Acteur
Photo de Jean Gabin.

Informations personnelles

  • Nom de naissance: Jean-Alexis Moncorgé
  • Date de naissance: 17 mai 1904
  • Lieu de naissance: Paris (France)
  • Taille: 1.74 m
  • Nationalité: Français
  • Date de décès: 15 novembre 1976 (à 72 ans)

Biographie

 

Jean Gabin, à l’état civil Jean Gabin Alexis Moncorgé, est un acteur français, né le  à Paris (9ème arr.) et mort le  à Neuilly-sur-Seine.

Il commence sa carrière comme chanteur de revue et d’opérette, puis s’impose à l’écran, devenant une figure incontournable du cinéma français. « Gueule d’amour » tournant avec les réalisateurs importants de l’entre-deux-guerres comme Julien Duvivier ou Jean Renoir, il devient, après la guerre (où il s’est engagé comme marin, d’abord naviguant, puis servant à partir de janvier 1945 comme chef de char au sein du régiment blindé de fusiliers-marins), un « pacha » au physique imposant et au regard sombre incarnant la plupart du temps des rôles de truands ou de policiers, toujours avec la même droiture, dans des films bien souvent dialogués par Michel Audiard.

Sa filmographie, dénombrant 95 films, compte un nombre important de classiques, parmi lesquels Gueule d’amour (1937), Pépé le Moko (1937), La Grande Illusion (1937), La Bête humaine (1938),  Le Quai des brumes (1938),  Touchez pas au grisbi (1954), La Traversée de Paris (1956), Un singe en hiver (1962), Le Pacha (1968) ou Le Chat (1971). Il tourne avec la plupart des grands acteurs du cinéma français de l’époque dont certains, comme Lino VenturaBernard BlierJean-Paul Belmondo ou Alain Delon, sont ses amis. Acteur populaire, il a attiré plus de 161 millions de spectateurs dans les salles au cours de sa carrière d’après-guerre, auxquels il faut ajouter ses nombreux succès parmi sa trentaine de films d’avant-guerre.

 

Enfance

Jean Gabin Alexis Moncorgé nait à Paris le , 23, boulevard Rochechouart (9ème). Il est le fils de Ferdinand Joseph Moncorgé (1868-1933), tenancier de café et comédien d’opérette sous le nom de scène de Ferdinand Gabin, et de Madeleine Petit (1865-1918), plumassière du quartier du Sentier reconvertie dans le registre « chanteuse fantaisiste » de café-concert sous le pseudonyme d’Hélène Petit. Il a six frères et sœurs aînés, Ferdinand-Henri (1888-1939), Madeleine (1890-1970) et Reine (1893-1952), trois bébés ne survivant pas.

Il passe son enfance jusqu’à l’âge de dix ans à la campagne pour laquelle il gardera toute sa vie un profond attachement. Loin de la vie parisienne de spectacle de ses parents, il est élevé par sa sœur aînée Madeleine, dans le petit bourg campagnard de Mériel dans le Val-d’Oise (alors Seine-et-Oise), à l’actuel 63, Grande rue, dans une maison à l’étroite façade dont le pignon arrière où se trouve la fenêtre de sa chambre offre une vue imprenable sur la gare.

En 1914, un coup appuyé lors d’un combat de boxe lui écrase le nez. Le 18 septembre 1918, alors qu’il a quatorze ans, sa mère meurt. Il obtient son certificat d’études primaires à l’école rue de Clignancourt mais mauvais élève il délaisse le lycée Janson-de-Sailly à Paris, où il est inscrit, et enchaîne de petits métiers, garçon de bureau à la Compagnie parisienne de distribution d’électricité, cimentier à la gare de la Chapelle, manœuvre dans une fonderie, magasinier aux magasins d’automobiles de Drancy, vendeur de journaux. À 17 ans il veut, comme son grand-père maternel, devenir conducteur de locomotive à vapeur dont il peut voir les évolutions depuis sa chambre.

 

Music-hall

En 1922, son père le force à entrer, à 18 ans, dans le monde du spectacle, et aurait dit au directeur des Folies-Bergère Fréjol, un de ses amis : « Tiens, voici mon fiston. Il aimerait faire du théâtre. Peux-tu l’aider ? Si tu arrives à en tirer quelque chose, tu auras bien du mérite. Moi, j’y renonce… » . Devenu figurant, Jean est placé sous la bienveillance du comique troupier Bach.

De 1924 à 1925, Jean Gabin effectue son service militaire dans la marine nationale, d’abord comme fusilier marin à Lorient, puis au ministère de la Marine à Paris. Pendant une de ses premières permissions, le 26 février 1925, il épouse une admiratrice, la future actrice Marie-Louise Basset, dite Gaby, avec qui il n’aura pas d’enfant.

En 1926, à 22 ans, il devient un véritable artiste de music-hall et chanteur d’opérette. Il fait monter sur scène La Goulue auprès de Mistinguett, et il imite Maurice Chevalier. Il entame un tour de chant avec succès pendant deux ans dans toute la France. Il part en 1927 pour le Brésil avec Gaby mais l’affaire tourne au fiasco : ni contrat, ni tournée, ni cachet. Il rentre à Paris via Cherbourg puis, lors d’une audition au printemps 1928, au Moulin Rouge Mistinguett le remarque et lui propose de rejoindre sa troupe. Il débute comme boy, le 18 avril 1928, dans la revue Paris qui tourne. En chantant On m’suitJulie c’est Julie et La Java de Doudoune de José Padilla en 1928, il devient le partenaire de Mistinguett, qui vient de rompre avec Maurice Chevalier, au Moulin-Rouge et aux Bouffes-Parisiens dont le directeur est le célèbre auteur de l’époque Albert Willemetz.

À partir de 1929, il joue les jeunes premiers dans des opérettes comme Flossie ou Les Aventures du Roi Pausole, toutes deux sur des paroles d’Albert Willemetz. Il vit une amourette avec Jacqueline Francell, sa partenaire de Flossie, et divorce de Gaby.

 

Cinéma

Débuts et consécration (1928-1939)

En 1928, il fait ses débuts au cinéma dans deux courts-métrages avec le comique Raymond Dandy, Ohé! les valises et On demande un dompteur.

Ce n’est que deux ans après l’arrivée du cinéma parlant en Europe que Jean Gabin, après avoir refusé de tourner dans Les Chemins du paradis, fait ses véritables débuts cinématographiques en tournant Chacun sa chance (1930), un des premiers films parlant du cinéma français, dans lequel il joue au côté de son ex-épouse Gaby Basset et le chanteur Jean Sablon.

Par la suite, il enchaîne les tournages : étant tour à tour policier dans Méphisto (1931), cambrioleur dans Paris Béguin (1931), vendeur de TSF dans Tout ça ne vaut pas l’amour (1932), mécanicien dans Gloria (1931), soldat récalcitrant dans Les Gaietés de l’escadron (1932), capitaine de péniche dans La Belle Marinière (1932), que Gabin considère comme son premier grand rôle à l’écran, ingénieur dans Le Tunnel (1933) et Adieu les beaux jours (1933).

Son père meurt le . Trois jours plus tard, Gabin épouse à la mairie du 16ème Jeanne Mauchain, meneuse de revue et danseuse nue du Casino de Paris, connue sous le nom de Doriane Mauchain.

Il tourne pour la première fois sous la direction de Julien Duvivier dans Maria Chapdelaine (1934) et Golgotha (1935), dans lequel il prête ses traits à Ponce Pilate.

À partir de 1935, il devient une star du cinéma français grâce à son « charisme exceptionnel » et à Julien Duvivier qui lui offre les rôles principaux de La Bandera (1935) avec Annabella, qui est son premier succèsLa Belle Équipe (1936) avec Charles Vanel, dans lequel il chante la chanson Quand on s’promène au bord de l’eau, et Pépé le Moko (1937). Il incarne des héros tragiques et romantiques d’origine populaire.

Jean Renoir l’impose dans Les Bas-Fonds (1936) avec Louis Jouvet puis, dans le film de guerre La Grande Illusion (1937) avec Pierre Fresnay, Marcel Dalio et Erich von Stroheim, qui obtient un énorme succès public et critique, devenant au fil des années un classique du cinéma français.

La même année, il tourne Gueule d’amour (1937), de Jean Grémillon, où il retrouve Mireille Balin, sa partenaire de Pépé le Moko et le méconnu Le Messager (1937), de Raymond Rouleau.

Il tient le rôle d’un déserteur dans Le Quai des brumes (1938) aux côtés de Michel Simon et de la jeune Michèle Morgan, à laquelle il murmure le célèbre « T’as d’beaux yeux tu sais ». C’est sa première collaboration avec Marcel Carné et Jacques Prévert. Il campe ensuite le personnage de Trott, toujours face à Morgan, dans Le Récif de corail (1939) de Maurice Gleize, puis un conducteur de locomotive dans La Bête humaine (1938) de Jean Renoir, et La Marie du port (1950).

Il tourne à nouveau sous la direction de Marcel Carné dans Le Jour se lève (1939), drame dans lequel il partage la vedette avec Jules Berry, Arletty et Bernard Blier.

Le , mobilisé dans la marine nationale à Cherbourg, il obtient une permission exceptionnelle pour terminer le film Remorques (1941), avec Michèle Morgan avec qui il vit une brève idylle.

 

Expatrié aux États-Unis (1940-1943)

Le , refusant de tourner pour les Allemands pendant l’occupation, il s’expatrie à Hollywood aux États-Unis où il va retrouver les Français Jean Renoir, Julien Duvivier, Charles Boyer, Jean-Pierre Aumont, etc.

En octobre 1940, il avait accompagné à la gare Saint-Charles à Marseille Michèle Morgan, qui partait pour Barcelone, puis le Portugal, afin de rejoindre les États-Unis. Souhaitant également la rejoindre, il va à Vichy pour obtenir une autorisation. Il franchit la frontière espagnole en février 1941, sans que l’on sache s’il le fait légalement. À Barcelone, il obtient un visa du consulat américain et peut gagner New York à bord de l’Exeter.

Aux États-Unis, il tourne notamment, après avoir appris l’anglais, La Péniche de l’amour (1942) avec Ida Lupino.

Durant cette période, il fréquente brièvement Ginger Rogers et Patricia Morison. Ayant refait le trajet depuis Los Angeles après une période d’ennui, pendant l’été 1941 il rencontre Marlène Dietrich à New York,

Il emménage avec elle en Californie dans une villa que Greta Garbo leur loue puis au 1006 Cove Way, dans une villa de Beverly Hills.

Gabin ayant le mal du pays, Marlène Dietrich tente de le soulager par sa cuisine ou des distractions lui rappelant la France. Le , le tribunal d’Aix prononce le jugement de divorce avec sa deuxième épouse Jeanne Mauchain, à ses torts entiers et reconnus.

Déjà très célèbre, il pourrait tenter une carrière d’acteur aux États-Unis, mais tourne peu malgré son contrat avec la Fox (il avait signé un premier contrat en 1937 mais ne l’avait pas honoré). Par ailleurs, l’acteur intéresse moins les studios hollywoodiens pendant cette période de guerre : ils n’ont plus accès aux salles européennes et donc au public habituel de Jean Gabin. La presse l’accueille néanmoins avec enthousiasme, le magazine Photoplay publiant un reportage de quatre pages avec comme titre : « Escaped from the Nazis ».

Jean Gabin devait également tourner dans un film catastrophe, The Day that Shook the World, un tremblement de terre vu depuis une colonie pénitentiaire, mais la Fox annule le projet. On lui propose alors Tampico, un film d’aventure avec Gene Tierney mais Jean Gabin refuse et la société de production se lasse. Un projet avec Jean Renoir (en contrat chez RKO) est envisagé, où Jean Gabin interpréterait un garçon de café dans un pays tropical, avec notamment Michèle Morgan comme partenaire (A Thief in the Night) mais l’acteur se détourne du cinéma et pense à la France, voyant plusieurs acteurs américains participer à l’effort de guerre (Carole Lombard vend des bons de guerre, Charles Laughton déclame du Shakespeare dans une tournée et reverse les bénéfices à ce profit, Bette Davis et John Garfield tiennent la cantine de Hollywood, un club où les soldats sont servis par des stars). Il confiera plus tard : « J’étais malade à l’idée d’être obligé de finir ma vie aux États-Unis. Je ne pouvais pas rester les mains dans les poches, continuer à faire des grimaces devant une caméra – en étant bien payé en plus – et attendre tranquillement que les autres se fassent descendre pour que je retrouve mon patelin ».

Après qu’il a pris contact avec la France libre, fin 1942, il lui est demandé de jouer dans le film de propagande gaulliste L’Imposteur (1944), dont le succès critique et public est mitigé. Long-métrage de propagande gaulliste saluant aussi la bénéfique entrée en guerre américaine, ce film tourné en anglais est produit par le service américain de propagande avec, au générique, seulement deux Français : Julien Duvivier et Jean Gabin.

 

Engagé dans les Forces navales françaises libres (1943-1945)

Par patriotisme, il s’engage, en avril 1943, dans les Forces navales françaises libres du général de Gaulle pour libérer son pays. Embarqué comme canonnier chef de pièce sur l’escorteur de pétrolier L’Élorn, il traverse l’Atlantique en convoi à destination de Casablanca, attaqué au large par des sous-marins et par des avionsallemands aux approches de la Méditerranée et au large du cap Ténès. Volontaire au Régiment blindé de fusiliers-marins, il prend sur sa demande des fonctions de chef de char, à bord du Souffleur II, sous les ordres de l’enseigne de vaisseau et futur vice-amiral André Gélinet. Il appartient alors au 2ème escadron du régiment blindé de fusiliers-marins de la célèbre 2ème division blindée du général Leclerc.

Au printemps 1945, il participe à la libération de la poche de Royan puis à la campagne d’Allemagne qui le conduit au Nid d’aigle d’Hitler à Berchtesgaden. À la fin de la guerre, il est décoré de la Médaille militaire et de la Croix de guerre.

En juillet 1945, à 41 ans, le « plus vieux chef de char de la France Libre » est démobilisé et revient au monde du spectacle avec des cheveux blancs. Toute sa vie, il restera très attaché à la marine nationale et proche de celui qui fut son chef, le vice-amiral Gélinet et sa famille.

Après avoir retrouvé Marlène Dietrich en Allemagne, il revient en France. Il refuse de défiler sur les Champs-Élysées et observe son ancien char passer, depuis un balcon de l’hôtel Claridge.

 

Retour en France (1946-1950)

De retour en France, il veut reprendre sa carrière d’acteur mais il a changé physiquement et moralement et de nouveaux acteurs romantiques sont apparus, tels Jean Marais, Gérard Philipe ou Daniel Gélin. Il renonce à jouer Les Portes de la nuit (1946), de Marcel Carné, avec sa compagne Marlene Dietrich car cette dernière refuse d’interpréter la fille d’un collaborateur. En 1946, après avoir acheté les droits du roman, il incarne le rôle-titre de Martin Roumagnac, aux côtés de Marlene Dietrich. Le film, éreinté par la critique, obtient pourtant à l’époque un succès commercial avec deux millions d’entrées. Toutefois, le film est victime d’une légende qui est d’usage de lire et entendre que ce film a été un cuisant échec commercial.

Cependant, ce succès n’est pas réitéré l’année suivante avec le film policier Miroir (1947), dans lequel il est un financier et gangster à ses heures. De plus, il a du mal à trouver un rôle à sa mesure.

Alors que sa relation avec Marlene Dietrich s’étiole, il noue, fin 1945 et en 1946 un lien avec Maria Mauban, puis, en 1947, avec Colette Mars. Ces relations restent sans suite.

Le 28 mars 1949, deux mois après leur rencontre, il épouse Christiane Fournier (1918-2002), dite Dominique, mannequin de la maison de couture Lanvin, déjà mère d’un enfant, Jacki, et avec qui il aura trois enfants : Florence (1949), Valérie (1952) et Mathias (1955).

La même année, il tient le rôle principal du long-métrage Au-delà des grilles (1949), qui obtient un succès honorable en salles. Il est nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, et triomphe au théâtre dans la pièce La Soif, d’Henri Bernstein, aux côtés de Madeleine Robinson et Claude Dauphin.

 

Le retour du succès (1950-1973)

Changement d’image

Il retrouve Marcel Carné pour le long-métrage La Marie du port (1950), adaptation du roman de Georges Simenon, qui avec 2,6 millions d’entrées, permet de confirmer le succès de Gabin après son triomphe théâtral avec La Soif.

En 1951, il est le narrateur de De sac et de cordes, une pièce musicale de Léo Ferré écrite pour la radio, qu’il interprète tandis que Léo Ferré dirige l’orchestre et les chœurs de la radio nationale et sa prestation dans La nuit est mon royaume, pour lequel il incarne un mécanicien de locomotive aveugle, lui permet de rencontrer l’éloge de la critique et un triomphe public avec 2,5 millions d’entrées, mais aussi de remporter la Coupe Volpi pour la meilleure interprétation masculine au Festival de Venise.

Son film suivant, La Vérité sur Bébé Donge (1952), dans lequel il est un industriel coureur de jupons, passe inaperçu lors de sa sortie en salles, mais va être considéré au fil des ans comme une œuvre marquante.

Il réalise en juillet 1952 un de ses rêves d’enfant en entreprenant d’investir une bonne partie de ses revenus dans le domaine de La Pichonnière, situé sur la commune de Bonnefoi, dans le canton de Moulins-la-Marche, dans l’Orne, en Normandie.

Il agrandit progressivement le domaine environnant par plusieurs acquisitions successives. À proximité, il fait construire en 1956 et 1957 une demeure baptisée La Moncorgerie, qui devient sa résidence familiale.

Avec l’idée d’assurer la subsistance de sa famille, il se lance dans l’élevage des bovins.

Passionné par les chevaux, il monte aussi à La Pichonnière, à la fin des années 1950, une écurie d’une quinzaine de chevaux de course, qui, sous les couleurs Bouton d’or, toque lilas, ainsi décrites par l’acteur lui-même, acquiert une certaine renommée dans le milieu hippique.

À la fin des années 1950, il fait aménager sur un terrain lui appartenant, non loin de là, à Moulins-la-Marche, un hippodrome, qui sera nommé après sa mort : hippodrome Jean-Gabin.

Il retrouve Michèle Morgan dans La Minute de vérité (1952), de Jean Delannoy, qui triomphe en salles avec plus de 3 millions d’entrées.

Il renoue véritablement avec le succès public en tant que tête d’affiche grâce à Touchez pas au grisbi (1954), de Jacques Becker, en 1954, qui enregistre 4,7 millions d’entrées en France. Avec ce film, il retrouve un rôle à sa mesure en changeant son image : l’homme d’expérience, autoritaire et qui impose le respect. C’est durant ce tournage qu’il rencontre celui qui va devenir un de ses amis, Lino Ventura.

Le retour du succès lui vaut de recevoir à trois reprises, une Victoire du Cinéma français, en 1952, 1955 et 1956.

 

La rencontre avec Audiard
Son succès se confirme avec L’Air de Paris (1954), de Marcel Carné, puis avec French Cancan (1954), de Jean Renoir. C’est la rencontre avec Michel Audiard, qui deviendra son ami et sera, avec ses dialogues, pour beaucoup dans le succès de ses films à venir, à commencer par Gas-oil (1955) et Le rouge est mis (1957) de Gilles Grangier. À cette époque, il entretient une liaison adultère avec la comédienne Dora Doll.

Par la suite, il enchaîne films sur films : il est le maréchal Lannes dans la prestigieuse et pléthorique distribution du Napoléon (1955) de Sacha Guitry ; flic infiltré dans Razzia sur la chnouf (1955) ; juge pour enfants dans Chiens perdus sans collier (1954); chauffeur routier dans Des gens sans importance (1956); restaurateur dans Voici le temps des assassins (1956) ; artiste peintre bourgeois s’encanaillant en transportant avec Bourvil de la viande pour le marché noir dans le classique La Traversée de Paris (1956), dont il partage une scène devenue culte avec Louis de Funès, alors méconnu du grand public ; et médecin dans Le Cas du docteur Laurent (1957).

En 1956, il achète une première maison à Deauville et s’établit dans cette station balnéaire avec femme et enfants. Deux autres maisons suivent, qui l’accueillent à demeure ou le temps des vacances. Le mois d’août le voit très assidu pour suivre les courses, à l’hippodrome de la Touques. « Pour nous, Deauville a toujours été associé aux vacances, raconte sa femme. Jean venait là pour se reposer. Il trouvait à Deauville une douceur de vivre à laquelle il était tout particulièrement attaché. ».

Il prête ses traits au commissaire Jules Maigret dans Maigret tend un piège (1958), rôle qu’il reprendra à deux reprises et connaît le plus grand succès public de sa carrière avec Les Misérables (1958), devenant le Jean Valjean du film aux côtés de Bourvil et de Bernard Blier.

Sa carrière est sur sa lancée, confirmée avec notamment En cas de malheur (1958), avec Brigitte Bardot ; Les Grandes Familles, avec Pierre Brasseur ; Archimède le clochard (1959) film dont il a eu l’idée.

En 1960, il reçoit les insignes de chevalier de la Légion d’honneur sur le plateau où il tourne Les Vieux de la vieille (1958) de Gilles Grangier.

Son contrat exclusif avec le producteur Jacques Bar, rencontré à Deauville en 1959, lui offre au début des années 1960, une série de beaux succès, tels que le drame politique Le Président (1961), la comédie policière Le cave se rebiffe (1961), la comédie dramatique Un singe en hiver (1962), dans laquelle il partage la vedette avec Jean-Paul Belmondo.

Dans la nuit du 27 au , sept cents agriculteurs encerclent son domaine familial normand de La Pichonnière pour protester contre la centralisation des terres, en exigeant la location de certaines fermes à de jeunes éleveurs en difficulté. Gabin ayant acquis 150 ha, les cultivateurs ouvrent un conflit avec le célèbre acteur néorural pour médiatiser les problèmes du monde agricole. Cette situation bouleverse profondément et blesse à vie l’intéressé, qui se sent rejeté par la communauté paysanne normande dont il a tant souhaité faire partie.

Annonçant qu’il va vendre ses terres, Gabin accepte finalement de louer deux fermes à des jeunes. Il porte plainte contre X pour « violation de domicile et tentative d’extorsion de signature ». Défendu par Me René Floriot, il retire finalement sa plainte, dans un souci d’apaisement, en pleine audience du procès au palais de justice d’Alençon le 22 avril 1964.

Durant cette même période, il connaît son premier revers avec Le Gentleman d’Epsom (1962), dans lequel il joue au côté de Louis de Funès, qui ne rencontre qu’un succès médiocre, échec vite effacé par le triomphe de Mélodie en sous-sol (1963) l’année suivante, avec Alain Delon.

Il crée en 1963 avec Fernandel, la société de production Gafer. La Gafer produit L’Âge ingrat (1964), interprété par Jean Gabin avec Fernandel, puis d’autres films, interprétés par l’un ou par l’autre des deux acteurs.

La fin des années 1960 est marquée par Le Tonnerre de Dieu (1965), Le Pacha (1968), Le Tatoué (1968), avec Louis de Funès et Le Clan des Siciliens (1969), avec Alain Delon et Lino Ventura, qui confirme le statut de l’acteur, parvenu à la soixantaine.

Dans les années 1970, sa carrière s’enrichit de sept films supplémentaires mais marque une baisse de régime; l’acteur rencontre pourtant encore le succès public avec La Horse (1970) de Pierre Granier-Deferre et Deux hommes dans la ville (1973) de José Giovanni, sa dernière collaboration avec Alain Delon. Il obtient également l’Ours d’argent au Festival de Berlin pour son interprétation dans Le Chat (1971), œuvre que l’acteur considère comme son meilleur film de l’après-guerre.

Au début des années 1970, Francis Ford Coppola propose à Jean Gabin d’interpréter Don Corleone dans Le Parrain (1972) mais l’acteur ne donne pas suite. En 1976, Sergio Leone lui propose de jouer dans son nouveau projet Il était une fois en Amérique (1984), que Gabin refuse également.

 

Les dernières années (1974-1976)

En 1974, près de quarante ans après Quand on s’promène au bord de l’eau, Gabin enregistre la chanson Maintenant je sais, écrite par Jean-Loup Dabadie. Cette chanson rencontre le succès au hit-parade et sort également en version anglaise.

Le , il préside la première cérémonie des César. Deux semaines plus tard, il est à l’affiche de L’Année sainte (1976), de Jean Girault. Ce sont ses dernières apparitions en public et sur grand écran.

Au début de 1976, il est élevé à la dignité d’Officier dans l’Ordre national du Mérite, et est promu officier de l’ordre national de la Légion d’honneur à la promotion du 14 juillet 1976.

En octobre 1976, il apprend lors d’une interview télévisée du président de la FNSEA, Michel Debatisse, qu’il ne touchera pas l’indemnisation de l’« impôt sécheresse ». Comprenant qu’il ne sera jamais accepté par le monde paysan, il décide de vendre son domaine agricole normand de La Pichonnière.

Quelques semaines plus tard, le , il meurt à l’âge de 72 ans des suites d’une leucémie à l’Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Il avait connu quelques problèmes de santé sur le tournage de Deux hommes dans la ville.

Ses obsèques, le 17 novembre, au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, attirent une foule considérable et sont retransmises à la télévision. Selon ses dernières volontés, son corps est incinéré.

Ses cendres sont ensuite transférées à Brest pour être dispersées en mer. Le  se déroule, en présence de son épouse, de ses enfants, de personnalités amies comme Gilles Grangier, Alain Delon et Odette Ventura, une cérémonie simple et solennelle à bord de l’aviso Détroyat. Ces honneurs militaires de la Marine nationale ne sont permis que sur autorisation exceptionnelle du président de la République Valéry Giscard d’Estaing.

L’urne funéraire est ouverte depuis la plage arrière de l’aviso, en mer d’Iroise, à 20 nautiques de Brest, au sud de la chaussée des Pierres-Noires.

 

Vie privée

Sa vie sentimentale est souvent liée à son métier. De 1925 à 1931, il est l’époux de l’actrice Gaby Basset, puis de 1933 à 1943 de la meneuse de revue Jeanne Mauchain.

Il a des liaisons connues avec les actrices Mireille Balin, Michèle Morgan et Marlène Dietrich.

En Algérie, de 1943 à 1945, iI se lie avec Marie Camilleri. En 1945 et 1946, à Paris, il a une relation avec la jeune actrice Maria Mauban, puis en 1947 avec Colette Mars.

Encore sans enfants, il se remarie le 29 mars 1949 avec un ancien mannequin, Catherine (dite Dominique) Fournier (née à Saint-Étienne le , morte à Évecquemont le 12 octobre 2002), avec qui il a trois enfants :

  • Florence, née le ;
  • Valérie, née le ;
  • Mathias, né le ;

Il est le grand-père des acteurs Jean-Paul Moncorgé (né en 1981, fils de Florence), et Alexis Moncorgé (né en 1986, fils de Mathias), qu’il n’a donc pas connus.

 

Un acteur symbole

Jean Gabin incarne dans les années 1930 la figure emblématique du petit peuple, du monde ouvrier et des titis parisiens, du temps du Front populaire: on le retrouve ainsi successivement chômeur dans La Belle Équipe (1936), spahi dans Gueule d’amour (1937), petit truand dans Pépé le Moko (1937), déserteur dans Quai des brumes (1938), cheminot dans La Bête humaine (1938) ou ouvrier dans Le jour se lève (1939).

L’image de l’acteur s’est parfois confondue avec celle, mythique, de ses personnages qui se sont imposés dans l’imaginaire collectif du public français au cours du XXème siècle. Les différents personnages de Jean Gabin, archétypes professionnels ou sociaux, sont inscrits dans l’histoire du cinéma de manière « horizontale » (l’ouvrier gouailleur avant-guerre, le patriarche bourru à partir des années 1950).

Dans les années 1960, les films qui mettent en scène Jean Gabin témoignent aussi d’un rejet, au cinéma, de la transformation de la France. Il apparaît dans un certain nombre de films dans lesquels la construction des grands ensembles vient détruire peu à peu le monde dans lequel il vivait. Dans Rue des prairies de Denys de La Patellière, le personnage de Gabin, qui habite une rue de Paris faubourienne et populaire, est contremaître sur le chantier des Sablons, à Sarcelles. Il est ainsi amené à construire les structures de ce qui va détruire le monde ancien dans lequel il vit, dans le XXème arrondissement de Paris. C’est aussi le cas de Mélodie en sous-sol (1963), où il ne retrouve pas son pavillon au milieu des barres d’immeubles de Sarcelles nouvellement construites, ou du film Le Chat (1970), où il vit dans un pavillon qui a vocation à être détruit.

 

Distinctions

Décorations

  • Officier de la Légion d’honneur
  • Médaille militaire
  • Officier de l’Ordre national du Mérite
  • Croix de guerre 1939-1945

Récompenses

  • Mostra de Venise 1951 : Coupe Volpi d’interprétation masculine pour La nuit est mon royaume de Georges Lacombe
  • Mostra de Venise 1954 : Coupe Volpi d’interprétation masculine pour L’Air de Paris de Marcel Carné et Touchez pas au grisbi de Jacques Becker
  • Victoires du Cinéma français, en 1952, 1955 et 1956. Ces trois trophées sont exposés au Musée Jean Gabin de Mériel.
  • Berlinale 1959 : Ours d’argent du meilleur acteur pour Archimède le clochard de Gilles Grangier
  • David di Donatello Awards 1959 : David di Donatello du meilleur acteur étranger pour Les Grandes Familles de Denys de la Patellière
  • Berlinale 1971 : Ours d’argent du meilleur acteur pour Le Chat de Pierre Granier-Deferre
  • César du cinéma 1987 : César d’honneur (à titre posthume)

 

Nominations

  • BAFTA 1958 : British Academy Film Award du meilleur acteur étranger pour La Traversée de Paris de Claude Autant-Lara
  • BAFTA 1960 : British Academy Film Award du meilleur acteur étranger pour Maigret tend un piège de Jean Delannoy

 

Hommages

  • En 1981, à l’initiative de Louis de Funès, le « monde du cinéma » lui rend hommage en créant le prix Jean-Gabin, récompense décernée tous les ans aux meilleurs espoirs masculins du cinéma français. À la suite d’un désaccord entre l’organisation et la fille de Jean Gabin, le prix est remplacé depuis 2008 par le prix Patrick-Dewaere.
  • En 1992, Mériel (Val-d’Oise), la commune de son enfance, ouvre un musée qui lui est consacré. Jean Marais a sculpté le buste de l’acteur qui se trouve devant le musée.
  • En 2008, une place Jean-Gabin est inaugurée dans le 18ème arrondissement de Paris.
  • En 2011, une place Jean-Gabin est inaugurée dans la ville de Porrentruy (Suisse).
  • Une rue de la commune de Les Aspres et une rue de celle de Bonnefoi (Orne), sur lesquelles se trouve son domaine de La Pichonnière, portent son nom.
  • L’hippodrome Jean-Gabin de Moulins-la-Marche (Orne), créé par lui à la fin des années 1950, porte son nom.
Source: Wikipédia

 

Filmographie

Trailers & Videos

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Photo de Jean Gabin.

Bande annonce

Acteur

Bande annonce: Un singe en hiver (1962)

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