Acteur, Réalisateur, Producteur, Comique
Photo de Coluche.

Informations personnelles

  • Nom de naissance: Michel Gérard Joseph Colucci
  • Date de naissance: 28 octobre 1944
  • Lieu de naissance: Paris (France)
  • Taille: 1.69 m
  • Nationalité: Français
  • Date de Décès: 19 juin 1986 (à 41 ans)

Biographie

 

Michel Colucci, dit Coluche, est un humoriste et comédien français, né le  dans le 14ème arrondissement de Paris et mort le  à Opio (Alpes-Maritimes).

Fils d’un immigré italien et d’une Française, Michel Colucci grandit à Montrouge. Il adopte le pseudonyme « Coluche » à l’âge de 26 ans, au tout début de sa carrière. Revendiquant sa grossièreté mais, selon lui, « sans jamais tomber dans la vulgarité », Coluche donne très tôt un style nouveau et sarcastique par sa liberté d’expression au music-hall, en brocardant notamment les tabous et valeurs morales et politiques de la société contemporaine. En 1975, il devient célèbre en parodiant un jeu télévisé : Le Schmilblick.

Avant 1976, il occupe des rôles de second plan au cinéma avant de camper des personnages plus centraux, comme dans L’Aile ou la Cuisse (1976), puis de tenir le haut de l’affiche durant les années 1980, essentiellement pour des comédies. Il passe à la réalisation en co-réalisant Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine (1977) avec Marc Monnet. En 1984, il obtient un César du meilleur acteur pour son rôle dramatique dans Tchao Pantin (1983) de Claude Berri.

Tour à tour provocateur ou agitateur par ses prises de position sociales, il se présente à l’élection présidentielle de 1981 avant de se retirer, à la suite de pressions et de menaces. Jouissant d’une énorme popularité et très apprécié du public, il fonde en 1985 l’association Les Restos du cœur, relais d’aide aux plus pauvres, quelques mois avant de mourir dans un accident de moto.

 

Jeunesse

Montrouge

Michel Colucci naît le , à la maternité Notre-Dame de Bon Secours dans le XIVème arrondissement de Paris. Sa mère, Simone Bouyer dite Monette (1920-1994), est employée chez le fleuriste Baumann, boulevard du Montparnasse. Son père, Honorio Colucci, né à Casalvieri (région du Latium) en Italie, est peintre en bâtiment. Ce dernier, né le 29 novembre 1916, meurt le 31 octobre 1947, à 31 ans, d’une poliomyélite et son épouse doit élever seule ses deux enfants. Délaissés par la belle-famille (à l’exception notable de Maria, la mère d’Honorio qui passe encore les voir), Monette, Michel et Danièle, future épouse de René Metge, qui a un an et demi de plus que son frère, vivent ensemble dans une pièce et une cuisine. Bien qu’elle renonce à son métier de fleuriste pour élever ses enfants, Monette retrouve quelques petits emplois qu’elle doit parfois cumuler pour obtenir un salaire de misère. Souffrant d’une grave scoliose, elle doit suivre des traitements à Berck lors d’un été où elle emmène ses enfants. Malgré toutes ces difficultés, elle garde espoir en l’avenir et adopte le mode de vie des classes sociales plus aisées, veillant à ce que ses enfants soient « bien mis » (correctement vêtus). Michel n’apprécie pas cette fracture entre la réalité et les aspirations de sa mère et, à propos de ses vêtements qui tranchent avec ceux des autres enfants du quartier, il lui reprochera de l’habiller comme une fille.

Loin des rêves maternels, Michel choisit Montrouge (banlieue sud de Paris) où il traîne avec ses copains. Le travail scolaire ne le passionne pas et il fait rire ses camarades de classe, en tenant tête à l’instituteur. Son parcours scolaire s’arrête au Certificat d’études primaires, racontant qu’il l’a raté volontairement en juin 19587, pour avoir fait une seule faute à la dictée le matin et ainsi avoir selon lui fait ses preuves, il ne juge pas utile d’y retourner l’après-midi, ce que dément sa mère en 1987 : « Contrairement à ce qu’on raconte, il a eu son certificat d’études » en précisant que, avant l’examen, elle lui avait fait faire dix fois la même dictée et que c’est le texte sur lequel il s’était entraîné qui est tombé le jour de l’examen. Quand il n’est pas à l’école, il traîne avec ses copains de la « bande Solo », du nom de la cité : « la Solidarité ». Accompagné généralement de Bouboule (Alain Chevestrier), il cumule les petits larcins et a régulièrement affaire à la police. Tous deux vont même jusqu’à s’essayer à des méfaits plus graves comme l’agression physique ; mais, en tentant de dérober le sac d’une vieille dame, ils se font tirer dessus par un passant. Coluche, qui avait alors une quinzaine d’années, mettra longtemps avant de relater cet épisode de sa vie dont il a honte.

Ce comportement exaspère Monette qui s’interroge de plus en plus vivement sur l’avenir de son fils. Il s’essaie alors à de petits boulots, qu’il n’arrive pas à garder bien longtemps. Ainsi, il est tour à tour télégraphiste, céramiste, garçon de café, livreur, apprenti-photographe, assistant-préparateur en pharmacie, photostoppeur, aide-pompiste, assistant de marchand de fruits et légumes ou encore fleuriste. Durant cette période, il s’intéresse à la musique. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, il est fan de rock ‘n’ roll, d’Elvis Presley, de Johnny Hallyday, des Chaussettes Noires, des Beatles. Toutefois, il voue également une profonde admiration à Georges Brassens. Pour ses 21 ans, sa mère lui organise son anniversaire dans l’arrière-boutique du magasin de fleurs et lui donne un chèque en blanc qu’il a le droit d’utiliser dans la limite de 500 francs, il court aussitôt s’acheter une guitare chez Paul Beuscher, dont il joue sans jamais avoir appris.

 

Errances à Paris

Peu à peu, il s’éloigne de Montrouge, à la recherche d’une autre vie que celle que lui réserve cette cité. Il traîne dans Paris, s’intéresse sans suite au métier de comédien ou à l’univers des sports mécaniques, touche un peu au bricolage. Puis il travaille quelque temps chez un fleuriste de l’île de la Cité. En 1964, incorporé dans le 60ème régiment d’infanterie de Lons-le-Saunier, il fait de la prison pour insubordination. De retour à la vie civile, il travaille comme fleuriste avec sa mère, à la boutique qu’elle vient d’ouvrir à Paris, rue d’Aligre, puis dans un local plus vaste près de la gare de Lyon. Il estime ce travail peu intéressant et le quitte brusquement, ce qui lui vaut de se brouiller provisoirement avec sa mère.

À la fin des années 1960, il décide de se lancer dans la musique. Entre 1966 et 1967, il interprète certaines chansons de Boby Lapointe, Boris Vian, Charles Trenet, Georges Brassens, Léo Ferré, Yves Montand, aux terrasses des cafés des quartiers de la Contrescarpe et de Saint-Michel. Il s’associe avec des musiciens rencontrés sur place, comme Xavier Thibault et Jacques Delaporte, futurs fondateurs du Grand Orchestre du Splendid ainsi que le guitariste et flûtiste Jean-Claude d’Agostini, dit « Le Bœuf » futur membre de la troupe « Le vrai chic parisien », avec lesquels il crée le groupe éphémère « Les Craignos Boboys ». Il se rapproche ensuite du monde des cabarets. Tout en étant plongeur dans la restauration, il se produit sur la scène du cabaret Chez Bernadette, dans le quartier de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris. Il y fait la connaissance de Georges Moustaki, qui l’héberge et le soutient financièrement. Toujours à Paris, il se produit dans d’autres cabarets : La Galerie 55, rue de Seine, Le Port du Salut, rue Saint-Jacques ou La Vieille Grille, rue du Puits-de-l’Ermite. Il travaille ensuite au cabaret La Méthode, rue Descartes, comme barman et régisseur. Il y rencontre France Pellet et son frère, Alain Pellet, avec lesquels il se produit sous le nom des « Tournesols ». Il y rencontre également Romain Bouteille, qu’il va présenter toute sa vie comme son modèle.

 

Débuts d’humoriste

Café de la Gare

Avec Romain Bouteille, il est présent dès l’origine du Café de la Gare, inauguré officiellement le . Ce lieu symbole du café-théâtre réunit une bande de jeunes comédiens d’horizons différents, dont beaucoup deviendront célèbres, tels que Patrick DewaereHenri GuybetMiou-Miou sa compagne d’alors, Martin Lamotte… Parmi les parrains du Café de la Gare on compte également Georges Moustaki, Jacques Brel, Jean Ferrat, Jean Yanne, Leni Escudero, Pierre Perret, Raymond Devos et l’équipe de la revue Hara-Kiri. Plus tard, Thierry Lhermitte, Rufus, Renaud Séchan, Josiane Balasko, Gérard LanvinGérard Depardieu, Diane Kurys, Coline Serreau, Anémone ou encore Gérard Jugnot rejoignent la nouvelle troupe ou viennent commettre une collaboration ponctuelle. Selon Romain Bouteille, ses problèmes d’alcool le rendent exécrable voire violent. Lors de la préparation de la pièce Des boulons dans mon yaourt au Café de la Gare en 1970, une bagarre l’oppose ainsi à Bouteille et à son ami Patrick Dewaere. Il va jusqu’à brandir un tesson de bouteille et menacer l’entourage ; Dewaere parvient à le contenir mais il se voit dès lors contraint de quitter la troupe.

 

Télévision

En , Jacques Martin le recommande à Georges Folgoas, producteur de Midi magazine, pour faire équipe avec Danièle Gilbert, sur la première chaîne de l’ORTF. L’expérience ne dure que cinq jours.

 

Premiers rôles

Durant la fin des années 1960 et le début des années 1970, il est engagé sur plusieurs tournages de séries télévisées françaises de l’ORTF (Madame êtes-vous libre ? avec Denise Fabre puis La Cloche tibétaine avec Philippe Léotard). Au cours de cette période, à l’instar de ses collègues de café-théâtre, il apparaît dans des spots publicitaires à la radio et à la télévision. Il campe un petit rôle dans son premier long-métrage, Le Pistonné (1969) réalisé par Claude Berri dont il devait initialement jouer le premier rôle, dévolu finalement à Guy Bedos.

 

Le Vrai Chic parisien

En novembre 1971, il fonde une autre troupe, Au vrai chic parisien – Théâtre vulgaire, puis Le vrai chic parisien. Le premier spectacle s’intitule Thérèse est triste, avec une affiche réalisée par son ami Jean-Marc Reiser.

Il rencontre à cette période sa future épouse Véronique Kantor (1948-2018), alors étudiante de « bonne famille » qui se destine au journalisme. Il l’épouse le  (et divorcera en 1981). Ils ont deux garçons, Romain en 1972 et Marius en 1976.

Toujours à cause de son comportement et de ses addictions, il quitte sa troupe une nouvelle fois et se lance dans une carrière solo.

 

Le succès

Carrière solo

Son premier sketch, C’est l’histoire d’un mec, tourne en dérision la difficulté de raconter une histoire drôle. Ses sketches suivants lui valent rapidement un succès populaire qui ne se démentira plus : « Il inventait pour les années 1970 une image de pauvre urbain, bonne pâte mais à court d’idées, empêtré dans les mots, raciste faute de mieux, ballotté par la publicité et les jeux radiophoniques ». Il revendique sa grossièreté : « Toujours grossier, jamais vulgaire ».

Au printemps 1974, l’impresario et producteur Paul Lederman lui offre le théâtre La Bruyère pour y prolonger Thérèse est triste, mais c’est un fiasco. Il devient alors son propre impresario, Claude Martinez devenant son associé. Dans le même temps, Coluche joue pour la première fois des sketchs en solo, sur la scène du Vrai Chic parisien, puis au Café de la Gare.

C’est dans ce spectacle qu’apparaissent sa célèbre salopette OshKosh à rayures bleues des fermiers américains, son tee-shirt jaune, ses brodequins citron et son nez peint en rouge. Il y met en scène ses personnages favoris, des beaufs grossiers, incapables de s’exprimer correctement, haineux. Le 10 mars 1974, il signe le contrat d’un premier disque : l’album des Adieux.

Comme humoriste, Coluche apparaît pour la première fois en solo à la télévision le , dans une émission de variétés diffusée le soir de l’élection présidentielle et présentée par Jean-Claude Brialy. Les variétés sont régulièrement interrompues par les interventions politiques. Coluche interprète L’Histoire d’un mec, juste avant l’allocution du perdant de l’élection présidentielle, François Mitterrand, en retard.

Du 15 février au , il se produit en vedette à L’Olympia, avec le spectacle Mes adieux au music-hall. En 1975, il est en tournée à travers la France, lorsque toutes les radios diffusent son pastiche du jeu télévisé de Guy Lux, le Schmilblick. Dans ce sketch apparaît un futur personnage célèbre de l’humoriste : Papy Mougeot.

En 1976, il remonte la pièce Ginette Lacaze à l’Élysée Montmartre avec les comédiens du Splendid, auxquels il a offert des mobylettes pour leurs déplacements entre deux scènes parisiennes ou les tournages.

Il réalise le film Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine (1977), dans lequel il campe le rôle principal, le roi Gros Pif. Ce film représente son unique expérience de réalisateur. À partir de cette période, il habite une petite maison dans le XIVème arrondissement de Paris, rue Gazan.

En plus de sa carrière de comique au théâtre, il joue à cette époque dans plusieurs comédies à succès au cinéma, dont L’Aile ou la Cuisse (1976) avec Louis de FunèsClaude Gensac et Marcel Dalio sous la direction de Claude Zidi, une production de Christian Fechner.

 

La radio

Du  au , il coanime avec Robert Willar et Gérard Lanvin assistés de Didier Jallier (dit « Jean-Jean »), l’émission sur Europe 1 (de 15h30-17h), On n’est pas là pour se faire engueuler dont le titre vient de la chanson de Boris Vian. Malgré l’adhésion du public, son ton provocateur le fait renvoyer. Il triomphe dans le même temps tous les soirs au Gymnase.

Engagé de nouveau, il passe en janvier 1980 à RMC (de 12 heures à 13 heures), le « directeur de la station, Michel Bassi, a seulement demandé que soit épargnée la famille princière, détentrice de 17 % des actions de la station »… Embauché pour trois mois, Coluche prend l’antenne par un : « Bonjour, nous sommes en direct du rocher aux putes », puis glisse un calembour sur la princesse Caroline de Monaco (« T’as vu Monte-Carlo ? Non, j’ai vu monter Caroline. ») avant d’être remercié une fois de plus, au bout de quinze jours pour « incompatibilité d’humeur ». Il part sans demander un seul centime, sauf pour l’équipe qui a travaillé pour lui ainsi que pour son copain Romain Goupil.

« Ils m’ont viré parce que je leur plaisais pas. C’est normal que je leur plaise pas avec le type de public qu’ils ont. J’voyais pas bien ce que les gens de Monte-Carlo pouvaient aimer en moi ! »

Après sa période d’interdiction d’antenne sur l’ensemble des radios et télévisions françaises, Coluche profite de la libéralisation de la bande FM. Il participe au lancement de la station RFM fondée par le journaliste Patrick Meyer, en juin 1981. Alors que sa concurrente NRJ n’existe pas encore, cette station, qui a de gros moyens de diffusion, dérange le pouvoir et va être brouillée durant plusieurs années à partir du , soit un total de quatre cent vingt-trois jours. Coluche se maintient à l’antenne durant trois mois, du 25 octobre au 10 décembre 1981. À l’issue de cette période, il proteste publiquement contre ce brouillage, déguisé en père Noël, en se rendant le  au ministère de la Communication, remettant au ministre Georges Fillioud une pétition de six cent mille personnes en soutien à RFM.

 

La politique et les déboires

Élection présidentielle

Le , Coluche organise une conférence de presse où il annonce son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 1981, avec des slogans tels que « Avant moi, la France était coupée en deux. Maintenant elle sera pliée en quatre » ou encore « Coluche, le seul candidat qui n’a pas de raison de mentir ».

Certains y voient une blague, pourtant un sondage le crédite de 16 % d’intentions de vote et il est soutenu par des intellectuels tels que Pierre Bourdieu, Félix Guattari et Gilles Deleuze. Cette candidature inquiète les équipes de campagne des principaux candidats « de tous bords » comme le déclare l’humoriste lui-même quelques années plus tard. Parmi ceux-là, François Mitterrand y voit une menace potentielle ; il charge deux responsables du Parti socialiste, Jean Glavany et Gérard Colé (voire Jacques Pilhan) de dissuader Coluche de maintenir sa candidature.

À la suite des pressions et de l’assassinat de son régisseur René Gorlin, Coluche annonce qu’il se retire, le . Après l’élection de François Mitterrand, il animera régulièrement en soirée et pendant trois mois, à partir d’octobre 1981, une émission de radio d’une heure : « L’humour continue pendant les travaux », sur la station locale parisienne RFM créée et dirigée par Patrick Meyer.

 

Période noire

Son divorce est prononcé le 3 décembre 1981. Lors d’une édition spéciale, il pose en photo pour le magazine satirique Hara-kiri avec une carabine 22 Long Rifle qu’il offre ensuite à son meilleur ami, Patrick Dewaere. Durant cette période d’errance, il vit en Guadeloupe à Deshaies sur Basse-Terre, à 40 km de Pointe à Pitre où il s’adonne à sa passion : fabriquer des chaussures. Il invite Elsa, l’épouse de Patrick Dewaere, à le rejoindre sur l’île. Celle-ci quitte alors son mari pour rejoindre Coluche. Le , Patrick Dewaere, profondément meurtri après le départ de sa compagne et de sa fille Lola, se suicide en se tirant une balle dans la tête avec la carabine que Coluche lui a offerte.

Durant la même période, Coluche doit tourner, sur l’insistance de Bertrand Blier, le film La Femme de mon pote (1983) avec Patrick Dewaere et Miou-Miou. L’histoire s’inspire sensiblement de faits réels et de l’intimité qui unit ces trois acteurs. Après le suicide de Patrick Dewaere, Miou-Miou refuse d’assumer le premier rôle féminin du film de Bertrand Blier. Le climat doux-amer du film que Coluche tourne finalement en compagnie d’Isabelle Huppert et de Thierry Lhermitte, laisse transparaître un certain changement dans le style de jeu de Coluche, préfigurant le rôle dramatique de Tchao Pantin (1983).

Coluche sombre de plus en plus dans la dépression, l’alcool et la drogue.

Cette période s’achèvera avec la mort de son autre ami, le dessinateur Jean-Marc Reiser.

 

Retour sur le devant de la scène

Tchao Pantin et les Enfoirés

En tant qu’acteur, la consécration vient avec le film Tchao Pantin (1983) de Claude Berri dans lequel il joue le rôle dramatique d’un pompiste meurtri par un passé douloureux, confronté à l’alcool et à la drogue, pas si différent de la vie que mène alors Coluche lui-même. Il obtient le César du meilleur acteur en 1984.

Avant ce succès, d’autres interprétations lui assurent la notoriété auprès d’un large public : Il joue le rôle de « Ben Hur Marcel » dans la comédie satirique de Jean Yanne Deux Heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982) avec Michel Serrault. Il joue également dans le film Banzaï (1983) marquant sa troisième collaboration avec Claude Zidi. Ensuite, il tient le rôle principal de La Vengeance du serpent à plumes (1984) de Gérard Oury, puis le réalisateur italien Dino Risi lui offre son deuxième rôle dramatique qui sera sa dernière apparition au cinéma dans Le Fou de guerre (1985).

Au-delà de son métier d’humoriste, Coluche veut incarner un agitateur d’idées. Durant les années 1980, il participe plusieurs fois à l’émission débat de Michel Polac, Droit de réponse, dont celle du , qui lui est entièrement consacrée et durant laquelle il mime son propre suicide par arme à feu, à la suite de l’accueil hostile qui lui est fait par certains invités de l’émission.

Après plusieurs années d’errance entre l’élection de Mitterrand (le 10 mai 1981) et les premières années du septennat (au 15 septembre 1984), Coluche tente de revenir à une certaine stabilité et revient habiter son domicile parisien, le 16 septembre 1984, dans sa maison rue Gazan. Ayant été témoin des évènements populaires comme la marche des beurs et « Convergence 84 », il participe le 15 octobre 1984 avec Harlem Désir, à la création de SOS Racisme.

En mars 1985, il s’engage également durant quatre mois, contre la famine en Éthiopie en interprétant avec d’autres artistes, la chanson SOS Éthiopie organisée par l’association Chanteurs sans frontières avec des chanteurs français célèbres des années 1980 (Daniel Balavoine, Jean-Jacques Goldman…).

Le , il participe et co-anime avec Guy Bedos, le concert de SOS Racisme de la place de la Concorde. De plus, il organise un gigantesque canular le , relayé par les médias français, le mariage de Coluche et de Thierry Le Luron, « pour le meilleur et pour le rire », parodiant le très coûteux et médiatique mariage d’Yves Mourousi.

Comme beau-frère de René Metge, ayant retrouvé la santé et la forme, passionné pour les sports automobiles, il saisit l’occasion de s’engager sur le Paris-Dakar. Quelques mois plus tard, il bat le record du monde à moto de vitesse du kilomètre lancé sur piste, le , atteignant 252,087 km/h sur le circuit de Nardò, au guidon de la Yamaha 750 OW 31 avec laquelle Patrick Pons est devenu champion du monde de Formule 750 en 1979. Il prévoit alors de tenter à nouveau cette compétition pour améliorer son propre record du monde mais c’était sans compter son accident mortel quelques mois plus tard.

En s’engageant à rester fidèle à la ponctualité de ses rendez-vous, il entame son retour à la radio. Du 8 juillet 1985 au 19 mars 1986 (de 11 heures à 12 h 30 en juillet et de 16 h 30 à 18 heures à partir du mois d’août), il anime l’émission Y’en aura pour tout le monde sur Europe 1 avec Maryse ainsi que Coluche 1 faux sur Canal+. En parallèle, un projet se dessine alors pour lui, celui des Restaurants du cœur.

Le , il conçoit et lance le projet des Restos du Cœur sur Europe 1 en déclarant : « J’ai une petite idée comme ça, si des fois y a des marques qui m’entendent, je ferai un peu de pub tous les jours. Si y a des gens qui sont intéressés pour parrainer une cantine gratuite qu’on pourrait commencer par faire à Paris ». La première campagne se déroule du 14 décembre 1985 avec l’ouverture du premier resto, jusqu’au 21 mars 1986, jour de la fermeture annuelle.

Pour préparer son nouveau spectacle (prévu pour la rentrée de septembre au Zénith de Paris), il s’établit dans les Alpes-Maritimes à proximité de la Côte d’Azur (Châteauneuf-Grasse, près d’Opio). Il enregistre des maquettes abouties de plusieurs sketches sur une cassette audio (Les Hommes PolitiquesLes JournalistesL’AdministrationLes Sportifs…) qu’il fait parvenir à son producteur, Paul Lederman. Ce spectacle devait en principe durer 40 jours (à partir 23 septembre). Il doit y interpréter un chômeur déguisé en Zorro. Sur l’affiche, est imprimé « Le nouveau spectacle de Coluche au Zénith », dont transcrit : « Y en aura pour tout le monde ». Une partie de ces sketches sera éditée ultérieurement ; on entend distinctement que les rires en fond ne sont pas ceux d’une grande salle à laquelle Coluche est alors habitué. Vingt ans après les faits, Fred Romano, sa compagne d’alors, déclare dans un entretien que certains de ces enregistrements auraient disparu durant les semaines qui ont suivi l’accident.

Au cinéma, Coluche (qui n’a plus tourné depuis 1984 son dernier film, Le Fou de guerre, est sorti en 1985), est attendu aux auditions du film de Jean-Pierre Mocky, Le Miraculé Paul Lederman a obtenu l’accord par écrit de Coluche pour y participer, où doit également se présenter Michel Blanc. Finalement, le film Le Miraculé sortira en 1987, mais avec Michel Serrault et Jean Poiret, Michel Blanc étant finalement retenu pour le tournage du film Tenue de soirée (1986) de Bertand Blier, auquel Coluche ne participera pas non plus.

En 1984, Coluche participe à la sélection pour le film Jean de Florette de Claude Berri, pressenti pour incarner le personnage d’Ugolin, il tourne des essais avec Yves Montand (qui lui joue le Papet), il n’est pas retenu, Claude Berri recherchant un personnage plus singulier, qui finalement sera interprété par Daniel Auteuil. Cela lui permet toutefois de faire davantage connaissance avec Montand, que Coluche n’a jusqu’à présent rencontré que brièvement, lors d’émissions enregistrées à la télévision. Les deux hommes s’apprécient, et Coluche apprend qu’Yves Montand est d’origine italienne et d’un milieu modeste, tout comme lui. Les deux hommes ont aussi la scène en commun. Lorsque Coluche n’est pas pris pour le film, Yves Montand trouve des mots réconfortants pour son nouvel ami, contribuant même sans doute à lui redonner l’envie de refaire de la scène, et d’écrire un nouveau spectacle. Cette rencontre est très importante pour Coluche, car Yves Montand participera à l’aventure des Restaurants du Cœur et ouvrira de grandes portes au projet de Coluche, en le rapprochant des hommes politiques influents d’alors et surtout, lui ouvrant plus ou moins les portes de la Présidence de la République, en lui donnant l’occasion de rencontrer François Mitterrand en 1985.

 

Décès

Le , Coluche quitte Cannes à 16 h 15 pour rentrer à Opio sur une moto (Moto Honda 1100 VFC), accompagné de deux de ses amis. Sur la départementale 3 entre Valbonne et Châteauneuf-Grasse, alors que les trois motards s’apprêtent à croiser un semi-remorque benne venant en sens inverse, ce dernier, chargé de gravats provenant de la gendarmerie de Grasse, effectue un virage sec à gauche, en vue de traverser la route et entrer dans une décharge. Les deux autres motards ont le temps de freiner, mais Coluche, qui ne porte pas de casque, ne peut éviter la collision : sa tête heurte l’avant-droit du véhicule de 38 tonnes, et il est tué sur le coup, sur les alentours de 16 h 30.

L’enquête établit que, contrairement aux premières déclarations du chauffeur du camion, répercutées par la presse, l’humoriste ne roule pas à grande vitesse : sur cette route où la vitesse maximale autorisée est de 90 km/h, sa moto circule à 60 km/h. L’enquête est menée par la gendarmerie et dirigée par le juge d’instruction Jean-Paul Renard ; leur conclusion valide l’hypothèse de l’accident. Toutefois le chauffeur Albert Ardisson, de par son rôle et les contradictions que l’enquête a soulevé dans ses déclarations, est au centre de plusieurs théories du complot qui se développent ensuite au tour de l’hypothèse de l’assassinat (commandité par l’État, l’industrie agro-alimentaire…) ; Ardisson fait une dépression et refuse toute autre interview depuis lors. Un ouvrage, publié en 2006, Coluche, l’accident, de Jean Depussé et Antoine Casubolo décrit les conditions dans lesquelles l’intervention de la gendarmerie locale et l’enquête policière ont été menées en 1986, mettant en relief certains éléments, sans pouvoir toutefois trancher entre les hypothèses évoquées, faute de preuves.

Coluche est inhumé le mardi  à 10 h 30, au cimetière de Montrouge, dans le 14ème arrondissement parisien, près de la porte d’Orléans. De nombreuses personnalités de l’industrie du spectacle sont présentes à son enterrement. La cérémonie funéraire est célébrée par l’abbé Pierre, lequel déclare alors : « Si vous entendez quelqu’un dire qu’il ne respectait rien, dites-leur que ce n’est pas vrai ! Je suis témoin. »

À une centaine de mètres de l’accident, à hauteur du carrefour du Piol, entre Opio et Valbonne, un lieu de recueillement est aménagé et fait l’objet d’un rassemblement annuel de motards, au mois de juin. À côté se trouve une stèle, régulièrement fleurie par des riverains et visiteurs. Le carrefour du Piol a été rebaptisé « rond-point Coluche » le .

La bataille autour de l’héritage de Coluche commence dès sa mort, ses deux fils Marius et Romain Colucci (qui ont d’abord refusé la succession, « à cause des dettes colossales », puis ont accepté l’héritage au début des années 1990) étant en conflit ouvert avec Paul Lederman, l’imprésario-producteur de l’humoriste. Cette bataille prend une dimension juridique quand Marius et Romain assignent la société de production de Paul Lederman en justice, d’abord au civil en 1998, puis au pénal en 2009. Le conflit porte sur les redevances des droits d’auteur attachés à l’exploitation des enregistrements phonographiques de Coluche, son ex-femme Véronique Kantor ayant reçu la totalité de ces redevances pour la période de leur mariage et ayant cédé ces droits en 1988 à Lederman moyennant une contrepartie financière.

 

Travail humanitaire

Célèbre comme humoriste, il est également connu comme le fondateur des Restos du Cœur. Issu d’un milieu défavorisé (« Je ne suis pas un nouveau riche, je suis un ancien pauvre »), il a pris conscience de grosses défaillances en France, pour l’entraide envers les plus démunis ; cette association étant conçue pour provisoirement pallier les carences. Cependant, l’histoire de la misère sociale de la France a rendu son initiative pérenne. Il est également à l’origine d’une loi dite « Loi Coluche », votée en 1988. Cette loi permet à un particulier ou à une entreprise qui souhaite faire un don à certains organismes d’aide aux personnes en difficulté, de déduire, dans une certaine limite, 75 % de la somme donnée de ses impôts.

Sa célèbre salopette bleue et blanche qu’il arbore depuis le début de sa carrière d’humoriste, provient du mouvement Emmaüs. Devenu célèbre, il « renvoie l’ascenseur » à l’association humanitaire, en remettant à son fondateur, l’abbé Pierre, un chèque d’un montant élevé, solde des dons réunis pour les Restos du cœur.

Source: Wikipédia

 

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Photo de Coluche.

Bande annonce L'aile ou la cuisse

Acteur, Réalisateur, Producteur, Comique

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