Alain Delon, né le à Sceaux, est un acteur et homme d’affaires français. Il a aussi été producteur et a réalisé deux films.
Acteur parmi les plus populaires du cinéma français, il a attiré dans les salles plus de 135 millions de spectateurs, s’établissant ainsi comme un champion du box-office au même titre que Louis de Funès et Jean-Paul Belmondo à la même époque. Ayant joué aux côtés de grands acteurs tels que Jean Gabin, Simone Signoret, Romy Schneider ou Lino Ventura, il a vu un grand nombre de ses films devenir des classiques du cinéma français, comme Plein Soleil (1960), Rocco et ses frères (1960), L’Éclipse (1962), Le Guépard (1963), Mélodie en sous-sol (1963), La Tulipe noire (1964), Le Samouraï (1967), La Piscine (1969), Le Clan des Siciliens (1969), Borsalino (1970), Monsieur Klein (1976) ou Notre histoire (1984).
La longueur et le prestige de sa carrière, commencée à l’âge de 22 ans, suscitent le respect et l’admiration de nombre de cinéastes contemporains comme Johnnie To, Quentin Tarantino ou Sofia Coppola. Bien qu’il n’ait pas réussi à s’imposer à Hollywood, Alain Delon dispose d’une renommée internationale; outre l’Europe (en particulier l’Italie), il a également connu un grand succès en Asie, où il a développé des activités entrepreneuriales.
En 1985, il obtient le César du meilleur acteur pour Notre histoire.
Alain Fabien Maurice Marcel Delon naît le à Sceaux, dans le département de la Seine (actuellement les Hauts-de-Seine). Fils de Fabien Delon (1904-1977), directeur d’un petit cinéma de quartier, Le Régina, et d’Édith Arnold (1911-1995), préparatrice en pharmacie. Les Delon sont originaires de Saint-Vincent-Lespinasse, en Tarn-et-Garonne. Sa généalogie remonte à Jean Delon, né au xvème siècle. L’arrière-grand-père paternel d’Alain Delon, Fabien Delon (Saint-Vincent-Lespinasse, – Figeac (Lot), ), décoré de la Légion d’honneur en 1892, était Ingénieur des ponts et chaussées. Sa grand-mère paternelle, Marie-Antoinette Evangelista, était corse originaire de la commune de Prunelli-di-Fiumorbo, elle avait épousé son grand-père Jean-Marcel Delon alors percepteur dans cette commune. La légende familiale dit la famille Evangelista apparentée aux Bonaparte.
En 1939, Alain Delon a quatre ans lorsque ses parents divorcent. Il est alors confié à une famille d’accueil, dont le père est gardien de prison à Fresnes, ce qui lui permet d’affirmer qu’il a assisté à l’exécution de Pierre Laval dans la cour. Il est placé ensuite dans la pension catholique de Saint-Nicolas d’Igny (dans l’Essonne) où il passe toute sa jeunesse avec un de ses meilleurs amis, Gérard Salomé. Il se fait renvoyer six fois des écoles qu’il fréquente. Sa mère qui a épousé en secondes noces Paul Boulogne, un commerçant boucher-charcutier de Bourg-la-Reine, lui ménage une place dans le domicile familial. Alain passe un CAP de boucherie et travaille à la charcuterie de son beau-père qui compte seize employés.
À 14 ans, il a l’occasion de tourner dans Le Rapt, un court-métrage réalisé par le père de l’un de ses amis. Au même âge, il fait une fugue dans le but d’aller vivre à Chicago mais il est arrêté à Bordeaux.
À dix-sept ans, devançant l’appel sous les drapeaux, il effectue son service militaire dans la Marine Nationale. Après un passage au Centre de formation maritime de Pont-Réan, il poursuit son service militaire en 1953 à l’École des transmissions des Bormettes. Après avoir été pris pour un vol de matériel de prison, la Marine Nationale lui laisse le choix entre quitter la marine ou prolonger son engagement de trois à cinq ans. Matelot de 1re classe, il est alors affecté à la compagnie de protection de Saïgon, sous les ordres du commandant Constant Colmay. Vers la fin de la guerre d’Indochine, il est mis aux arrêts pour avoir volé une jeep et fait une virée au cours de laquelle le véhicule tombe dans un arroyo. Son brevet de radio lui est retiré et il est exclu de la marine.
De retour à Paris en 1956 où il fait la connaissance de la future Dalida avec qui il aura ensuite une liaison, il enchaîne les petits métiers, notamment comme débardeur aux Halles et serveur dans un café près des Champs Élysées. A Montmartre, il côtoie le monde de la pègre et des gigolos, dont l’un, selon Bernard Violet, un « homosexuel nommé Carlos », assurera sa protection. Sa rencontre amoureuse avec Brigitte Auber au Club Saint-Germain l’éloigne de cet univers et va changer son parcours. Dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, il se fait remarquer par Jean-Claude Brialy qui l’invite au Festival de Cannes, où son physique et sa gueule d’ange ne passent pas inaperçus. Il fait un bout d’essai concluant et aborde ainsi le milieu du cinéma, sans formation particulière de comédien.
Michèle Cordoue, dont il est l’amant, convainc son mari, le réalisateur Yves Allégret, de l’engager pour tourner son premier film Quand la femme s’en mêle (1957). Il y joue un petit rôle aux côtés de la star Edwige Feuillère. Alain Delon raconte : « Je ne savais rien faire. Allégret m’a regardé comme ça et il m’a dit : “Écoute-moi bien, Alain. Parle comme tu me parles. Regarde comme tu me regardes. Écoute comme tu m’écoutes. Ne joue pas, vis”. Ça a tout changé. Si Yves Allégret ne m’avait pas dit ça, je n’aurais pas eu cette carrière ». Il apparaît ensuite dans la comédie Sois belle et tais-toi (1958) de Marc Allégret, où il côtoie Mylène Demongeot, Henri Vidal, ainsi qu’un autre jeune acteur, tout comme lui débutant : Jean-Paul Belmondo.
Il rencontre Romy Schneider sur le tournage du film Christine (1958), réalisé par Pierre Gaspard-Huit, avec son ami Jean-Claude Brialy et Micheline Presle. Le coup de foudre est réciproque. Il a vingt-trois ans, elle en a vingt ; les « fiancés de l’Europe » se fiancent, le 22 mars 1959, sur le lac de Lugano dans la maison des parents Schneider, sous les feux de la presse. Ils incarnent la beauté, la jeunesse, le succès et deviennent un couple célébré par le show-business et le public.
Après Christine (1958), où il tenait son premier rôle important, Delon rencontre son premier succès dans Faibles Femmes (1959) de Michel Boisrond, où il retrouve Mylène Demongeot et partage également l’affiche avec d’autres jeunes premières, Pascale Petit et Jacqueline Sassard. Dans Le Chemin des écoliers (1959), d’après Marcel Aymé, il joue le fils du personnage interprété par Bourvil.
Son modèle est alors Jean Gabin.
L’acteur s’éloigne des compositions légères de ses débuts. De fait, ni la comédie anarchiste de René Clément, Quelle joie de vivre (1961), ni le sketch de Le Diable et les Dix Commandements (1962)réalisé par le vétéran Julien Duvivier (où il séduit Danielle Darrieux), pas plus que Les Amours célèbres (1961) ne figurent parmi ses films marquants. Il joue aux côtés de Monica Vitti dans L’Éclipse (1962) de Michelangelo Antonioni, film qui obtient le Prix Spécial du Jury du Festival de Cannes.
Il joue le rôle de Tancrède dans Le Guépard (1963) de Luchino Visconti, en compagnie de Claudia Cardinale et de Burt Lancaster ; le film obtient la Palme d’or au festival de Cannes, et restera comme un de ses plus grands rôles, achevant de faire d’Alain Delon un acteur majeur du grand cinéma européen. La même année il tourne, sous la direction de Henri Verneuil, Mélodie en sous-sol (1963), récompensé par le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère. C’est lors du tournage de ce classique du genre policier que Delon rencontre Jean Gabin. Cette série de films est considérée comme une suite de chefs-d’œuvre. Alain Delon s’impose également en héros de film d’aventures dans La Tulipe noire (1964), de Christian-Jaque, avec Virna Lisi.
Dans la foulée du Guépard (1963), Delon s’essaie au théâtre sous la direction de Visconti, dans une pièce de l’élisabéthain John Ford, Dommage qu’elle soit une p…, donnant la réplique à Romy Schneider et Daniel Sorano.
Il s’essaie à la production, dans le registre du film d’auteur engagé, avec L’Insoumis (1964) d’Alain Cavalier aux côtés de Georges Géret et Lea Massari. La même année, le 13 août, peu de temps après sa rupture avec Romy Schneider (leur liaison durait depuis cinq ans), il épouse l’actrice Nathalie Canovas alias Barthélémy, dont il attend un enfant. Anthony naît le 30 septembre suivant, à Hollywood, où l’acteur a signé un contrat de longue durée car il veut y faire carrière. Déçu par la qualité des films, il résilie son contrat.
Sa carrière s’internationalise. Il travaille au Royaume-Uni pour un sketch de La Rolls-Royce jaune (1964) d’Anthony Asquith, avec Shirley MacLaine et George C. Scott, et pour La Motocyclette (1968) de Jack Cardiff d’après André Pieyre de Mandiargues avec Marianne Faithfull. À Hollywood, il tourne avec Ann-Margret, Van Heflin, Jack Palance le thriller Les Tueurs de San Francisco, Texas, nous voilà (1966), un western parodique avec Dean Martin, et le film de guerre Les Centurions (1966) de Mark Robson avec Anthony Quinn et George Segal.
Alain et Nathalie tournent ensemble dans Le Samouraï (1967), le classique de Jean-Pierre Melville. L’année suivante, Delon revient au théâtre pour une pièce de Jean Cau, mise en scène par Raymond Rouleau, Les Yeux crevés. Durant la décennie, Delon retrouve son maître Clément pour le suspense dans Les Félins (1964), où il est le prisonnier de Jane Fonda et Lola Albright.
Delon affronte Charles Bronson dans le policier Adieu l’ami (1968), écrit par Sébastien Japrisot et réalisé par Jean Herman, connu également comme écrivain sous le pseudonyme de Jean Vautrin.
Toujours en 1968, Delon monte sa propre société de production, Adel Productions. Son premier film produit est Jeff (1969), également réalisé par Herman. Il propose à Mireille Darc de jouer avec lui dans Jeff. Alain Delon clôt la décennie avec deux classiques du film noir : La Piscine (1969), qui est l’occasion de retrouvailles spectaculaires avec Romy Schneider devant la caméra de Jacques Deray, et Le Clan des Siciliens (1969), retrouvailles avec Verneuil, Gabin et Ventura.
Pendant ce temps, éclate l’affaire Marković, du nom de son garde du corps, Stevan Marković, retrouvé mort dans un bois à Élancourt dans les Yvelines. François Marcantoni, un ami de Delon, est accusé de l’assassinat. Alain Delon est interrogé par la police, bien que l’assassinat ait eu lieu à Paris alors qu’il était à Ramatuelle, lieu de tournage de la Piscine ; Nathalie est également interrogée.
En 1969, il fonde un haras à Aix-en-Provence, avec Mireille Darc et le parrain du milieu marseillais Jacky Imbert.
Delon tourne avec Jean-Paul Belmondo, son unique rival dans le cinéma français, Borsalino (1970), classique du film de gangsters signé Jacques Deray. En 1970 et 1972, Delon tourne de nouveau avec un de ses maîtres, Jean-Pierre Melville, Le Cercle rouge (1970), face à Bourvil (son père dans Le Chemin des écoliers (1959) onze années plus tôt), et Un flic (1972) qui marque sa rencontre professionnelle avec Catherine Deneuve et Richard Crenna. Durant la décennie, il développe et pousse à l’extrême deux aspects essentiels de son personnage cinématographique : le fétichisme du vêtement (chapeau et imperméable) et le professionnalisme. On retrouve cet aspect dans Le Cercle rouge (1970), Un flic (1972) et Borsalino and Co (1974), la suite de Borsalino se fait sans Belmondo (son personnage étant mort dans le précédent film), mais avec Deray ; la même année Delon accepte le rôle principal de Zorro (1975).
Dans les années 1970 et au début des années 1980, Alain Delon apparaît dans un grand nombre de films d’action, en majorité des polars, où il interprète des personnages de héros, ou parfois d’anti-héros tragiques : Doucement les basses (1971) avec Nathalie Delon et Paul Meurisse, Flic Story (1975) (rôle de Roger Borniche), Le Gang (1977) d’après Borniche, Trois hommes à abattre (1980), aux côtés de l’actrice italienne Dalila Di Lazzaro, d’après Jean-Patrick Manchette, tous de Jacques Deray. Le Gitan (1975) avec Bernard Giraudeau et Renato Salvatori, son frère dans Rocco, et Comme un boomerang (1976), aux côtés de Charles Vanel, mis en scène par José Giovanni, Mort d’un pourri (1977) de Georges Lautner, sur un scénario de Michel Audiard, avec Ornella Muti et Klaus Kinski… À la même époque Delon tourne le western Soleil rouge (1971) du Britannique Terence Young, où il interprète « Gotch », rivalisant avec Bronson, Toshirō Mifune et Ursula Andress. Il tentera de nouvelles incursions dans le cinéma américain en tenant l’un des rôles principaux du thriller Scorpio (1973) réalisé par Michael Winner, aux côtés de Burt Lancaster, Paul Scofield et Gayle Hunnicutt, et du film catastrophe Airport 80 Concorde (1979) aux côtés de Sylvia Kristel et Robert Wagner, qui ne remporte pas un grand succès commercial.
1971 marque sa première rencontre avec Joseph Losey pour L’Assassinat de Trotsky (1972), où il se confronte à Romy Schneider et Richard Burton. Quelques années plus tard, Monsieur Klein (1976), chef-d’œuvre de Losey, dont Delon est l’acteur principal et le producteur, repart bredouille du festival de Cannes 1976, mais s’avère un beau succès critique. En 1977, à la 2ème cérémonie des César, il remporte le César du meilleur film.
Delon tourne deux fois avec Simone Signoret dans La Veuve Couderc (1971) de Pierre Granier-Deferre et Les Granges Brûlées de Jean Chapot, et se mesure une dernière fois à Jean Gabin dans le tragique Deux hommes dans la ville (1973) de José Giovanni. Alain Jessua offre également à l’acteur deux rôles intéressants, dans Armaguedon (1977) face à Jean Yanne et Renato Salvatori, et surtout dans l’éprouvant Traitement de choc (1973) où il apparaît nu et frappe Annie Girardot.
Alain Delon et Mireille Darc travaillent ensemble pour Madly (1969), Les Seins de glace (1974) de Lautner et L’Homme pressé (1977) d’Édouard Molinaro d’après Paul Morand. En 1973, le séducteur de l’écran donne la réplique à Dalida, dans le duo Paroles, paroles…, dans lequel lui-même ne chante pas, à la différence de sa partenaire.
Il produit le thriller Le Jeu de la puissance/Power Play avec notamment les stars britanniques David Hemmings, Peter O’Tooleet Donald Pleasence.
Si les choix commerciaux de Delon sont souvent critiqués, force est de reconnaître qu’il n’a jamais quitté le cinéma d’auteur. Outre les films déjà cités, il paraît dans Le Professeur (1972) de l’Italien Valerio Zurlini, qui impose un Delon fatigué. L’acteur produit Attention, les enfants regardent (1978) de Serge Leroy, film atypique et passé inaperçu, dans lequel l’acteur apparaît dans un rôle à contre-emploi.
Dans le grand film soviétique Téhéran 43 (1981) Alain Delon, Claude Jade et Curd Jürgens étaient les vedettes occidentales dans des rôles aux côtés d’acteurs soviétiques. Mais c’était aussi la participation de Delon, qui a apporté le film 47 millions de spectateurs de cinéma seuls en Union soviétique. Delon réalise son premier film, un polar, Pour la peau d’un flic (1981), d’après Jean-Patrick Manchette, qui révèle Anne Parillaud. Il joue dans Trois hommes à abattre (1980), où il rencontre Dalila Di Lazzaro. Étant producteur, Delon avouera que tous les films incluant dans leur titre le terme « Flic », qu’il choisira lui-même, s’avéreront être des succès commerciaux. L’année suivante l’acteur retrouve Catherine Deneuve dans Le Choc (1982) de Robin Davis, d’après Manchette encore, dont il cosigne l’adaptation et les dialogues (ce n’est pas la première fois). Il revient à la réalisation pour Le Battant (1983), avec de nouveau Anne Parillaud et Richard Anconina dans un second rôle. Il incarne le baron de Charlus dans Un amour de Swann (1984), adapté de Marcel Proust par Volker Schlöndorff ; le film recueille des critiques mitigées.
L’année suivante, Alain Delon s’écarte de nouveau de son personnage de héros de polar pour tourner dans Notre histoire (1984) de Bertrand Blier, qui lui vaut d’être récompensé par le César du meilleur acteur en 1985.
S’ensuit Parole de flic (1985) de Pinheiro (face à Jacques Perrin et le débutant Vincent Lindon), qui est un succès public. Il tente de renouveler son image avec le film fantastique Le Passage (1986), qu’il produit et dont il coécrit le scénario (le générique chanté par Francis Lalanne connaît aussi le succès), et en jouant pour la première fois depuis 1962 dans un téléfilm, la mini-série Cinéma (1988), dont il interprète aussi la chanson générique. Il y retrouve sa « marraine en cinéma », Edwige Feuillère. Après le film Ne réveillez pas un flic qui dort (1988) où figurent aussi Michel Serrault et Serge Reggiani, Alain Delon cesse d’apparaître en héros de polar. Si Nouvelle Vague (1990), qu’il tourne sous la direction de Jean-Luc Godard, lui permet de retrouver la faveur de certains critiques, il ne touche pas le grand public, pas plus qu’avec un film plus commercial, le thriller Dancing Machine (1990). Le Retour de Casanova (1992), adapté par Jean-Claude Carrière d’un roman d’Arthur Schnitzler, et dans lequel Alain Delon a pour partenaires Elsa et Fabrice Luchini, ne remporte pas non plus le succès espéré. Alain Delon tourne ensuite coup sur coup sous la direction de Jacques Deray deux films noirs, Un crime (1993) et L’Ours en peluche (1994), d’après Georges Simenon), dont aucun ne touche un large public.
Dans Le Jour et la Nuit (1997), sous la direction de l’écrivain et philosophe Bernard-Henri Lévy, il joue avec Lauren Bacall, mais la promotion colossale du film est suivie d’une réception critique effroyable; fiasco commercial, Le Jour et la nuit est l’un des plus lourds échecs de la carrière d’Alain Delon.
L’année suivante, il apparaît dans Une chance sur deux (1998), réalisé par Patrice Leconte : ce polar de divertissement met en scène, sur un mode nostalgique, des retrouvailles artistiques avec Jean-Paul Belmondo, trente ans après Borsalino, avec pour présence féminine Vanessa Paradis. Même s’il dépasse le million d’entrées, le film ne remporte pas le succès escompté. En 1999, Delon déclare mettre fin à sa carrière au cinéma.
Il retourne sur les planches à partir de 1996 en jouant une pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt, Variations énigmatiques.
En 2001, Alain Delon incarne le commissaire de police Fabio Montale de Marseille, dans une série policière d’après l’œuvre de Jean-Claude Izzo pour TF1, qui s’avère être un des scores historiques pour la télévision française en termes d’audience avec 12,4 millions de téléspectateurs. Il joue ensuite en 2003 et 2004 le rôle de Frank Riva dans la série du même nom pour France 2, où il retrouve Jacques Perrin et Mireille Darc. Toujours pour la télévision, il tourne dans Le Lion d’après le roman de Joseph Kessel et sous la direction de Pinheiro, auprès de sa fille Anouchka et d’Ornella Muti.
En octobre 2002, Alain Delon et Rosalie van Breemen se séparent après quinze ans de vie commune. Dépressif, âgé de soixante-sept ans, Delon avoue souvent à la presse son manque d’envie de vivre. En 2003, Claudia Cardinale, sa partenaire dans Le Guépard (1963), lui remet l’Étoile d’Or du Festival international du film de Marrakech. Il est fait commandeur de la Légion d’honneur en 2005 par le président de la République française Jacques Chirac pour « sa contribution à l’art du cinéma mondial ». Il tient le rôle de Jules César dans Astérix aux Jeux olympiques (2008), mais ce film à très gros budget, malgré plus de six millions de spectateurs, est très mal accueilli par la critique et ne reçoit pas le succès escompté. Alain Delon continue sa carrière sur les planches, interprétant notamment en 2007 Sur la route de Madison et en 2008 Love Letters, successivement avec Mireille Darc et Anouk Aimée.
En 2013, le festival de Cannes lui rend hommage ; à cette occasion le film Plein Soleil (1960) de René Clément est présenté en version remastérisée lors de la sélection Cannes Classics. En octobre, Alain Delon joue de nouveau dans la pièce de théâtre Une Journée ordinaire, mais cette fois en tournée à travers la France, accompagné de nouveau de sa fille Anouchka.
Début mai 2017, Alain Delon annonce qu’il va tourner à l’automne avec Juliette Binoche son dernier film devant la caméra de Patrice Leconte, déclarant « Ce sera mon dernier film ».
De 1959 à 1963, Alain Delon et Romy Schneider ont une histoire d’amour et se fiancent.
La chanteuse allemande, Nico, avec qui il a eu une relation, met au monde un fils, Christian Aaron Boulogne dit Ari Boulogne, le 11 août 1962. Même si l’enfant a été élevé par sa propre mère et adopté par son beau-père, Alain Delon en a toujours contesté la paternité.
Il épouse Francine Canovas le 13 août 1964. Leur fils, Anthony, naît le 30 septembre 1964 à Hollywood. Ils divorcent en 1968.
Il a ensuite une idylle avec l’actrice Anne Parillaud, puis une autre, plus courte, avec Catherine Bleynie (née en 1952), divorcée de Didier Pironi. En mars 1985, il pose avec elle en couverture de Paris Match, ainsi qu’en septembre 1985, en couverture de Ciné Télé Revue lors de la remise d’un prix.
Il rencontre en 1987 Rosalie van Breemen, un mannequin néerlandais, sur le tournage du vidéo-clip de sa chanson Comme au cinéma. Il a avec elle deux enfants : Anouchka, née le , et Alain-Fabien, né le . Ils se séparent en 2001, après quatorze ans d’union.
En 2001, dans son livre de souvenirs, L’amour n’oublie jamais, paru chez Jean-Jacques Pauvert, le photographe, Christian Aaron Boulogne, fils du mannequin, actrice et chanteuse allemande, Nico, affirme être le fils caché et non reconnu d’Alain Delon.
En 1972 et 1973, il organise en France les championnats du monde de boxe avec les affiches Jean-Claude Bouttier / Carlos Monzón (17 juin 1972 et 29 septembre 1973) puis Carlos Monzón / José Nápoles (avril 1974). Par ailleurs, il constitue une écurie de chevaux de course et obtient le titre de champion du monde des trotteurs avec ses chevaux Equileo et Fakir du Vivier.
En 1978, il crée à Genève sa société de diffusion de produits de luxe, Alain Delon Diffusion SA ; sous son nom, on trouve des parfums comme AD qui connaît immédiatement un grand succès commercial, suivi en 1981 d’une fragrance pour femme, « Le Temps d’Aimer ». Ces deux lignes, après avoir connu un immense succès pendant plus de vingt ans, ont été remplacées par d’autres fragrances, telles que « Samouraï » qui fait partie du top cinq des best sellers au Japon, « Samouraï Woman », « Shogun » ou encore « Samouraï Woman Pinkberry ». La société de l’acteur vend aussi du champagne, du cognac, des montres, des lunettes, des cigarettes, des vêtements et des accessoires griffés à son nom. Les concepteurs de ces différents produits de luxe ne sont pas connus. Les lunettes de soleil de la marque « Delon » deviennent particulièrement célèbres à Hong-Kong lorsque l’acteur Chow Yun-fat les porte dans le film Le Syndicat du crime (1986) et ses deux suites; John Woo, le réalisateur, a déclaré par ailleurs être un admirateur de Delon et de son jeu d’acteur.
Alain Delon est aussi devenu collectionneur d’œuvres d’art. Sa collection comprend des œuvres d’Olivier Debré, Rembrandt Bugatti, Jean Degottex, Jean Dubuffet, Hans Hartung, Jean-Paul Riopelle, Pierre Soulages, Nicolas de Staël, Alechinsky, Zao Wou-Ki, Vieira da Silva ainsi que deux bronzes d’Antoniucci Volti, les « Muses ». À la suite d’une exposition organisée par le galeriste Franck Prazan, il a cependant vendu 40 toiles consacrées à l’École de Paris et au mouvement CoBrA lors d’une vente aux enchères à Drouot-Montaigne en octobre 2007. La vente totalisera un peu plus de 8 millions d’euros. Depuis 2013, Alain Delon est également le parrain de Winn’Art, le supplément artistique du magazine Winner dirigé par Véra Baudey.
En 1985, il s’installe en Suisse à Chêne-Bougeries, dans la banlieue de Genève. En 1999, 14 ans après son arrivée en Suisse, il obtient la citoyenneté genevoise et suisse à côté de la nationalité française.
En 1993, il se sépare de son palais de Sidi Mimoun à Marrakech qu’il a habité pendant quinze ans avec Mireille Darc.
Éternel solitaire, il vit dorénavant principalement au domaine de la Brûlerie à Douchy, propriété de 55 hectares acquise en 1971 et où il a prévu de se faire enterrer dans une chapelle construite dans le parc à côté du cimetière canin où reposent ses 35 chiens, ses plus fidèles compagnons.
Tout comme beaucoup d’artistes, notamment Brigitte Bardot, il appelle à voter Valéry Giscard d’Estaing lors des élections présidentielles de 1974 et 1981. En 1988, il soutient au premier tour la candidature de Raymond Barre.
À partir de la fin des années 1980, il fait état de son amitié et de sa sympathie pour Jean-Marie Le Pen, tout en précisant que « des choses dans son programme [l]e satisfont et d’autres non ». Il précise que l’extrême droite « c’est quand même la droite », et qu’elle « regroupe quelques millions de Français », dont il faut tenir compte. En octobre 2013, il salue la progression électorale du Front national. Cette prise de position, dénoncée par le Comité Miss France, le conduit à démissionner de sa fonction de président à vie du jury ; il déclare alors : « Votre polémique est aussi absurde que narcissique et obsessionnelle. Votre attitude est un mépris à l’égard de votre public qui est en droit de voter pour qui il veut, un déni de réalité manifeste ».
Il dit cependant préférer Nicolas Sarkozy au Front national. Dans la perspective des élections européennes de 2014, il exprime sa sympathie pour le mouvement Force Vie de Christine Boutin.
Le , il affirme : « Il fut un temps où, dans la rue, on distinguait les hommes et les femmes. Maintenant, on ne sait plus qui est qui. Les rôles sont moins définis, ils se sont parfois même inversés, comme avec le congé paternité. Et puis, on a l’air de sous-entendre qu’être avec quelqu’un du sexe opposé ou du même sexe, c’est pareil. Ça, c’est grave. Je ne suis pas contre le mariage gay, je m’en fiche éperdument, mais je suis contre l’adoption des enfants. ».
Alain Delon cultive des amitiés avec des personnalités dont les idées sont éloignées des siennes. Il tourne avec Luchino Visconti, proche du Parti communiste italien, et soutient financièrement le film Monsieur Klein de Joseph Losey, banni de Hollywood pour ses sympathies communistes. En 1986, après la défaite de la gauche aux élections législatives, il insiste pour que ce soit l’ancien ministre de la Culture, Jack Lang (PS), qui lui remette les insignes de commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres. Lors des élections municipales de 2014 à Paris, il soutient la candidate PS, Anne Hidalgo, avec qui il est ami.
Dans le cadre de la primaire présidentielle des Républicains de 2016, il préfère Alain Juppé à Nicolas Sarkozy, estimant avoir été « quitté » et « largué » par celui-ci. Le 20 avril 2017, il publie une lettre de soutien au candidat de la droite à l’élection présidentielle, François Fillon, en difficulté dans les sondages. Lors du second tour, qui voit s’opposer Emmanuel Macron et Marine Le Pen, il ne se déplace pas pour voter.
« Alain Delon parle français,
Alain Delon ne boit pas d’Eau-de-Cologne,
Alain Delon boit des doubles Bourbons,
Alain Delon parle français »
Nom du film
Evaluations
Policier, Drame