues ou observées, enregistrées et mémorisées depuis deux ou trois décennies ; l’acteur ayant commencé extrêmement jeune à pratiquer son métier. Le choc de la rencontre avec Gérard Depardieu fait mouche. Pour mesurer le phénomène du duo, certains critiques ont du mal à identifier de qui provient l’expression la plus créative. En analysant les films antérieurs de Depardieu, on peut toutefois avoir une partie de la réponse, comme Sotha qui affirme : « Depardieu a été plus influencé par Patrick que le contraire » et elle précise que ce serait flagrant pour le film Préparez vos mouchoirs (1978). Concernant la relation avec Depardieu, il déclare éprouver une grande admiration pour son partenaire : « je n’ai aucune envie d’être en compétition avec un mec comme ça, parce que ça me gêne. Je l’aime beaucoup, alors si je sens qu’il y en a, ça me met dans une espèce de malaise terrible. Mais ce n’est pas moi et Gérard qui la faisons, la compétition, ce sont les gens autour ». Comme son comparse aime alors à déclarer : « Dewaere, c’est bien et c’est pas cher. Depardieu, c’est plus cher et c’est pas mieux ». Pour Éric Neuhoff, la comparaison est simple : « À l’un, les rondeurs, la grande gueule, la solidité. À l’autre, les moments de déprime, la fêlure, les rôles d’écorché vif. Dewaere fut un peu notre James Dean, fébrile, survolté une grenade dégoupillée. ».
Analysant en détails le jeu d’acteur de Dewaere, l’universitaire Rémi Fontanel met en évidence les formules de langage et les intonations, échangées entre les deux protagonistes même si Dewaere était celui qui les employait alors dans la vie, en dehors des plateaux : un accent particulier, un peu forcé avec une élocution vive comme venue des faubourgs, des milieux populaires. Selon lui, Dewaere exploite plutôt une technique qu’il a acquise dès son plus jeune âge. Pour son expression scénique, il s’inspire en particulier de Dustin Hoffman dont le fameux doigt levé, geste typiquement américain, est utilisé également par Al Pacino. Dewaere est impressionné par le film Un après-midi de chien (1976). Le réalisateur Maurice Dugowson indique que ce ne sont pas des tics mais une création de mouvement, à chaque fois différente : « Il donne l’impression que c’est le texte qui est improvisé, alors que c’est le comportement qu’il invente lui-même qu’il l’est. Il n’est jamais figé, il est toujours inattendu. ». Son idole absolue est Marcello Mastroianni, Sotha expliquant qu’« il essayait d’avoir cette inexpressivité très particulière de Mastroianni, ces yeux grands ouverts qui semblent regarder au-delà de l’objectif, au-delà du partenaire. La tête de quelqu’un qui se regarde dans la glace dixit Patrick qui regarde sa propre image ».

 

Idéaux, méthodes et influences

Selon Rémi Fontanel, l’acteur « au miroir du cinéma » estime que le trouble généalogique de l’individu s’est déplacé sur les personnages que Patrick Dewaere a incarnés et sur la manière qu’il a employé pour les construire. Et d’évoquer la quête perpétuelle d’une paternité recherchée. Maurice Dugowson aurait vu en lui un nouveau Douglas Fairbanks mais la coïncidence ne s’établira jamais : initialement actif, exubérant et éclatant, il se transforme en une personne tourmentée, intériorisée et marquée « par le monde tant physiquement que psychologiquement ». En , il dénonce le conformisme, l’aspect primaire et la vulgarité en France, d’un certain cinéma populaire et convenu. Pour définir son propre jeu d’acteur, Dewaere précise que son travail s’articule selon deux méthodes complémentaires : il se dit à la fois extrêmement cérébral « cogitant les moindres détails toujours la veille pour la scène du lendemain », pouvant parfois même travailler une nuit entière, mais il sait aussi abandonner toute sa préparation et jouer une scène « à l’inspiration du moment ». Il explique aussi qu’en tant qu’acteur, il doit « enregistrer » les événements de la vraie vie, pour enrichir ensuite sa pratique professionnelle. En réponse à la question concernant l’actuelle maîtrise de son comportement face aux caméras de télévision et à son calme apparent, l’acteur révèle qu’il s’agit bien d’une façon de dissimuler une angoisse. Au sujet des pirouettes et des traits d’humour pour masquer ce stress, il avoue que c’est du « bluff ». Il en profite pour dénoncer avec ironie, certaines « ficelles » du métier d’acteur pour frimer lors d’un tournage devant les médias. Il ironise : « On me la fait pas à moi ! », tout en reconnaissant user lui-même de ces artifices.

Perception de la mise en scène

En  lors d’une interview, pour évoquer ses attentes face au réalisateur, il compare la relation acteur-réalisateur à celle d’un couple marié : « le metteur en scène étant l’homme et l’acteur, la femme ». Il souligne combien les acteurs ont besoin d’une considérable complicité, de la franchise et de la fidélité. Dewaere apprécie ce type de relations professionnelles. Dès qu’il rencontre un réalisateur, il perçoit aussitôt s’il peut avoir confiance ou pas, « au feeling ». Pour parfaire son métier, l’acteur dévoile qu’il apprécie particulièrement assister aux projections en salle de cinéma ; il précise que dès la préparation du tournage, il travaille son jeu avant de faire la scène, en imaginant les réactions du public, à l’instar des méthodes qu’il a apprises au café-théâtre. Selon lui, le metteur en scène se sert de ses propres motivations ou désirs. À la question « Qui auriez-vous aimé être ? », il répond aussitôt : Marlon Brando, selon lui, le meilleur acteur de tous les temps et dont le talent reste actuel. Les comédiens qui l’intéressent sont « ceux qui ont un discours, pas des machines à répéter un texte ».

 

Liberté, instinct et impact des rôles

Claude Miller estime qu’il est cérébral mais pas un intellectuel et qu’il réagit surtout à l’instinct. Portant depuis l’enfance des dizaines de personnages différents incarnés ou observés auprès des autres comédiens, Dewaere exploite tour à tour une ou plusieurs facettes de chacun, composant, adaptant et ajustant au gré de chaque nouvelle mise en scène. Lors d’une interview au sujet du film Plein sud (1981), il déclare : « Heureusement que je suis acteur. Comme ça, je peux vivre à travers les films ». À la question de savoir si l’on sort intact de tous ces rôles, il confirme que par exemple, d’avoir joué des actes de meurtre sont des éléments qui subsistent en lui. Pour lui, une très faible différence existe entre la vie et son implication dans un rôle. Il résume alors : « Oui, ça doit taper un petit peu le mental ». Au sujet d’Hôtel des Amériques (1981) d’André Téchiné, Dewaere avoue s’en être remis pour la première fois de sa carrière totalement au réalisateur : « C’est la première fois que je me sens autant à poil dans un film. On raconte la seule chose qui nous reste encore aujourd’hui, c’est-à-dire l’amour… Et il ne peut être que passionnel ». Dans le film Série noire (1979), chaque jour de tournage et chaque scène ont représenté pour lui, « un tournant du film ».

 

Autocritique

En , l’acteur confie lors d’une interview que prétendre inventer complètement un personnage est prétentieux et qu’un comédien « n’est pas le bon dieu ». Évoquant l’après-succès des Valseuses, Dewaere confirme qu’à certains moments, croyant que plus aucun film ne lui serait proposé et qu’il « ne ferait plus jamais de cinéma », il avoue avoir eu peur et qu’une certaine « boulimie » de tournage l’a pris. Pour expliquer le côté cyclique de son orientation professionnelle, Dewaere indique que la pression provient de ce qu’il veut toujours faire mieux que le film exceptionnel qu’il vient parfois de réussir, sans trouver forcément à la suite, de rôles à la même hauteur. Voulant toujours progresser, il déclare qu’après un rôle superbe, « il faut un petit moment pour redescendre de là ». Le  lors du Festival de Cannes pour présenter Série noire, interrogé sur sa manière de jouer ressentie par certains comme violente, exaspérante et son supposé manque de sobriété, il répond : « Mais j’ai l’impression que je suis sobre, moi. J’essaye d’être sobre au maximum. Peut-être que ce n’est pas mon tempérament. J’aimerais bien jouer comme Marlon Brando. Il ne fait rien et il est fou. Mais j’aimerais bien jouer avec Dustin Hoffman, aussi. Il en fait beaucoup et qui est vraiment tellement vrai. Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je dois faire. Je fais toujours au mieux ! ». Concernant les récompenses du métier, il se révèle à la fois ironique et dépité : « Moi j’ai toujours raté tous mes examens. Je suis très habitué. Je n’ai jamais été choisi par un jury, jamais ». En pleine période de drogue, de dépression et de doutes, il confie à Jean-Jacques Annaud au moment où celui-ci a reçu un Oscar pour La Victoire en chantant et un premier César en  pour La Guerre du feu, qu’il s’estime être nul. Dewaere soutient combien pour les acteurs, il est essentiel de rester discret hors des écrans afin que le public soit plus efficacement convaincu par les rôles interprétés. Concernant l’autocritique de sa filmographie, il ne distingue que quatre films : La Meilleure Façon de marcher (1976), dont il salue la mise en scène aboutie et le sujet « tellement rare, tellement fort et actuel »Série noire (1979) pour lequel il explique qu’après avoir lu l’histoire en quelques heures, il a téléphoné à 4h du matin à Alain Corneau pour lui dire : « Si jamais tu proposes ce scénario à un autre acteur, je te pète la gueule illico ». Également parmi ses préférés, Un mauvais fils (1980) au sujet duquel il indique : « Sautet m’a fait découvrir une méthode de jeu que je ne connaissais pas : utiliser les expressions du visage et une réelle sobriété » et Beau-père (1981) de Bertrand Blier. Bien que très critique avec lui-même, Dewaere revendique cependant chacun des films qu’il a tourné.

 

L’acteur vu par les réalisateurs

Dix ans après sa mort, Jean-Paul Carrère, le réalisateur de ses jeunes années estime qu’il était plein de facettes et que pour la série Jean de la Tour Miracle, il était capable de tout faire : « le pitre, le clown, le séducteur… Les combats à l’épée alternaient avec les scènes d’émotion. Il faisait tout avec une facilité déconcertante. C’était un être à part. Très attachant ».

Au sujet du film Adieu poulet (1975), pour évaluer sa générosité d’acteur et sa forte prise de risques dans le jeu, Pierre Granier-Deferre met l’acteur sur le même plan que deux actrices qui l’ont particulièrement étonné lors des tournages : Simone Signoret et Romy Schneider.

Selon Yves Boisset, « Patrick est probablement le plus grand acteur de sa génération ». Pour le tournage du film Le Juge Fayard dit « le Shériff » (1977), Boisset déclare que par orgueil, Dewaere est allé très loin dans la provocation, pour incarner encore plus intensément le héros du film. Il insiste pour manger un sandwich dans l’enceinte du palais de justice d’Aix-en-Provence alors qu’on l’a formellement interdit aux techniciens. Le réalisateur et lui échangent un coup de poing puis il tombe dans ses bras en riant aux éclats. Boisset sait combien ses rôles avaient une influence sur lui et il se refuse à lui faire jouer des perdants, des personnages à la dérive : « Je lui avait dit qu’il était complètement fou de s’enfermer dans ces personnages-là. Il se perdait lui-même ».

Luc Béraud, qui l’a dirigé dans Plein sud (1981), salue sa générosité d’acteur : « Il savait son texte au rasoir et était perfectionniste ».

Pour Beau-père (1981), Bertrand Blier estime que Dewaere est coréalisateur du film et selon lui, il intervient a contrario du film Les Valseuses (1974), déployant une très grande délicatesse avec la très jeune actrice adolescente et qu’il se comporte comme un Gentilhomme.

Pour Claude Miller, « il est très positif, très battant, très meneur d’équipe » mais « il avait mauvais caractère, il était soupe au lait et cabochard » et « avait du mal à se détacher des personnages. Il n’était jamais aussi bien que quand il jouait ». Au sujet du film La Meilleure Façon de marcher (1976) : « Par son incarnation, Patrick lui a apporté une marge trouble », enrichissant ainsi le personnage.

Alain Corneau indique que Dewaere est très à l’aise avec les contraintes techniques du tournage, comme les marques au sol et qu’il se prépare soigneusement à l’avance par une très grande discipline de travail.

Selon Alain Jessua, pour la méthode qui est la base de l’Actors Studio, les acteurs sont impliqués vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans leur personnage : « Quand vous avez un acteur comme ça, quelque part, il vous pousse à aller plus loin. C’est ce que j’ai eu avec Patrick Dewaere sur Paradis pour tous (1982). Les critiques et le public ne se rendent pas compte de la dangerosité de ce métier. ».

Le pensant injustement « bohème de nature », Claude Sautet est surpris par la discipline et la rigueur dont l’acteur fait preuve dans son travail. Concernant sa fragilité qu’il découvre lors du tournage du film Un mauvais fils (1980), le réalisateur déclare : « J’ai toujours eu l’impression qu’il recherchait un père ».

Maurice Dugowson estime en 1991 que l’acteur le poussait à s’ouvrir à de nouveaux horizons dans la mise en scène, toujours prêt à tout remettre en question en plein tournage« Il était prêt à chercher, à faire le tour des possibilités, à ne pas se contenter de ce qui était écrit, à ne pas faire de pléonasmes ». Et de préciser : « Une scène qui devait être dure ou triste, il la jouait gaie et on se rendait compte que cela la rendait encore plus terrible ».

André Téchiné réalisateur d’Hôtel des Amériques dévoile en 2006 combien pour lui Dewaere est une énigme. Il travaille consciencieusement son personnage, maîtrise parfaitement son texte avec un jeu « très construit, très réglé, presque trop ». Cette démarche déroute le réalisateur qui ne s’y attend pas du tout car il se fait alors une idée préconçue de l’acteur.

Henri Verneuil, habitué à la cinématographie classique des années 1950 à 1970, découvre en Dewaere un acteur rigoureux et précis qu’il décrit en 1991 : « Jusqu’à la dernière limite d’une nuance, il comprenait la scène et il jouait juste, dès la première prise. C’est un bonheur immense pour un metteur en scène ». Le réalisateur admirait sa sensibilité, sa précision, sa façon de jouer avec la caméra tout en restant parfaitement naturel. Il fait partie des cinq ou six acteurs que Verneuil retient parmi la centaine de stars qu’il a dirigées.

Jean-Jacques Annaud ne tarit pas d’éloges concernant Dewaere, soulignant sa puissance de jeu et le prodige qu’il est alors capable de jouer deux partitions à la fois en incarnant un même rôle.

Le réalisateur Marcel Carné reconnaît en  que « Patrick Dewaere était le meilleur de la génération précédente » et regrette de n’avoir pu tourner avec lui.

 

L’acteur vu par la critique

Une critique féroce ou passionnée durant sa carrière

Entre  et l’année de sa mort brutale en , la critique, la presse et les médias ont parfois salué, tantôt descendu en flammes le travail de l’acteur. Entre ceux qu’il énerve par son jeu d’acteur « qui en fait trop », sans doute en avance ou trop influencé par les méthodes américaines et ceux bien moins nombreux qui le trouvent génial, Dewaere traverse la Nouvelle Vague et l’avant-gardisme de mai 1968, sans correspondre exactemement aux canons de l’époque ; d’autant plus qu’il tourne à la fois des films à vocation populaire comme Adieu poulet (1975), La Clé sur la porte (1978) ou Coup de tête (1979) et des films bien plus ambitieux comme Série noire (1979), Un mauvais fils (1980) ou encore Beau-père (1981). Ses comparses et amis Depardieu, Coluche ou encore Philippe Léotard s’en sortent médiatiquement bien mieux que lui à la même période. Parmi les réactions violentes à l’encontre du film Les Valseuses (1974) figurent celle de Jean François Rochereau du journal La Croix, qui évoque ainsi « un film d’obsédé sexuel » et même « d’une décharge publique » et Jean Domarchi dans la revue L’Écran, qui déteste le filmLa Meilleure Façon de marcher (1976) : « Patrick Dewaere, qui réussit à être Errol Flynn, James Cagney et Clark Gable tout en restant lui-même, c’est-à-dire un fabuleux acteur… »« Costaud et vulnérable, drôle et pathétique, Patrick Dewaere incarne avec une remarquable aisance Fairbanks-le-cascadeur et Fairbanks-le-paumé… »Le Juge Fayard dit « le Shériff » (1977) : « Félicitations au comédien Patrick Dewaere ; il est entré sans effort dans la peau du personnage. Une peau semblable à celle du juge Renaud, qui finit naguère par avoir la pègre lyonnaise »F… comme Fairbanks (1976) : « Il passe de la joie à la tristesse, de la fantaisie au chagrin, de la décontraction à l’angoisse avec un talent fou. C’est vraiment quelqu’un, Patrick Dewaere. »La Marche triomphale (1976): « … Les comédiens sont hélas!, terrifiants de vérité. Franco Nero et Patrick Dewaere sont superbes, c’est-à-dire à tuer. ». Le boycott de la presse qu’il subit à la fin de l’année  pour avoir frappé un journaliste, marque pour lui un tournant majeur. Ainsi, il énerve et est détesté par certains critiques comme Gérard Lefort, lequel publie des mots d’une grande violence dans Libération, le jour même de son suicide en  : « Dewaere jouait la comédie comme une chaussette molle, trimbalant sa petite gueule de frappe teigneuse comme unique carte de visite » et qualifie de navets les films Le Juge Fayard dit « le Shériff » d’Yves Boisset, Un mauvais fils de Claude Sautet ou encore Beau-père de Bertrand Blier. Au contraire, pour la sortie du film Série noire certains le défendent : « … Alors on s’extasie volontiers sur la direction de l’acteur Patrick Dewaere. Joli numéro d’acteur à dire vrai car il n’est pas possible d’appeler autrement ce « one-man-show » qui en fait beaucoup, beaucoup trop en tout cas pour être de la mise en scène. »« …le jeu survolté, frénétique de Patrick Dewaere, un minable à la tête pleine de rêves (l’éblouissante séquence de début où il mime le personnage qu’il voudrait être). L’acteur est prodigieux jusqu’au malaise mais tous les interprètes sont, à son unisson, extraordinaires. »Coup de tête : « Patrick Dewaere joue cela comme ce fut écrit, avec calme, décontraction, assurance et ce regard lointain des misanthropes qui ne haïssent même plus les hommes tellement ils les méprisent, tout en s’apitoyant sur eux. »Beau-père (1981) : « Patrick Dewaere, tendre, hésitant, parfois coléreux, paumé et lâche exemplaire, fait preuve d’une maitrise, d’une sensibilité remarquables… ».

 

Un acteur mieux reconnu après sa mort

Au fil des années, à force de revoir à nouveau les téléfilms et films qu’il a interprété ou lors de rétrospectives, les critiques ont sensiblement évolué, un fait que Marc Esposito relate dans sa biographie parue en 2019 : « Aujourd’hui, il est unanimement respecté et aimé… Mais à sa mort, c’était loin d’être le cas ». Il faut attendre dix ans après sa mort pour que la critique s’intéresse véritablement à Patrick Dewaere, notamment à la suite du film documentaire qui lui est consacré par Marc Esposito : « Je me suis dit que ce serait bien de faire quelque chose sur Patrick Dewaere, de montrer que c’était un grand acteur, exagérément oublié et qu’il méritait dans nos mémoires la place d’un Gérard Philipe ou d’un Monty Clift. Je crois que Dewaere est très en accord avec l’état d’esprit d’aujourd’hui. Il incarne bien cette espèce de romantisme un peu désespéré qu’on a retrouvé, ces dernières années, dans des films comme 37°2 le matin (1986) ou Le Grand Bleu (1988) ».

Le quotidien Libération longtemps après sa mort revoit son analyse et encense l’acteur : Un mauvais fils qui pourtant est qualifié de médiocre par le critique, n’est, selon le même critique « regardable que grâce à Patrick Dewaere ». En , la revue littéraire Bordel estime que « Patrick Dewaere a incarné la “fureur de vivre” à la française et demeure un modèle pour les générations de jeunes comédiens qui lui ont succédé ». Dans une analyse synthétique en , Rémi Fontanel précise : « Entier, sans limite ni tabou, d’une grande inventivité, Patrick Dewaere figure « l’acteur total par excellence ». Dans Le Figaro en , il est qualifié de « saltimbanque habité, fonceur, cabochard, qui ne jouait plus uniquement sur la beauté physique pour emporter les spectateurs. » et « son engagement dans le travail est intense, sa présence physique éclate même dans les rôles les plus intérieurs et tourmentés ». En  , dans L’Express au sujet du duo Dewaere-Depardieu de 1977 : « Ils ne jouent pas, ils sont, à la façon de l’Actors Studio, qu’incarnent alors Dustin Hoffman et Robert De Niro de l’autre côté de l’Atlantique ». En , pour une soirée hommage sur la chaîne Arte diffusant Série noire puis La Meilleure Façon de marcher, un critique écrit « Les deux films révèlent la violence, la force du jeu, la volonté de bouleverser les codes et un grand perfectionnisme. Patrick Dewaere bouscule et heurte par son jeu brutal et sa façon d’être qui renvoient à l’impuissance d’être soi-même. ». En , selon la publication Revus et Corrigés pour le film Un mauvais fils (1980) : « Dewaere en état de grâce. Lorsque le couple Dewaere / Fossey est au plus bas, il explose et évoque à son tour sa solitude et sa marginalité dans une société à bout de souffle ». Selon la jeune génération des critiques comme Léa André-Sarreau (Les Inrocks), en  il est délicat de « cerner son jeu fougueux et cérébral inspiré de l’Actors Studio, une méthode qui participe à brouiller la frontière entre sa personnalité fragile et ses rôles borderline ». Pour Série noire lors d’une rétrospective en , le programme de l’événement explique que « Patrick Dewaere incarne jusqu’au vertige les délires d’un personnage au bord de la folie. Peut-être son plus grand rôle ».

 

Rapport au succès et box-office

Exprimant souvent un apparent rejet des conventions, des aspects commerciaux et des récompenses, Dewaere est toutefois concerné par son succès au box-office et par la reconnaissance du public. Parmi ses succès les plus populaires au cinéma, Les Valseuses avec Depardieu et Miou-Miou obtient 5 726 031 entrées en 1974, soit de très loin, le premier et le plus grand score de toute sa carrière suivi d’Adieu poulet (1975) avec Lino Ventura qui recueille 1 945 659 spectateurs, un an plus tard. Dans sa période faste entre 1975 et 1980, l’acteur attire plus de spectateurs que son alter-ego et adversaire Depardieu, alors jugé moins beau et plus inquiétant que Dewaere par les producteurs. Ainsi, en 1978, aux côtés d’Annie Girardot pour une comédie familiale et sociale, il obtient avec La Clé sur la porte, 1 893 163 entrées. L’année 1975 est majeure pour lui car il est aussi en vedette du film Le Juge Fayard dit « le Shériff » avec 1 758 456spectateurs. Le retour en duo avec Depardieu pour Préparez vos mouchoirs en 1978 convainc 1 321 087 cinéphiles suivi en 1981 du score de Beau-père avec 1 197 816 entrées mais dont le résultat commercial est ressenti comme une déception par Dewaere. Le film Mille milliards de dollars du réalisateur à succès Henri Verneuil en 1982 obtient 1 190 673 spectateurs ressenti comme un semi-échec par rapport aux attentes de l’acteur. En dépit du boycott des médias qu’il subit, le film Un mauvais fils en 1980, parvient à attirer 1 049 839 personnes mais c’est à l’époque le plus mauvais résultat commercial du réalisateur. La comédie Coup de tête en 1979 engendre 902 144 entrées et la même année, malgré un thème noir et complexe, Série noire réussit à conveincre 890 578 cinéphiles. À cette période selon Myriam Boyer, il redoute l’insuccès et il est poursuivi par l’idée que tout peut s’arrêter professionnellement pour lui. Dans l’ordre d’entrées en salle, on notera que la comédie Psy en 1981, du pourtant populaire Philippe de Broca, obtient 641 332 spectateurs devance La Meilleure Façon de marcher en 1976 avec 588 030 entrées. Au bas du classement, son dernier film Paradis pour tous sorti durant l’été de sa mort en 1982 rassemble 558 557 entrées et le drame Hôtel des Amériques avec Catherine Deneuve l’année précédente fait le faible score de 498 153 tickets. Selon Marc Esposito, il subit sa cinquième déception en deux ans pour ce film. En 1976, F… comme Fairbanks plafonne à 458 557 entrées tout comme Lily aime-moi en 1975 avec 397 561 spectateurs. Ses autres films recueillent moins de 350 000 entrées avec dans l’ordre du plus élevé au plus faible : La Marche triomphale en 1977, la comédie légère Catherine et Compagnie en 1975 avec Jane BirkinPlein sud en 1981 et le film devenu culte Themroc en 1973.

 

Distinctions

En , Dewaere reçoit l’Étoile de cristal du meilleur acteur, ex-aequo avec Patrick Bouchitey pour La Meilleure Façon de marcher. Cette « moitié de trophée » est l’unique récompense que la profession lui décernera.

Entre  et , l’Académie des arts et techniques du cinéma français nomme six fois l’acteur sans jamais lui attribuer un seul César du cinéma :

  • 1976 : nomination au César du meilleur acteur dans un second rôle pour Adieu poulet
  • 1977 : nomination au César du meilleur acteur pour La Meilleure Façon de marcher
  • 1978 : nomination au César du meilleur acteur pour Le Juge Fayard dit « le Shériff »
  • 1980 : nomination au César du meilleur acteur pour Série noire
  • 1981 : nomination au César du meilleur acteur pour Un mauvais fils
  • 1982 : nomination au César du meilleur acteur pour Beau-père

Le , l’Oscar du meilleur film étranger est attribué à Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier, en raison notamment de l’interprétation de son couple vedette Dewaere-Depardieu. Le film connaît un succès d’estime à l’étranger mais n’attire que 1,3 million de spectateurs en France.

Source: Wikipédia

 

Filmographie

Trailers & Videos

trailers
x
Photo de Patrick Dewaere.

Bande annonce

Acteur

x
Aller à la barre d’outils