Isabelle Huppert est une actrice française, née le à Paris.
Collaboratrice fidèle de Claude Chabrol, Benoît Jacquot et Michael Haneke, Isabelle Huppert alterne indistinctement scène et écran, cinéma d’auteur et films grand public. Elle est l’une des actrices les plus prolifiques de l’Hexagone (deux ou trois films par an en moyenne) et l’une des rares interprètes françaises dont la filmographie est véritablement internationale : sa carrière exigeante et reconnue l’amène en effet à tourner aux États-Unis (sous la direction de Michael Cimino, de Hal Hartley, de Curtis Hanson, de David O. Russell ou encore d’Otto Preminger), en Italie (avec les frères Taviani, Mauro Bolognini, Marco Ferreri et Marco Bellocchio), en Russie (avec Igor Minaiev), en Europe centrale (avec l’Allemand Werner Schroeter, le Polonais Andrzej Wajda, la Suissesse Ursula Meier, la Hongroise Márta Mészáros ou le Serbe Aleksandar Petrović), et même sur le continent asiatique (avec le Coréen Hong Sang-soo, le Philippin Brillante Mendoza ou le Franco-Cambodgien Rithy Panh). Son parcours théâtral l’amène également à travailler sous la direction de metteurs en scène renommés comme Bob Wilson, Claude Régy, Krzysztof Warlikowski, Jacques Lassalle ou Luc Bondy et à interpréter des auteurs contemporains comme Yasmina Reza ou Florian Zeller.
Elle a reçu de très nombreux prix internationaux : deux Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes, deux Coupes Volpi de la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise, un Ours d’argent de la meilleure contribution artistique à la Berlinale, deux Prix du cinéma européen de la meilleure actrice ainsi qu’un Lola en Allemagne, un BAFTA au Royaume-Uni et un David di Donatello en Italie.
En France, elle est la comédienne la plus nommée aux Césars avec seize nominations. Elle remporte à deux reprises le César de la meilleure actrice, en 1996 pour La Cérémonie (1995) de Claude Chabrol et en 2017 pour Elle (2016) de Paul Verhoeven qui lui vaut par ailleurs un Golden Globe et une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice.
Née dans le 16ème arrondissement de Paris au sein d’une famille aisée et nombreuse, Isabelle Huppert est la fille de Raymond Huppert, industriel dirigeant une entreprise fabriquant des coffres-forts, et d’Annick Beau, professeur d’anglais et férue de piano. Elle passe sa jeunesse à Ville-d’Avray où elle reçoit une solide éducation dans le domaine des arts et de la culture. Elle est élevée dans le catholicisme, la religion de sa mère, alors que son père est d’origine juive. Elle a trois sœurs et un frère, également orientés vers la culture : Rémi est devenu écrivain tout en étant consultant en management et développement international, Élisabeth, énarque, qui s’est dirigée vers l’écriture, la peinture, la comédie et la réalisation ; Caroline aussi réalisatrice. Jacqueline, quant à elle, est sociologue et professeur d’économie à HEC, spécialisée dans les ressources humaines et la répartition du genre en entreprise.
Isabelle Huppert est la mère de trois enfants, de son union avec le réalisateur et distributeur Ronald Chammah qui l’a dirigée dans Milan noir en 1988 : l’actrice Lolita Chammah (née en 1983), Lorenzo (né en 1988) et Angelo (né en 1997).
Après des études secondaires au lycée de Saint-Cloud, Isabelle Huppert passe tout d’abord par le conservatoire de Versailles tout en étudiant le russe et d’autres langues slaves à l’INALCO, sans pour autant y préparer un diplôme. En parallèle, elle suit les cours d’art dramatique de l’École de la rue Blanche puis ceux du Conservatoire national supérieur d’art dramatique où elle a notamment pour professeurs Jean-Laurent Cochet et Antoine Vitez.
Sa connaissance de l’anglais, de l’italien et du russe lui ont permis de jouer :
Elle commence sa carrière au début des années 1970, tant au cinéma qu’à la télévision et au théâtre. Elle accumule de nombreux petits rôles, certains très discrets (Faustine et le Bel Été (1972) de Nina Companeez, Glissements progressifs du plaisir (1974) d’Alain Robbe-Grillet), d’autres qui frappent davantage le public ; en particulier ses rôles de jeune campeuse violée et assassinée par Jean Carmet dans Dupont Lajoie (1975) d’Yves Boisset, d’artiste brute dans Aloïse (1975) de Liliane de Kermadec et surtout celui, culte, de jeune fille rebelle en quête d’émancipation dans Les valseuses (1974) de Bertrand Blier. Repérée en particulier par la grande directrice de casting Margot Capelier, elle obtient progressivement des rôles plus importants : elle reçoit sa première nomination au césar grâce à Aloïse (1976), Otto Preminger la choisit pour Rosebud (1975), Bertrand Tavernier lui offre un rôle secondaire important aux côtés de Philippe Noiret dans Le Juge et l’Assassin (1976). La plupart de ces films rencontrent un grand succès.
Sa carrière prend véritablement son envol avec l’adaptation du roman de Pascal Lainé La Dentellière (1977) par le Suisse Claude Goretta, succès public qui lui vaut plusieurs distinctions internationales (BAFTA anglais et David di Donatello italien, équivalents des César). Elle y tient le rôle d’une jeune shampouineuse introvertie, victime d’une déception amoureuse qui fait basculer son existence. Cette image de victime et de fragilité maladive la poursuit dans plusieurs de ses films des débuts, au risque de l’enfermer dans des compositions quelque peu répétitives (Les Indiens sont encore loin (1977) de Patricia Moraz, Retour à la bien-aimée (1979) de Jean-François Adam, La Dame aux camélias (1981) de Mauro Bolognini, Les Ailes de la colombe (1981) de Benoît Jacquot). En même temps, elle contredit cette esquisse en donnant corps, devant la caméra de Claude Chabrol, au personnage-titre de Violette Nozière (1978), célèbre parricide des années 1930. C’est son premier « rôle-limite » qui la consacre star nationale et lui vaut le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1978. Ce registre, auquel elle vouera une redoutable fidélité, lui permet de rendre crédible la folie et les pulsions morbides de ses personnages sans verser dans l’hystérie.
Avec Aloïse (1975) et La Dentellière (1977), elle donne à voir un jeu distancié, dépouillé, rigoureux, qui se caractérise par des gammes nuancées et retenues : une partition singulière qui la distingue des autres étoiles montantes de l’époque, Miou-Miou, Nathalie Baye et Isabelle Adjani. La presse lui prêtera d’ailleurs par la suite une image d’actrice intellectuelle qu’elle réfute en partie. Elle garde ce style de jeu jusqu’au début des années 1980, et joue beaucoup sur l’ambiguïté de ses personnages : un physique de petite fille mais un attrait certain pour la sexualité.
Suite au prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1978, elle est demandée par une série de grands cinéastes : Maurice Pialat pour Loulou (1980), Jean-Luc Godard pour Sauve qui peut (la vie) (1980) et Passion (1982), Michael Cimino pour Heaven’s Gate (1980) gros échec au box office mais qui n’affecte pas la carrière de Huppert. Se dessine alors une tendance qui sera la sienne tout au long de sa carrière : une vraie rigueur dans le choix de ses films, parfois peu consensuels, avec des cinéastes exigeants, souvent apparentés au cinéma d’auteur et une envie de travailler aussi bien avec des réalisateurs français qu’étrangers, ainsi qu’avec des femmes (Patricia Moraz, Liliane de Kermadec, Márta Mészáros, Diane Kurys, Christine Pascal, Josiane Balasko). Elle partage, à cette époque, la vie de Daniel Toscan du Plantier, producteur à la Gaumont, qui lui monte des projets sur mesure avec des cinéastes reconnus comme Joseph Losey dans La Truite (1982), Mauro Bolognini dans La Dame aux camélias (1981), Michel Deville dans Eaux profondes (1981), Pialat dans Loulou (1980), Márta Mészáros dans Les Héritières (1980) et André Téchiné dans Les Sœurs Brontë (1979).
Bertrand Tavernier lui offre, avec Coup de torchon (1981), un rôle aux antipodes de ce qu’elle avait alors l’habitude de jouer : Isabelle Huppert y affirme alors un style de jeu plus extraverti, dynamique et comique, qu’elle gardera pour plusieurs films qu’elle tournera dans les années suivantes : La Femme de mon pote (1983) de Bertrand Blier, Sac de nœuds (1985) de Josiane Balasko et Signé Charlotte (1985) de Caroline Huppert. Les films de Tavernier et de Blier, ainsi que Coup de foudre (1983) de Diane Kurys sont des succès publics qui renforcent sa position dans le cinéma français.
Elle ne fait plus de théâtre durant les années 1978-1985.
Entre 1985 et 1988, elle connaît une relative traversée du désert en France où elle ne tourne aucun film. Elle part alors à l’étranger et tourne Cactus (1986) de Paul Cox en Australie et Faux témoin (1987) de Curtis Hanson aux États-Unis.
La période 1988-89 est un moment important d’abord parce qu’elle retrouve Claude Chabrol avec Une affaire de femmes (1988), dix ans après Violette Nozière (1978). Le film est un succès, et ouvre une ère de riche collaboration entre Huppert et Chabrol qui se retrouvent alors tous les deux ou trois ans pour un film. Leur duo devient une sorte de marque de fabrique et explore une série large de genres cinématographiques d’où point une évidente admiration mutuelle : la comédie Rien ne va plus (1977), le drame social La Cérémonie (1995) et historique Une affaire de femmes (1988), le film noir Merci pour le chocolat (2000) ou encore l’adaptation littéraire Madame Bovary (1991). Les films sont tous des succès (sauf peut être Rien ne va plus (1997) et permettent à Huppert de recevoir deux Coupes Volpi à Venise dans Une affaire de femmes (1988) et dans La Cérémonie (1995), et son premier César de la meilleure actrice en 1996 également pour La Cérémonie (1995).
En 1989, elle retourne au théâtre pour la pièce Un mois à la campagne de Tourgueniev dans une mise en scène de Bernard Murat. Cette pièce inaugure un nouveau rythme dans la carrière de Huppert, qui va maintenant revenir régulièrement sur les planches. Elle s’attaque à partir des années 1990 aux grands rôles (Jeanne d’Arc, Orlando, Marie Stuart, Médée, Hedda Gabler, Madame de Merteuil, Blanche DuBois, Araminte, Solange dans Les Bonnes, Phèdre) chez les grands auteurs tant classiques (Shakespeare, Schiller, Woolf, Euripide, Ibsen, Marivaux, Claudel, Tourgueniev) que modernes et contemporains (Sarah Kane, Yasmina Reza, Heiner Müller, Genet, Tennessee Williams) mis en scène par de grandes figures du théâtre français et étranger (de Robert Wilson à Claude Régy, de Peter Zadek à Howard Davies, en passant par Luc Bondy, Jacques Lassalle et Krzysztof Warlikowski). Elle joue souvent au théâtre de l’Odéon et n’hésite pas à participer aux tournées françaises et internationales des pièces.
Au cinéma, outre ses films avec Chabrol, elle commence une relation artistique avec Werner Schroeter (Malina en 1991, Deux en 2002), retrouve Benoît Jacquot à la fin des années 1990 pour entamer une riche collaboration (L’École de la chair (1998), Pas de scandale (1999), La Fausse Suivante (2000), tourne avec des cinéastes confirmés (Jacques Doillon, Diane Kurys, Claude Pinoteau, Raoul Ruiz) comme avec des nouveaux réalisateurs (Christian Vincent, Laurence Ferreira Barbosa, Patricia Mazuy, Olivier Assayas) tout en s’autorisant des escapades à l’étranger (Malina (1991), Amateur (1994) de Hal Hartley, L’Inondation (1994) d’Igor Minaev).
En 1994, elle préside la Commission d’avances sur recettes du CNC et devient rédactrice en chef des Cahiers du cinéma le temps d’un numéro, où elle discute notamment avec Jean Baudrillard, Nathalie Sarraute, Brian De Palma, Pedro Almodóvar et Antoinette Fouque (cf bibliographie). En 1995, sa performance dans La Cérémonie, de Claude Chabrol lui vaut le Meilleure actrice, après six nominations depuis les années 1980. En 1999, elle est présidente de la cérémonie des Césars.
Cette filmographie, qu’elle s’attache à développer patiemment, au gré des opportunités et des envies, lui vaut un grand respect. Déjà Jérôme Garcin écrivait en 1995 : « D’une juvénile curiosité, moins occupée à travailler sa légende que ses personnages successifs, ignorée par les paparazzi, oubliée des Césars, Isabelle la rousse se contente d’être comédienne. La meilleure au monde. La plus audacieuse. La plus obstinée. La moins prévisible. Une croisée moderne de Leopoldo Fregoli, prince italien de la métamorphose, et de la chétive Mlle Rachel, dont Alfred de Musset disait : « Sa voix est pénétrante. Elle ne déclame point, elle parle ».
Son compagnon, le metteur en scène Ronald Chammah, a fondé la société Les Films du Camélia. Cette société lui a permis de financer certains films dont elle tient le haut de l’affiche comme La Vie moderne (2000) de Laurence Ferreira-Barbosa, Comédie de l’innocence (2001) de Raoul Ruiz ou encore Ma mère (2004) de Christophe Honoré et même d’acheter les droits d’exploitation de Wanda (1970) de Barbara Loden, actrice et cinéaste qui fut l’une des épouses d’Elia Kazan, disparue prématurément d’un cancer en 1980. Grâce à son acharnement, cet unique film d’une artiste d’exception put ressortir en salles en 2003.
L’année suivante, Isabelle Huppert fait partie de la distribution prestigieuse de Huit femmes (2002) de François Ozon. Ce retour à la comédie ne doit pas faire oublier qu’elle n’a pas tourné que des films dits « dramatiques » mais aussi occasionnellement des comédies (Sac de nœuds (1985), Les Sœurs fâchées (2004) d’Alexandra Leclère, Mon pire cauchemar (2011) d’Anne Fontaine, Copacabana (2010) de Marc Fitoussi, Tip Top (2013) de Serge Bozon). Dans ses incursions comiques, elle prend plaisir à jouer des femmes antipathiques, frustrées et aigries au risque de n’être identifiée qu’à ce registre. Mais elle évite l’interprétation uniforme et rigide, soumettant chacune de ses compositions à une couleur singulière. Sa volonté de passer par différentes palettes d’émotions est palpable. Elle fait en effet appel à un répertoire de mimiques, de postures ou d’intonations contradictoires : d’une manifestation outrancière et tonitruante (l’hystérique et hypocondriaque tante Augustine des Huit femmes (2002) où elle se livre à un numéro de transformation, à la fois physique et scénique, resté dans les mémoires) à une forme expressive plus distanciée et intérieure à l’instar des Sœurs fâchées (2004) où elle campe une bourgeoise délaissée par son mari, malheureuse, frigide et envieuse du succès de sa sœur.
Le public l’identifie de plus en plus avec des personnages de bourgeoise citadine, pas forcément très sympathiques, qu’elle interprète beaucoup depuis sa réunion avec Benoît Jacquot et L’École de la chair (1998) et depuis La Pianiste (2001). Elle cherche pourtant à casser cette image à travers des films comme La Vie promise (2002) ou White Material (2009), Copacabana (2010), Tip Top (2013) et La Ritournelle (2014).
Huppert n’hésite pas à prendre des risques en tournant de plus en plus dans des premiers ou seconds films : Ma mère (2004) de Christophe Honoré, Les Sœurs fâchées (2004) d’Alexandra Leclère, Nue Propriété (2006) de Joachim Lafosse, Home (2008) d’Ursula Meier, My Little Princess (2011) d’Eva Ionesco, Souvenir (2016) de Bavo Defurne ; ou en participant à des productions à très petit budget, telles que Médée Miracle (2007) de Tonino De Bernardi ou In Another Country (2012) de Hong Sang-soo. Elle donne des interprétations remarquées dans Gabrielle (2005) de Patrice Chéreau, L’Ivresse du pouvoir (2006) de Claude Chabrol, Amour (2012) de Michael Haneke, Valley of Love (2015) de Guillaume Nicloux ou encore Elle (2016) de Paul Verhoeven.
Fait intéressant, dans la seconde moitié de la décennie 2000, elle tourne coup sur coup une série de films très proches les uns des autres : Nue Propriété (2006) de Lafosse, Home (2008) d’Ursula Meier, Un barrage contre le Pacifique (2008) de Rithy Panh et White Material (2009) de Claire Denis. Ils évoquent tous l’histoire d’une femme, mère, liée par un sentiment d’appartenance très fort à l’endroit où elle vit (une maison au bord d’une autoroute, une propriété en Afrique ou en Indochine) et l’influence que l’extérieur va avoir sur cette relation particulière.
Avec Christine Pascal et Isabelle Adjani, Huppert formait un trio complice. Elles ont été colocataires, un temps, dans leur jeunesse. Plus tard, Isabelle Huppert tiendra d’ailleurs le rôle-titre de La Garce (1984), réalisé par Christine Pascal, après avoir donné la réplique, quelques années plus tôt, à Isabelle Adjani dans Les Sœurs Brontë (1979) d’André Téchiné. D’après le livre d’Erwan Chuberre (La Légende Adjani), une rivalité amoureuse entre Adjani et Huppert, survenue sur le tournage des Sœurs Brontë (1979) au sujet de Bruno Nuytten, serait à l’origine de leur inimitié. Adjani explique, quant à elle, avoir mal vécu le fait d’être mise à l’écart de certains projets, au début des années 1980, en raison du producteur Daniel Toscan du Plantier, directeur de la Gaumont, qui aurait tenté d’imposer Isabelle Huppert, sa compagne d’alors, comme nouvelle grande vedette du cinéma français. Depuis leurs ascensions fulgurantes, lors des années 1970, la presse a souvent commenté leur rivalité. André Téchiné a reconnu que la relation très tendue entre les deux comédiennes a compliqué son travail sur le tournage des Sœurs Brontë.
Interrogée sur cette comparaison en 2009, Adjani a affirmé se placer, en tant que comédienne, dans une attitude d’empathie pour ses personnages, plus que ne le fait Huppert, en retrait et à distance. Néanmoins, cette dernière a répondu que le regard d’un film ne dépendait que du metteur en scène et qu’il lui semblait dangereux qu’un acteur idéalisât son rôle. On notera que Claude Chabrol désirait réaliser un film sur la vie de Camille Claudel et souhaitait offrir le rôle-titre à Isabelle Huppert, ce qui lui fut refusé par les héritiers de l’artiste. Finalement, ce fut Isabelle Adjani qui obtint l’autorisation de la famille Claudel pour jouer la sculptrice dans un film dont elle était coproductrice et qui fut réalisé par Bruno Nuytten, son ancien compagnon. À l’inverse, Adjani avait exprimé, dès 1980, le désir d’interpréter au cinéma Marguerite Gautier, l’héroïne du roman La Dame aux camélias (1981) d’Alexandre Dumas fils. Le projet ne vit jamais le jour, mais Isabelle Huppert fut choisie par le réalisateur italien Mauro Bolognini pour incarner ce rôle à l’écran. Adjani prêta finalement ses traits au personnage, dans une pièce de théâtre, mise en scène, en 2000, par Alfredo Arias. Huppert fut nommée au Molière de la meilleure comédienne en même temps qu’Adjani pour son interprétation de Médée dans la tragédie éponyme d’Euripide, mise en scène par Jacques Lassalle. Bien que les pronostics annonçaient une bataille entre les deux vedettes, Corinne Jaber remporta le trophée pour la pièce Une bête sur la lune. Les deux actrices, à quelques années d’intervalle, ont également interprété Marie Stuart sur les planches et ont toutes deux marqué la rentrée théâtrale de 2006.
Elle a inspiré le personnage d’Isa Fovix dans le roman Parades de Bernard Souviraa publié en 2008.
En 2009, elle est promue au rang d’officier de la légion d’honneur et le festival de Cannes annonce qu’elle succède à Sean Penn à la présidence du jury. Après avoir été membre du jury en 1984 sous la présidence de Dirk Bogarde, puis maîtresse de cérémonie en 1998, elle est présidente du jury de la 62ème édition qui s’est déroulé du 12 au . Elle y était entourée de 8 personnalités du cinéma et du monde des arts à savoir Asia Argento, Nuri Bilge Ceylan, Robin Wright, Hanif Kureishi, Shu Qi, Lee Chang-dong, James Gray et Sharmila Tagore. Son jury a attribué la Palme d’or au Ruban blanc (2009) de Michael Haneke, l’un de ses réalisateurs favoris. Au Festival de Cannes, Isabelle Huppert a présenté 20 films en sélection officielle (record absolu).
Nicole Kidman, en 2012, a dit qu’elle « aimait sa manière de se mettre constamment en danger » et qu’elle représentait, pour elle, un modèle à suivre pour ses choix futurs. Elle réitère ses propos admiratifs cinq ans plus tard, déclarant qu’Huppert avait « joué le rôle le plus époustouflant qu’elle connaisse » dans Elle (2016) et parlant d’elle comme de « quelqu’un d’extraordinaire qui a donné sa vie à son métier » et qui a « montré le chemin » aux autres comédiennes. À l’instar de Kidman, Jessica Chastain déclare qu’elle est, de très loin, son actrice préférée et qu’elle est même pour elle une « idole absolue ». De son côté, Julianne Moore parle d’elle comme d’une « actrice fabuleuse », qu’elle « admire profondément ».
Isabelle Huppert est en effet fréquemment citée en exemple, à l’international, pour son audace, son impressionnante filmographie et ses prises de risque : Naomi Watts avoue avoir vu La Pianiste (2001) uniquement pour elle et a ainsi pu découvrir le travail de Michael Haneke qui la dirige au côté de Tim Roth, dans Funny Games U.S. (2007). Abbas Kiarostami affirme avoir longtemps été hanté par son interprétation dans La Dentellière (1977). Volker Schlöndorff dit d’elle qu’elle est « une artiste qui n’a peur de rien ». Sean Penn lui fait part de son admiration lors d’une rencontre organisée par le magazine Première en 2009. James Gray dit être fasciné par les puissantes émotions que dégage son jeu. Natalie Portman confesse, quant à elle, s’être largement inspirée de sa prestation dans La Pianiste (2001) et de celle de Catherine Deneuve dans Répulsion (1965) pour préparer son rôle oscarisé de danseuse étoile sombrant dans la folie dans Black Swan (2011) de Darren Aronofsky. Alicia Vikander explique par ailleurs avoir voulu devenir actrice quand elle l’a vue dans La Pianiste (2001).
En 2014, elle succède au réalisateur américain Martin Scorsese à la présidence du jury des longs métrages au 14ème festival international du film de Marrakech, qui se déroule du 5 au .
En 2016, son interprétation de femme violée qui se lance à la poursuite de son agresseur dans Elle (2016) de Paul Verhoeven obtient des critiques massivement laudatives en Europe et aux États-Unis. Pressentie pour une récompense au Festival de Cannes 2017, le producteur Saïd Ben Saïd l’entoure de deux conseillers en image en vue des Oscars. Elle débute une longue tournée promotionnelle aux Etats-Unis. Elle reçoit, pour sa prestation, de nombreux prix décernés par les associations de la critique cinématographique américaine puis un Golden Globe, un second César, un Independant Spirit Award et une première nomination à l’Oscar de la meilleure actrice. Ce film, tout comme La Pianiste (2001), peut être vu comme la quintessence du jeu d’actrice d’Isabelle Huppert : une interprétation qui joue beaucoup sur le retrait, la réduction des expressions à d’infimes détails, les sous-entendus, un contour psychologique trouble ou indéfinissable, la subtilité d’un regard et d’un geste esquissé capables de rendre en un même mouvement des émotions contraires ou encore une certaine distance entre le personnage et les événements auxquels il est confronté.
Elle a atteint une stature unique dans le cinéma français contemporain, de monstre non sacré, c’est-à-dire de personnalité unanimement respectée par ses pairs, institutionnalisée aux yeux du public mais éloignée des suffrages populaires et exemptée des contraintes du vedettariat. Jean-Michel Frodon, dans les Cahiers du cinéma, dit d’elle : « Isabelle Huppert est une excellente actrice, elle a joué remarquablement dans plus de grands films qu’aucune autre actrice européenne ».
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
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1976 | Meilleure actrice dans un second rôle | Aloïse | Non |
1978 | Meilleure actrice | La Dentellière | Non |
1979 | Violette Nozière | Non | |
1981 | Loulou | Non | |
1982 | Coup de torchon | Non | |
1989 | Une affaire de femmes | Non | |
1995 | La Séparation | Non | |
1996 | La Cérémonie | Oui | |
1999 | L’École de la chair | Non | |
2001 | Saint-Cyr | Non | |
2002 | La Pianiste | Non | |
2003 | Huit Femmes | Non | |
2006 | Gabrielle | Non | |
2013 | Meilleure actrice dans un second rôle | Amour | Non |
2016 | Meilleure actrice | Valley of Love | Non |
2017 | Elle | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
---|---|---|---|
2017 | Meilleure actrice | Elle | Non |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
---|---|---|---|
2017 | Meilleure actrice dans un film dramatique | Elle | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
---|---|---|---|
2017 | Meilleure actrice | Elle | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
---|---|---|---|
1978 | Meilleur espoir féminin | La Dentellière | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
---|---|---|---|
1980 | Meilleure actrice étrangère | La Dentellière | Oui |
1989 | Meilleure actrice étrangère | Une affaire de femmes | Non |
2003 | prix spécial | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
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1978 | Prix d’interprétation féminine | Violette Nozière | Oui |
2001 | La Pianiste | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
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1988 | Meilleure actrice | Une affaire de femmes | Oui |
1995 | La Cérémonie | Oui | |
2005 | Lion d’or spécial | Gabrielle et l’ensemble de sa carrière | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
---|---|---|---|
2002 | Meilleure contribution artistique | Huit Femmes | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
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1991 | Meilleure actrice | Madame Bovary | Oui |
2008 | Prix Stanislavski | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
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2000 | Meilleure actrice | Merci pour le chocolat | Oui |
2008 | Grand Prix Spécial des Amériques | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
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1991 | Meilleure actrice | Malina | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
---|---|---|---|
1996 | Meilleure actrice | La Cérémonie | Oui |
2001 | Merci pour le chocolat | Oui | |
2006 | Gabrielle | Oui | |
2007 | L’Ivresse du pouvoir | Non | |
2016 | Valley of Love | Non | |
Prix Lumière d’honneur | Oui | ||
2017 | Meilleure actrice | Elle | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
---|---|---|---|
2003 | Meilleure actrice | Huit Femmes | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
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2017 | Meilleure actrice | Elle | Oui |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
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2001 | Meilleure actrice | La Pianiste | Oui |
2002 | Huit Femmes | Oui | |
Prix du public de la meilleure actrice | |||
2004 | Ma mère | Non | |
2009 | European Award d’honneur-Contribution européenne au cinéma mondial | Oui | |
2016 | Meilleure actrice | Elle | Non |
Année | Récompense | Film | Reçue ? |
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2017 | Léopard de la meilleure interprétation féminine | Madame Hyde | Oui |
Année | Festival | Prix | Reçue ? |
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1986 | Festival de Telluride | Médaillon d’argent | Oui |
2001 | NaturVision | European Actors Award | Oui |
2002 | Festival du film de Taormine | Taormina Arte Award | Oui |
2003 | Festival du film de Hambourg | Prix Douglas Sirk | Oui |
Festival de San Sebastian | Prix Donostia d’honneur | Oui | |
2007 | Art Film Fest | Actor’s Mission Award | Oui |
2008 | Camerimage | Prix Krzysztof Kieślowski | Oui |
2009 | Festival de Karlovy Vary | Globe de cristal de la contribution exceptionnelle au cinéma mondial | Oui |
Festival de Shanghai | Prix spécial de la contribution artistique | Oui | |
2011 | Festival de Locarno | Prix de l’excellence Moët&Chandon | Oui |
Festival international du film de Stockholm | Cheval de bronze d’honneur | Oui | |
Festival international du film de Flandre-Gand | Prix d’honneur Joseph Plateau | Oui | |
Festival d’Istanbul | Prix d’honneur | Oui | |
2012 | Festival de Marrakech | Prix d’honneur du Festival | Oui |
2013 | Festival international du film des frères Manaki | Caméra d’or 300 d’honneur | Oui |
2014 | Festival du film de Munich | Cinemerit Award | Oui |
2017 | Festival international du film d’Odessa | Du d’or pour l’ensemble de la carrière | Oui |
Année | Récompense | Pièce | Reçue ? |
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1989 | Molière de la comédienne | Un mois à la campagne | Non |
1994 | Orlando | Non | |
1995 | Non | ||
2001 | Médée | Non | |
2005 | Hedda Gabler | Non | |
2014 | Molière de la comédienne dans un spectacle de théâtre public | Les Fausses Confidences | Non |
2016 | Phèdre(s) | Non | |
2017 | Molière d’honneur | Oui |
Année | Récompense | Pièce | Reçue ? |
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2014 | Meilleure comédienne – choix des internautes | Les fausses confidences | Oui |
Année | Récompense | Pièce | Reçue ? |
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1993-1994 | Meilleure comédienne | Orlando | Oui |
Année | Récompense | Pièce | Reçue ? |
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2017 | Meilleure comédienne | Phèdre(s) | Non |
Nom du film
Evaluations
Comédie policère