Jean Yanne, de son vrai nom Jean Gouyé (deuxième prénom Roger), né le aux Lilas et mort le à Morsains, est un acteur, humoriste, écrivain, réalisateur, chanteur, producteur et compositeur français.
Son grand-père vient à Paris en arrivant de Bretagne, plus exactement de Liffré en Ille-et-Vilaine.
Les Gouyé, Gouyet, Gouyer sont à l’origine une famille de sabotiers qui, au XVIIIème siècle, habitaient dans la forêt de Mayenne. À l’origine, gouyé veut dire “petite mare”.
Jean Gouyé est le deuxième garçon d’André Gouyé, ouvrier-lithographe avant la Seconde Guerre mondiale, puis ébéniste auprès de son frère en 1945. Sa mère, Aimée Bonabeaux est couturière chez des grands-couturiers, notamment chez Jeanne Lanvin.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, la famille de Jean Yanne est expédiée par son père à Celles-sur-Belle. Il y séjourne jusqu’en 1943, car son père est prisonnier en Allemagne et détenu dans un camp de travail. Ensuite, Jean Yanne effectue ses études aux Lilas dans l’enseignement primaire catholique, puis au collège. Il est renvoyé en sixième du lycée Turgot en 1945, et rejoint le lycée Chaptal où il obtient le Brevet d’études du premier cycle du second degré (BEPC). Il décide alors de ne pas poursuivre ses études, et commence un apprentissage d’ébénisterie chez son oncle, qu’il quitte rapidement, car ce dernier n’a pas les moyens de le rémunérer.
Il commence des études de journalisme au Centre de formation des journalistes (CFJ) de Paris à la rentrée 1950, où il reste cinq mois. Contrairement à ce que prétendent beaucoup de sources, il n’appartient pas à la promotion de Philippe Bouvard qui a intégré le CFJ en 1948. Ses condisciples du CFJ se souviennent de ses talents d’amuseur et de provocateur, avec lesquels il mettait en révolution cet établissement. Il est pigiste dans plusieurs journaux : L’Aurore, Paris-Presse, L’Écho de la Mode, L’Humanité-Dimanche. Il couvre aussi une série de reportages pour Time-Life, et s’occupe de la rubrique Le coin du dragueur dans le journal Dragueur de mines.
Il abandonne progressivement le journalisme pour écrire des sketches de cabaret à la suite des conseils de Bob du Pac. Ils débutent ensemble dans un petit cabaret : l’Académie des Vins. Roger-Jean Gouyé devient alors pour la scène Jean Yanne, référence aux origines bretonnes de sa famille car son nom est trop souvent transformé en Couillé.
En 1957, Jean Yanne pour les textes et Siné pour les dessins, animent une revue anticléricale J’y va-t-y j’y Vatican puis Ça fait des bulles.
Il commence une carrière de journaliste au Dauphiné libéré, puis d’animateur à la radio au début des années 1960. Joueur d’orgue (toute sa vie il en possèdera un) et de piano, il se lance également dans la chanson, comme compositeur et chansonnier, dans des émissions comiques avec Jacques Martin, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, notamment un disque de rock sous le nom de Johnny ‘Rock’ Feller et ses ‘Rock’ Child, avec des titres comme J’aime pas le rock, Le rock coco, Saint- Rock, en 1961 ; également des parodies comme celles des Élucubrations d’Antoine, écrites avec Jacques Martin : Les Émancipations d’Alphonse, Les Revendications d’Albert, Les Pérégrinations d’Anselme, et Les Préoccupations d’Antime (1966). Toujours à la recherche de son style, il écrira dans l’hebdomadaire L’Os à Moelle, brièvement repris par Pierre Dac en 1965. Ces textes furent rassemblés dans un recueil paru peu avant sa mort.
Avec Jacques Martin, il apparaît dans une émission de télévision, 1 = 3, très caustique pour son temps, qui est arrêtée après cinq numéros car elle déplaît fortement au ministère de l’Information (il y interprète son fameux dialogue sur Ben Hur). Mais, passant à 20 h 30 sur l’unique chaîne de l’époque, les deux compères sont immédiatement connus de la France entière.
Sa carrière prend le tournant du cinéma dans La Vie à l’envers (1964) d’Alain Jessua. Il tournera dans des dizaines de films, en multipliant les seconds et premiers rôles. Il incarnait, avec une gouaille très parisienne et un humour grinçant, une figure de Français moyen, râleur, vachard, égoïste et roublard, mais avec un grand cœur.
Une confusion du public entre l’acteur et les rôles que celui-ci incarne ne sert pas son image, au début. Sa manière de plaisanter, agressive, débraillée, versant du vitriol sur des plaies ouvertes, tenant la compassion pour obscénité, choque un peu la France de l’époque. Il est de ce fait renvoyé de la radio; son film Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972) en parle de façon romancée.
Puis, il joue dans Week-End (1967) de Jean-Luc Godard, puis se révèle véritablement dans Que la bête meure (1969) de Claude Chabrol, où il incarne un homme intelligent, mais d’une absence de sensibilité qui le rend brutal. Il enchaîne avec Le Boucher (1970) de Claude Chabrol, où il se retrouve en inquiétant commerçant, amoureux et assassin. En 1969, il écrit également une BD avec Tito Topin au dessin : La langouste ne passera pas, publiée chez Casterman. Avec Maurice Pialat, il tourne Nous ne vieillirons pas ensemble (1972), où il incarne à nouveau son personnage d’insensible, et pour lequel il obtient le prix d’interprétation au festival de Cannes en 1972, récompense qu’il n’ira pas chercher.
Voulant changer de registre et préférant se tourner vers la comédie et l’humour satirique, il tourne ses premiers films à partir de 1972, dans lesquels il veut donner toute sa mesure à son esprit caustique, anticonformiste, parodique et parfois à la limite du délire.
Avec son compagnon d’écriture Gérard Sire, il brocarde la radio, qu’il connaît bien, dans le film Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil en 1972, la politique avec Moi y’en a vouloir des sous en 1973 et Les Chinois à Paris en 1974, le monde du spectacle avec Chobizenesse en 1975, et celui de la télévision avec Je te tiens, tu me tiens par la barbichette en 1978.
Les Chinois à Paris (1974) et plus encore Chobizenesse (1975) lui valent l’attention des producteurs américains en raison des sujets traités, moins exclusivement français que dans les deux films précédents, notamment le recours aux danses et ballets.
Il réalise ensuite une parodie de péplum, Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982), avec Coluche et Michel Serrault, qui remporte un gros succès public, puis, de nouveau, une charge contre le monde politique avec Liberté, égalité, choucroute (1985).
Pour ce fils d’ouvrier fin lettré (il est également conseiller international en achat d’œuvres d’art), l’art n’est qu’un attrape-gogos. Il lance sur RTL : « quand j’entends le mot culture, j’ouvre mon transistor » (parodie de l’aphorisme célèbre de Hanns Johst, homme de théâtre allemand dans la pièce Schlageter : « Quand j’entends parler de culture, je sors mon révolver »).
Jean Yanne oscille entre deux faces d’un même personnage :
Il s’expatrie, en 1979, pour raisons financières, à Los Angeles (Californie), mais revient régulièrement en France, pour se ressourcer dans sa propriété de Morsains, petit village d’une centaine d’habitants en Champagne, entre Montmirail et Esternay ; pour apparaître dans des émissions de radio, comme sa chronique matinale sur RTL et aussi pour tourner au cinéma et à la télévision, la plupart de ses derniers rôles ressemblant à ceux de ses débuts, mettant en scène des personnages râleurs et individualistes, mais au grand cœur.
Il joue le rôle du milicien Murat dans Papy fait de la résistance (1983) avec Christian Clavier, Michel Galabru, Roland Giraud et réalisé par Jean-Marie Poiré.
Il est l’un des sociétaires des Grosses Têtes, l’émission de Philippe Bouvard sur la station de radio française RTL, aux côtés de ses amis Jacques Martin et Olivier de Kersauson, se livrant à d’hilarants numéros d’improvisation. Il rejoint l’émission de Laurent Ruquier On va s’gêner sur Europe 1 en 2000.
Côté audiovisuel, il est également le créateur, avec Jacques Antoine, de Je compte sur toi !, jeu diffusé sur La Cinq. Présenté par Olivier Lejeune, le programme a créé une polémique, à l’époque de sa diffusion car, lors de l’épreuve finale, les candidats devaient compter des centaines de véritables billets de banque pendant qu’ils étaient déstabilisés par de nombreux éléments perturbateurs. Si le compte des billets est bon, la somme est gagnée. Cet étalage d’argent en choque beaucoup, qui considèrent cela comme vulgaire et choquant. Pourtant, cette émission ne fait que parodier les codes existants des jeux télés (femmes-objets sur le plateau, étalage de cadeaux de luxe pour appâter le candidat…). De 1987 à 1990, il est invité à plusieurs reprises de l’émission culinaire Quand c’est bon ?… Il n’y a pas meilleur ! diffusée sur France 3 et animée par François Roboth.
Jean Yanne est aussi l’auteur du célèbre slogan il est interdit d’interdire, qu’il prononça par dérision, lors d’une de ses émissions radiophoniques du dimanche au printemps 1968, et qu’il fut tout surpris d’entendre repris ensuite « au premier degré ».
Longtemps considéré comme un simple amuseur, Jean Yanne prend, avec le temps, la dimension d’un critique des travers et des ridicules de son époque.
Jean Yanne présente également une facette peu connue du grand public, celle d’un scénariste et dialoguiste de bande dessinée, en tandem avec le dessinateur Tito Topin. À leur actif, une série intitulée les Dossiers du B.I.D.E., parmi lesquels le premier volume, La langouste ne passera pas (Casterman, 1969), initialement publié en feuilleton dans les colonnes de l’hebdomadaire Télé 7 Jours, suivi par l’album Voyage au centre de la c…ulture.
BD loufoques, aux multiples ingrédients “années soixante” (couleurs et rondeurs, références à Nixon et Mao), empruntant au vocabulaire de la pub et de la politique (“aïoli déviationniste”) et de la sexualité (“mayonnaise en pilule”).
Il épouse, le 19 mars 1960, Jacqueline Renée Guellerin Allard. En 1971, il quitte régulièrement le plateau du tournage de Nous ne vieillirons pas ensemble pour l’accompagner dans la maladie malgré leur séparation. Jacqueline meurt en 1972 des suites d’un cancer du poumon.
De sa liaison avec Sophie Garel, il a un fils Thomas né en 1970.
On lui connaît une longue liaison avec Nicole Calfan puis, à partir de 1976, avec Mimi Coutelier.
En 1990, il rencontre Christianne Fugger von Babenhausen, fille d’un aristocrate allemand et d’une brahmane indienne. En 1991, ils ont un fils, Jean-Christophe. Christianne meurt en 2009.
Il meurt le 23 mai 2003 d’une crise cardiaque dans sa propriété de Morsains et est inhumé au cimetière des Lilas (Seine-Saint-Denis).
Nom du film
Evaluations
Comédie, Guerre