Francis Ford Coppola est le fils de Carmine Coppola, originaire de Bernalda dans la région de Basilicate en Italie, le premier flûtiste de l’Orchestre symphonique de Détroit, et d’Italia Coppola, née Pennino, son épouse. Il est le cadet de leurs trois enfants. Deux ans après sa naissance, Carmine devient premier flûtiste de l’Orchestre symphonique de la NBC et emménage avec sa famille à Long Island. C’est là que le jeune Francis passe le reste de son enfance. Souffrant de poliomyélite, il passe une grande partie de sa jeunesse alité, ce qui favorise son imagination, avec l’improvisation, à la maison, de spectacles de marionnettes. En utilisant la caméra 8 mm de son père, il fait ses tout premiers films en amateur à l’âge de 10 ans. Après le lycée, il part étudier le théâtre à l’Université Hofstra. Il met en scène plusieurs spectacles d’étudiants, regrettant de n’être pas doué pour l’écriture dramatique. En assistant à une projection d’Octobre de Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein, il décide d’abandonner le théâtre pour le cinéma. Il s’inscrit à la MFA en réalisation de l’école UCLA Film School où il rencontre Jim Morrison dont la musique, comme d’autres morceaux emblématiques de l’époque, sera plus tard intégrée à la bande originale de son célèbre film Apocalypse Now (1979).
Au début des années 1960, il commence sa carrière en faisant des films à petit budget sous la houlette de Roger Corman, puis en étant crédité du scénario de quelques grosses productions internationales comme Paris brûle-t-il ? de René Clément. Sa première œuvre notable, comme réalisateur, remonte à l’ère de ses collaborations avec Corman : Dementia 13. Après son diplôme de fin d’études obtenu grâce à la réalisation de Big Boy, Coppola se voit offrir les rênes de l’adaptation cinématographique de la comédie musicale de Broadway Finian’s Rainbow, mettant en vedette Petula Clark dans son premier film américain au côté du vétéran Fred Astaire.
Le producteur Jack Warner, rendu perplexe par l’allure hirsute du cinéaste, le laisse livré à lui-même et limite le budget de production. Coppola emmène sa distribution à Napa Valley pour tourner les séquences d’extérieur. Ces scènes tranchent radicalement avec les attentes des studios hollywoodiens. Traiter un genre démodé comme la comédie musicale est d’une grande complexité pour l’époque, juste avant l’effondrement des grands studios et l’avènement des auteurs indépendants qui constituent le Nouvel Hollywood dont Coppola est la tête de proue. Le résultat est une semi-réussite, mais le travail de Coppola avec Clark contribue sans doute à crédibiliser l’incursion de la chanteuse dans le monde du cinéma. Durant cette période, Coppola habite temporairement avec son épouse et sa famille à Mandeville Canyon à Brentwood (Californie).
En 1969, il fonde avec son ami George Lucas les studios American Zoetrope, basés à San Francisco. Le studio produit alors le THX 1138 de ce même Lucas, dont l’échec ruine les ambitions de Coppola. Contraint d’accepter une commande de studio, il réalise Le Parrain d’après le roman éponyme Le Parrain de Mario Puzo. Le gigantesque succès de cette superproduction dont la cheville ouvrière est le producteur Robert Evans, ramène le cinéaste à l’indépendance et ressuscite ses rêves de conquête d’Hollywood.
En 1971, Coppola gagne un Oscar pour le scénario de Patton, film biographique sur le Général George Patton, réalisé par Franklin J. Schaffner. Cependant, sa réputation de grand cinéaste n’est reconnue qu’après avoir coécrit le scénario et réalisé les deux premiers volets de la grande saga sur la mafia italo-américaine: Le Parrain (1972) et Le Parrain – 2ème partie (1974). Les deux œuvres sont récompensées par l’Oscar du meilleur film, devenant ainsi les premiers, et pour l’instant encore les seuls films à suite à en être les détenteurs. Le Parrain – 2ème partie lui vaut également l’Oscar du meilleur réalisateur perdu pour l’opus précédent et ravi au favori Roman Polanski, en lice avec Chinatown.
Entre les deux Parrain, Coppola prend le temps d’écrire et de mettre en scène un film d’espionnage au style plus personnel: Conversation secrète qui conte l’histoire d’un couple dont l’homme est soupçonné d’être impliqué dans un meurtre et qui est mis sur écoute par un expert en surveillance joué par Gene Hackman. Le film, sorti en salles en 1974, marque largement son époque puisqu’il est contemporain de l’affaire du Watergate. Conversation secrète se voit nommé dans la catégorie « Meilleur film » aux Oscars en 1975, ce qui fait de Coppola le premier cinéaste et l’un des deux seuls (avec Steven Soderbergh, 26 ans plus tard) à avoir réalisé deux films concourant dans cette catégorie la même année. Juste avant que Le Parrain – 2ème partie ne triomphe à la cérémonie des Oscars en raflant six statuettes et doublant le record du premier volet, Conversation secrète obtient la Palme d’or au Festival de Cannes 1974.
Pendant cette période il écrit le scénario de l’infructueux succès critique et commercial Gatsby le Magnifique d’après le roman éponyme de F. Scott Fitzgerald, mettant en vedette Mia Farrow et Robert Redford. Aussi, Coppola investit-il à ce moment-là dans le City Magazine de San Francisco dont il s’autoproclame rédacteur en chef, engageant un tout nouveau personnel, y compris la fille d’un criminel : l’écrivain Susan Berman, fille de David Berman. Bien qu’acclamée dans le milieu de la presse, l’affaire périclite rapidement. Le dernier numéro est publié en 1976.
Après ces échecs, Coppola goûte à l’autre plus gros succès critique et public de sa carrière avec Apocalypse Now (1979). Il travaille durant cinq ans pour rédiger une première version satisfaisante du scénario avec John Milius. Coppola souhaite depuis longtemps transposer en pleine guerre du Viêt Nam l’intrigue du récit Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, situé dans l’État indépendant du Congo de la fin du xixème siècle. Plusieurs tentatives d’adaptation du livre ont été avortées dont celle d’Orson Welles. À l’origine, George Lucas est pressenti pour mettre en scène le film. Cependant, celui-ci préfère s’atteler à la réalisation de La Guerre des étoiles et souhaite retarder le tournage d’« Apo ». Coppola décide, sans l’en avertir, de le réaliser ce qui brouille les deux amis durant plusieurs années. Le film fait l’objet d’une production démentielle au cœur de la jungle des Philippines et engloutit plus de 30 millions de dollars d’un budget initialement fixé à 16 millions, s’étalant sur 18 mois de tournage et nécessitant l’impression de plusieurs dizaines de kilomètres de pellicule.
Le dictateur Marcos accorde son soutien à la production, prêtant ses hélicoptères et ses avions de chasse destinés à la traque des rebelles. Les appareils sont visibles dans la célèbre séquence du bombardement d’un village sur l’air de la Chevauchée des Walkyries de l’opéra Die Walküre de Richard Wagner. À la base, le rôle de Willard est attribué à Harvey Keitel avec lequel Coppola commence le tournage. Mais à la suite de plusieurs différends, Keitel est remercié au profit de Martin Sheen. Les catastrophes s’enchaînent sur le plateau : un typhon ravage le décor, Sheen est victime d’une crise cardiaque et Marlon Brando, qui avait promis de perdre du poids, débarque sur le tournage obèse, sous la dépendance de stupéfiants et en ayant à peine lu le script. La star ignore totalement son texte. Effrayé à l’idée de devoir interrompre son travail, Coppola dissimule l’état de santé de son acteur principal aux producteurs3. Il fait d’ailleurs venir son frère des États-Unis durant sa convalescence afin d’en faire une doublure pour des plans de dos. Il décide aussi de filmer Brando dans la pénombre et en fait un personnage à la limite du visible. À la fin de l’année 1976, Coppola fait un premier retour aux États-Unis avec des centaines d’heures d’images qui s’avèrent être totalement inutilisables.
Dépassé et happé par la démesure de son entreprise et la mission démiurgique de son ouvrage, Coppola se drogue et est sujet à des crises mystiques, s’identifiant aux causes des tribus locales. Il perd 40 kilos, sombre pratiquement dans la folie et tente de mettre fin à ses jours. Devenu mégalomane, irascible et paranoïaque, il remodèle chaque semaine l’équipe de tournage au gré de son humeur. À cette époque, il s’adonne à des dépenses somptuaires et engloutit près de 150 000 dollars par jour pour assouvir ses lubies, se faisant livrer des centaines de steaks congelés des États-Unis, du champagne et plusieurs produits de luxe. Il réclame aussi la construction d’une piscine derrière la propriété qu’il loue. À bout de force, l’équipe organise plusieurs révoltes et mutineries à l’encontre du metteur en scène. Quand Coppola boucle finalement le tournage et rentre définitivement aux États-Unis, il est accompagné de 250 heures d’images.
Alors que le calvaire du tournage est terminé, la production se retrouve avec des centaines d’heures d’images à traiter et aucune des premières versions du film ne convient au réalisateur. L’équipe du montage est mise à rude épreuve et Coppola reste vague quant à la vision parfaite de son film. Le chef-monteur, Dennis Jakob, perd presque la raison et menace de brûler les kilomètres de bandes. Le montage « Work-In-Progress » d’Apocalypse Now est finalement prêt pour 1978. Il est à peu près semblable à celui de la version « Redux », à l’exception de la scène dans la plantation française où le héros connaît une brève histoire avec une fille d’anciens colons d’Indochine qu’interprète Aurore Clément. D’autres séquences, encore jamais vues à ce jour, montrent Willard coucher avec une playmate qui lui tire des cartes de tarot. L’aventure du tournage fait l’objet en 1991 d’un documentaire, Au cœur des ténèbres, réalisé par Fax Bahr et George Hickenlooper. Il intègre de nombreuses séquences et images d’archives tournées à l’époque par Eleanor Coppola. Après trois ans de préparation, le film sort en salles en 1979. Cette odyssée dans l’horreur guerrière et le trip mystique, d’une puissance visuelle hypnotique, inégalée dans l’œuvre du cinéaste, vaut à ce dernier une seconde Palme d’or cannoise, partagée avec l’Allemand Volker Schlöndorff pour Le Tambour, autre grande adaptation littéraire.
Même si la production avec Lucas d’œuvres de cinéastes tels qu’Akira Kurosawa pour Kagemusha, l’ombre du guerriers’avère lucrative, Coppola doit faire face à de nouveaux revers financiers qui compromettent sa carrière. Son film Coup de cœur en 1982 est à l’époque le budget de production le plus important de l’histoire du cinéma ce qui n’empêche pas le cinéaste de le produire intégralement via sa société American Zoetrope. Le film est un désastre commercial tel que Coppola se retrouve ruiné.
Pour éponger ses dettes, il accepte de réaliser coup sur coup Outsiders en 1983 et Rusty James en 1984. Malgré l’engouement de la critique américaine et internationale, ces deux films ne rencontrent pas le succès escompté.
En 1984, Coppola accepte de travailler en tant que scénariste sur Cotton Club, un projet initié par Robert Evans, producteur du premier Parrain, qui envisage de le mettre en scène. Finalement, Evans y renonce et propose la réalisation à Coppola qui y voit l’occasion de redorer son blason et renflouer sa fortune personnelle. Mais, entre la pression imposée par Evans qu’il souhaite interdire de présence sur le plateau et les dépassements de budget colossaux, Coppola connaît un nouvel échec commercial qui achève ses ambitions artistiques.
Criblé de dettes, il est contraint d’accepter des films de commande tels que Captain Eo avec Michael Jackson, réalisé en 3D pour les parcs d’attraction Disney, ou un des sketchs du film New York Stories, coécrit avec sa fille Sofia.
Durant cette période, il réussit néanmoins à faire de certains films de commande, des œuvres plus personnelles comme Peggy Sue s’est mariée (1986), Jardins de pierre (1987) et Tucker (1988) que produit son ami et ancien protégé George Lucas, qui, lui, réussit là où Coppola échoue : faire fructifier, à travers un marketing agressif et un merchandising efficace, le triomphe commercial de son film culte (Star Wars) afin de fonder un empire financier sur lequel il règne en maître et grâce auquel il produit et réalise les films qu’il souhaite, en toute indépendance vis-à-vis des majors hollywoodiennes.
Sous la pression de la Paramount, Coppola accepte d’écrire et réaliser une troisième et ultime suite du Parrain en 1990 qui, pour certains critiques, est le film de trop de la saga Corleone. Le film est un semi-échec commercial et Coppola est contraint d’accepter d’autres commandes des grands studios. Il signe notamment Dracula en 1992 pour la Columbia, puis Jack en 1996 pour Hollywood Pictures (filiale de la Walt Disney Company) et enfin L’Idéaliste en 1997 pour la Paramount, accueillis par la critique avec une indifférence polie. Il est dans le même temps président du jury du 49e festival de Cannes.
Si le succès public de Dracula lui permet un temps de relever sa situation financière, il ne parvient toutefois pas à retrouver le pouvoir et l’influence des débuts. À quelques exceptions près comme le Frankenstein de Kenneth Brannagh en 1994 ou Sleepy Hollow de Tim Burton en 1999, son activité de producteur se limite principalement à financer les films de sa fille Sofia, à l’instar de son premier film : Virgin Suicides (1999).
Il cède par ailleurs l’administration et le management d’American Zoetrope à ses deux enfants : Roman et Sofia.
En 2001, il sort la version redux de son chef-d’œuvre Apocalypse Now dans un montage remanié présentant des séquences inédites, coupées en 1979.
Il continue à produire les films de sa fille : Lost in Translation (2003) ou Marie-Antoinette (2006), mais également le premier de son fils Roman : CQ (2001).
Dix ans après L’Idéaliste, il revient à la réalisation, en 2007, avec L’Homme sans âge, inspiré de la nouvelle Jeunesse sans jeunesse de Mircea Eliade. Ce retour n’est pas un succès : le film n’attire pas un public suffisant et est globalement rejeté par la critique. Il obtient 30 % au « tomatomètre » sur Rotten Tomatoes (en dessous de 60 %, le film est considéré comme « pourri ») et n’engrange que 2 380 362 dollars de recettes mondiales.
En 2009, sort Tetro qui est plutôt bien accueilli par la critique et les spectateurs et obtient 71 % au « tomatomètre » sur Rotten Tomatoes. Dans ce film, tourné majoritairement en noir et blanc, il livre des éléments très autobiographiques à travers le personnage incarné par Vincent Gallo. Le film se déroule en Argentine où il a été tourné en partie en langue espagnole.
Il est le président d’honneur du 37ème festival du cinéma américain de Deauville en septembre 2011. La même année, il réalise Twixt, un film d’horreur avec Val Kilmer et Elle Fanning. Le film n’est projeté que dans quelques festivals comme Toronto et Turin, avant de sortir dans quelques pays en 2012. L’accueil critique, notamment en France, est très enthousiaste.
Le 6 mai 2015, il reçoit le prix Princesse des Asturies 2015.
En décembre 2015 il est président du jury du 15ème festival international du film de Marrakech, succédant ainsi à Isabelle Huppert.
Si les thèmes explorés sont vastes, on retrouve, chez Coppola, certains motifs répétés d’un film à l’autre : l’homme confronté à la perversion du pouvoir politique ou mafieux, la violence, l’expiation, la rédemption, la catharsis, la désagrégation de la cellule familiale, la jeunesse désœuvrée, la mort et la folie. On remarque également une certaine obsession pour le temps, montré sous de multiples travestissements : retrouvailles avec une adolescence révolue afin d’évincer les erreurs futures (Peggy Sue s’est mariée), éternité douloureuse d’une âme en quête de l’amour perdu (Dracula), thème littéraire de la jeunesse éternelle (L’Homme sans âge) ou encore transcription scénarisée de la propre vie du metteur en scène, passée et présente (Tetro). Coppola est de plus très influencé par l’opéra dont s’inspirent largement ses scénarios et ses mises en scène. La scène finale du Parrain 3, qui se déroule à l’opéra de Palerme, en est un exemple notable.
On note deux grandes périodes dans l’œuvre de Coppola. Dans la première partie de sa carrière, il réalise des films à grand spectacle très coûteux, à la démesure assumée. Il passe alors du film de gangsters fastueux, épique et tragique, épousant la structure d’un roman-feuilleton (la trilogie du Parrain, Cotton Club) à une forme de trip mystique, baroque et dantesque (Apocalypse Now). Apocalypse Now témoigne justement d’un style grandiloquent, caractéristique de la première époque Coppola : expérimentations sonores, montage sophistiqué, surimpressions, travellings vertigineux, plans contemplatifs, bande originale saturée, décors et éclairages stylisés (aplats ocre, lumières en faisceau, violents clairs-obscurs etc.), effets fantastiques (vapeurs enveloppantes, brumes colorées…). On retrouve cette envergure esthétique dans certaines réalisations tardives, notamment Bram Stoker’s Dracula même si Coppola développe déjà à partir des années 1980, grâce à des films comme Peggy Sue s’est mariée et Rusty James, une tonalité plus personnelle, représentative de la seconde partie de sa carrière.
Dans une deuxième période assez récente (à partir de L’Homme sans âge), le réalisateur réduit peu à peu les dépenses de ses films, et donc leur grande ambition même s’il n’abandonne pas certaines recherches plastiques (mélange du noir et blanc et de la couleur, incrustations numériques…). Ce cheminement l’amène à Tetro, au style sobre et intimiste, puis à Twixt où il repart à zéro et réalise à la fois un film d’étudiant qui ne se prend pas au sérieux, une plongée singulière dans l’atelier de son art poétique (le fantastique, la série B, la réinterprétation de légendes, l’hommage à Edgar Allan Poe…) puis une lamentation personnelle qu’exprime son alter ego : le personnage d’écrivain à la dérive incarné par Val Kilmer qui tente d’écrire pour fuir le souvenir de sa fille décédée (Coppola a connu ce malheur dans sa vie privée : il a perdu son fils Gian-Carlo dans un accident de speedboat en 1986). Le cinéaste a affirmé qu’après ce film, il se redirigerait vers la grosse production ambitieuse, avec sans doute une approche plus mûre et moins ostentatoire.
Personnage fantasque, mégalomane et démesuré, on le surnomme parfois à juste titre « le Napoléon du cinéma ». D’ailleurs, Coppola revendique ce rapprochement : il n’a jamais caché sa fascination pour le Napoléon d’Abel Gance, classique du cinéma datant de 1927 que sa société American Zoetrope a restauré et montré dans une nouvelle version en 1981, accompagnée d’une musique composée par Carmine Coppola, le père de Francis. Doté d’un orgueil monstrueux que n’ont pas atténué les échecs, Coppola ne laisse jamais indifférent, il se montre volubile, arrogant, extraverti, doté d’une remarquable capacité à enfoncer les portes qu’on ferme devant lui. Il est typique des « auteurs-tyrans » qui considèrent les autres comme des pions pour mener à bien leur propre ambition démiurgique. Apocalypse Now est certainement le film qui a transcendé cette nature pour devenir un chef-d’œuvre cinématographique sur la folie, la guerre, la nature sauvage et l’impérialisme.
Coppola a souvent travaillé avec des membres de sa famille. Il fait jouer ses deux fils dans Le Parrain dans une scène de combat de rue et dans les funérailles de Don Corleone. Sa sœur, Talia Shire, joue Connie Corleone dans la trilogie et sa fille Sofia Coppola incarne un rôle important dans la troisième partie. Son père Carmine Coppola a coécrit plusieurs musiques de ses films. Ses fils, Roman Coppola et Gian-Carlo Coppola incarnent dans une séquence coupée de Apocalypse now (visible dans la version Redux) deux des enfants de la Famille de colons français restés dans leurs plantation après la perte de L’Indochine par la France. Romane y récite même un poème de Charles Baudelaire, “l’Albatros”.