Mathieu Amalric est un acteur, scénariste, producteur et réalisateur français, né le à Neuilly-sur-Seine.
Comédien éclectique dans ses choix, allant du cinéma d’auteur français aux grosses productions américaines, il est récompensé par le César du meilleur espoir masculin en 1997 pour Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) (1996) d’Arnaud Desplechin, puis deux fois le César du meilleur acteur : en 2005 pour Rois et Reine (2004) d’Arnaud Desplechin et en 2008 pour Le Scaphandre et le Papillon (2007) de Julian Schnabel.
Comme réalisateur son activité première car il considère être devenu « acteur par accident » il reçoit également le prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2010 pour Tournée (2010) ainsi que le prix Louis-Delluc et le prix Jean-Vigo en 2017 pour Barbara (2017).
Mathieu Amalric est le fils de Jacques Amalric (1938-2021), correspondant à l’étranger du journal Le Monde, éditorialiste à Libération, et de Nicole Zand (née en 1933), critique littéraire au Monde, dont la mère était issue d’une famille juive polonaise de Cracovie. Il passe quelques années à Washington où son père est correspondant de 1970 à 1973, puis à Moscou de 1973 à 1977, avant de revenir faire sa scolarité secondaire à Paris, au lycée Charlemagne.
Il a eu deux enfants avec Jeanne Balibar dont il s’est séparé au début des années 2000. Il a été le compagnon durant une dizaine d’années de la metteuse en scène Stéphanie Cléau rencontrée en 2005 lors de leur travail commun sur la pièce Les Variations Darwin, avec laquelle il a eu un enfant en 2007. Depuis 2015, il est le compagnon de la soprano et cheffe d’orchestre Barbara Hannigan sur laquelle il a réalisé plusieurs documentaires.
Après un passage en classes préparatoires littéraires, Mathieu Amalric échoue en 1985 au concours de l’Idhec, mais rencontre Marcelo Novais Teles qui sera à ses côtés pour l’écriture et le mûrissement de nombreux projets de réalisation. Il s’investit dans la réalisation de courts-métrages (notamment avec sa compagne d’alors, l’actrice Nathalie Boutefeu, rencontrée à seize ans et avec laquelle il a vécu durant sept ans), puis travaille sur différents tournages comme accessoiriste, cantinier, ou régisseur, ainsi que dans la société de production de Paulo Branco. Il apparaît comme acteur dans Les Favoris de la lune (1984) d’Otar Iosseliani. Il est stagiaire à la mise en scène sur Au revoir les enfants (1987) de Louis Malle.
Mathieu Amalric fait la connaissance d’Arnaud Desplechin au Festival Premiers Plans d’Angers, alors qu’il présente son court-métrage Sans rires (1990) et Desplechin son long-métrage La Vie des morts (1991). Avec ce dernier, il passe des essais infructueux pour le rôle principal de La Sentinelle (1992), mais y fera tout de même une apparition. Deux films sortis durant le premier semestre 1996 lancent réellement sa carrière : il est tout d’abord remarqué dans Le Journal du séducteur (1996) de Danièle Dubroux dans lequel il tient un second-premier rôle ; il interprète ensuite le rôle de Paul Dedalus dix jours avant le début du tournage Arnaud Desplechin ne savait pas s’il allait lui confier le rôle principal de Paul ou celui de Nathan, qui sera tenu par Emmanuel Salinger dans Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) (1996) d’Arnaud Desplechin qui confirme sa place d’acteur en devenir et pour lequel il reçoit le César du meilleur espoir masculin en 1997. Mathieu Amalric a déclaré à de multiples reprises que c’est Desplechin qui, grâce à ce film, « l’a inventé comme acteur ».
À la fin des années 1990, il s’impose comme l’un des jeunes acteurs les plus en vue du cinéma d’auteur, incarnant généralement des intellectuels fantasques, exubérants ou dépressifs avec deux premiers rôles marquants un dans Fin août, début septembre (1998) d’Olivier Assayas et Trois ponts sur la rivière (1999) de Jean-Claude Biette, tous deux au côté de Jeanne Balibar.
En 2005, il reçoit le César du meilleur acteur pour Rois et Reine (2004), un film de son metteur en scène fétiche, Arnaud Desplechin, qui l’utilise comme Ingmar Bergman le faisait avec Erland Josephson.
Sa carrière internationale débute en 2005 avec un rôle secondaire sous la direction de Steven Spielberg dans le film Munich (2005) qui lui donne pour la première fois la possibilité de travailler dans un film étranger. En 2008, il obtient le second César du meilleur acteur de sa carrière pour son rôle de journaliste atteint du locked-in syndrome dans Le Scaphandre et le Papillon (2007) de Julian Schnabel. Il était absent de la cérémonie en raison du tournage du film de la série James Bond Quantum of Solace (2008), dans lequel il incarne l’homme d’affaires crapuleux Dominic Greene. Mathieu Amalric, qui s’est fait représenter lors de la soirée, a déploré que son discours de remerciements ait été en partie coupé, omettant un passage où il critiquait le rôle des multiplexes et le manque de plus en plus flagrant de subventions pour les salles d’art et d’essai.
L’année 2012 est principalement marquée par le tournage de Jimmy Picard (2013), le film américain d’Arnaud Desplechin qui le choisit pour la cinquième fois pour tenir un rôle dans ses films, dont quatre principaux, où il incarne l’ethnopsychiatre Georges Devereux. Début , alors qu’il continue l’adaptation du Rouge et le Noir, il est contacté par Roman Polanski pour remplacer au dernier moment Louis Garrel qui devait tenir le rôle principal du film La Vénus à la fourrure (2013). À l’issue de la sélection pour le 66ème Festival de Cannes, ces deux films, dans lesquels il a les rôles principaux, sont en compétition officielle pour la Palme d’or, situation particulièrement rare pour un acteur. La seconde partie de l’année 2014 est marquée par le tournage de deux films avec d’une part Trois souvenirs de ma jeunesse (2015) d’Arnaud Desplechin constituant une préquelle vingt après à Comment je me suis disputé… (1996) et d’autre part Belles Familles (2015) de Jean-Paul Rappeneau.
En , le festival de cinéma de Cork en Irlande lui consacre une rétrospective concernant à la fois sa carrière d’acteur et de réalisateur; le mois suivant, l’Académie de France à Rome lui donne une carte blanche. En septembre-octobre de la même année, c’est au tour de la Cinémathèque française de lui consacrer un cycle pour l’ensemble de sa carrière cinématographique.
Mathieu Amalric rejoint la distribution de la quatrième saison de la série Le Bureau des légendes (2018-2020) de Canal+ dans laquelle il tient le rôle de JJA, chef de la direction de la sécurité (DSEC) de la DGSE. L’année suivante il interprète le rôle central très remarqué de L’Agent immobilier (2020), la mini-série d’Arte réalisée par l’écrivain Etgar Keret et sa compagne la réalisatrice Shira Geffen, dans laquelle son interprétation pleine de « fantaisie » lui vaut d’être en couverture des Inrockuptibles pour son numéro hebdomadaire qui lui consacre un long entretien pour discuter de ses rôles à la télévision et de ses métiers d’acteur et de réalisateur au cinéma.
Il joue le rôle du conseiller pour les surendettés dans Une année difficile (2023) avec Pio Marmaï, Jonathan Cohen, Noémie Merlant et réalisé par Olivier Nakache et Éric Toledano.
Paradoxalement, Mathieu Amalric se considère principalement comme un réalisateur de cinéma. Ses premiers courts métrages sont réalisés de manière quasi-artisanale dans les années 1980, puis avec l’aide notamment du Groupe de recherches et d’essais cinématographiques (GREC) pour Sans rires (1990). Cette première œuvre notable est présentée quelques mois plus tard au 9ème festival « Tous courts » d’Aix-en-Provence où il obtient le Grand Prix du jury, ce qui constitue le tout premier prix cinématographique reçu par Mathieu Amalric, qui n’est pas encore réellement un acteur avant Le Journal du séducteur (1996) de Danièle Dubroux. Il est suivi deux ans plus tard par Les Yeux au plafond (1993). Il est l’année suivante l’auteur d’un premier film autobiographique Mange ta soupe (1997) puis du Stade de Wimbledon (2001) pour lequel il offre le rôle principal à Jeanne Balibar. En 2003, il présente La Chose publique à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes.
En 2004 il est membre du jury du 26ème Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand. À la surprise générale, il annonce en tant que porte-parole la décision unanime ne pas remettre le Grand prix de la Compétition française (le prix le plus important pour les films français dans ce festival) cette année-là, notamment à cause du « manque d’inventivité formelle » des films présentés et du danger « d’uniformisation de la culture ». Dans un entretien au journal L’Humanité il s’en explique, reprochant aux films sélectionnés d’avoir cherché à « simplifier le monde, au lieu de puiser, de chercher, de s’interroger sur la complexité de l’être humain », d’être sans inventivité ou fantaisie, et de se contenter de filmer leur scénario. Précisant sa vision de réalisateur, il considère alors qu’un film ne doit pas avoir de « fonction sociale » ou délivrer de message sans intentions et « surtout pas de bonnes intentions », un artiste devant principalement filmer pour le seul désir de filmer.
À partir de 2010, Mathieu Amalric décide de moins jouer en tant qu’acteur afin de mener à bien ses projets de réalisateur de film, carrière vers laquelle il se sent plus attiré depuis de nombreuses années. Il réalise alors son quatrième long métrage, Tournée (dont il joue également le personnage central), pour lequel il remporte le Prix de la mise en scène lors du Festival de Cannes. Ce film et la récompense obtenue auront un impact important auprès des producteurs qui le considèrent désormais comme un metteur en scène à part entière et plus seulement comme un acteur. Ainsi, la même année il répond à une commande de la Comédie-Française pour l’adaptation télévisée de L’Illusion comique (2010) de Corneille qu’il transpose dans une version contemporaine remarquée par la critique.
En tant qu’artiste invité, il intervient également à la Fémis et au Fresnoy (où, à l’invitation de Dominique Païni, il a notamment réalisé en 2011 une installation reconstituant l’appartement de sa professeur de piano à Moscou dans le cadre de l’exposition « Panorama»).
En , Mathieu Amalric annonce qu’il travaille au scénario d’une importante adaptation (cinéma et télévision en plusieurs épisodes) de Le Rouge et le Noir. Il continue durant cette période à accepter des rôles plus secondaires dans divers films à l’exception de Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des Plaines) d’Arnaud Desplechin et de La Vénus à la fourrure (2013) de Roman Polanski dont il intègre la distribution au dernier moment et au pied levé. Alors que le projet du Rouge et le Noir, du fait de l’ambition du film, en est toujours au stade de l’adaptation et de la préparation, le producteur Paulo Branco annonce que Mathieu Amalric va se lancer dans la réalisation d’un film dans l’intervalle avec l’adaptation du roman La Chambre bleue de Georges Simenon dont Branco et Amalric ont obtenu les droits. Le tournage de l’adaptation de ce roman noir sentimental, auquel Mathieu Amalric est depuis longtemps attaché, est entrepris en avec le réalisateur dans le rôle principal. Quelques mois plus tard, le film est retenu dans la sélection Un certain regard lors du Festival de Cannes 2014.
Arrivé à ce stade de sa carrière, Mathieu Amalric reçoit le commentaire élogieux du cinéaste et historien du cinéma Noël Simsolo dans son Dictionnaire de la Nouvelle Vague (2013) :
« L’héritier actuel de la Nouvelle Vague en France : c’est lui, comme acteur et réalisateur car son style de cinéaste, comme son jeu de comédie, privilégie cette attitude de la Nouvelle Vague où rigueur et liberté faisaient un mélange détonant».
— Dictionnaire de la Nouvelle Vague, Noël Simsolo
Renouant avec Jeanne Balibar, il lui confie le rôle de la chanteuse Barbara et se met en scène dans le film Barbara (2017) – présenté dans la section Un certain regard lors du Festival de Cannes 2017 qui vaut à l’actrice le César de la meilleure actrice en 2018 et au film huit nominations lors des César 2018 (dont celles du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario). Le film reçoit en 2017 le prix Louis-Delluc et le prix Jean-Vigo. De plus lors du tournage de ce film, les réalisateurs André S. Labarthe et Quentin Mével lui consacrent un numéro de leur série documentaire Cinéma de notre temps, série initiée par le premier en 1964 et qui sera son dernier film avant sa mort.
En 2019, Mathieu Amalric réalise son huitième long métrage, intitulé Serre moi fort (2021), en adaptant la pièce de théâtre Je reviens de loin de Claudine Galéa avec Vicky Krieps et Arieh Worthalter dans les rôles principaux, dont la sortie, en 2021, a été repoussée en raison de la crise de la Covid-19.
Récompense | Année | Catégorie | Film |
---|---|---|---|
Festival « Tous courts » d’Aix-en-Provence | 1991 | Grand Prix du court métrage | Sans rires |
Césars | 1997 | Meilleur espoir masculin | Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) |
2005 | Meilleur acteur | Rois et Reine | |
2008 | Le Scaphandre et le Papillon | ||
Prix Lumière | 2005 | Meilleur acteur | Rois et Reine |
2008 | Le Scaphandre et le Papillon | ||
Étoiles d’or du cinéma français | 2005 | Meilleur acteur | Rois et Reine |
2008 | Le Scaphandre et le Papillon | ||
Festival de Cannes | 2010 | Prix de la mise en scène | Tournée |
Prix FIPRESCI | |||
Prix du syndicat de la critique | Prix du film singulier francophone | ||
Festival international du film RiverRun | 2011 | Prix du meilleur acteur | |
Festival international du film sur l’art | 2011 | Prix de la création | Joann Sfar (dessins) |
Prix Jean-Vigo | 2017 | Prix du long métrage | Barbara |
Prix Louis-Delluc | Meilleur film |
Nomination | Année | Catégorie | Film / Pièce |
---|---|---|---|
Prix Louis-Delluc | 2002 | Meilleur film | Le Stade de Wimbledon |
National Society of Film Critics Awards | 2006 | Meilleur acteur dans un second rôle | Munich |
Prix Lumière | 2011 | Meilleur réalisateur | Tournée |
César du cinéma | 2011 | Meilleur réalisateur | Tournée |
Meilleur film | |||
Meilleur scénario | |||
2014 | Meilleur acteur | La Vénus à la fourrure | |
2015 | Meilleure adaptation | La Chambre bleue | |
2018 | Meilleur réalisateur | Barbara | |
Meilleur film | |||
Meilleur scénario | |||
2022 | Meilleure adaptation | Serre moi fort | |
Molières | 2019 | Molière du comédien dans un spectacle de théâtre public | La Collection |
Nom du film
Evaluations
Comédie