Michel Galabru, né le à Safi (Protectorat français au Maroc) et mort le à Paris, est un acteur français. Il a également été metteur en scène et directeur du Théâtre Montmartre-Galabru, ouvert en 1984.
Premier prix du Conservatoire national d’art dramatique, Michel Galabru est pensionnaire de la Comédie-Française durant sept ans, de 1950 à 1957. Il acquiert un début de notoriété au cinéma avec le film La Guerre des boutons (1962) d’Yves Robert.
Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), le révèle auprès du grand public. Aux côtés de Louis de Funès, il interprète l’adjudant Gerber de la gendarmerie de Saint-Tropez. Dès lors, il devient un acteur récurrent et prolifique du cinéma comique français, tournant régulièrement sous la direction de Jean Girault, Jean-Pierre Mocky, Georges Lautner, Claude Zidi et Bertrand Blier. Très populaire, il joue dans de nombreuses comédies à succès telles que Le Viager (1972), Le Grand Bazar (1973), Flic ou Voyou (1979), Papy fait de la résistance (1983), La Cage aux folles (1978) ou Les Sous-doués (1980), tout en retrouvant Louis de Funès dans les cinq suites du Gendarme ou encore dans L’Avare (1980). En parallèle, pour des raisons alimentaires, il participe à d’innombrables films comiques qualifiés de « nanars ».
Il livre aussi des prestations dramatiques remarquées dans L’Ibis rouge (1975), Monsieur Balboss (1975), Le Juge et l’Assassin (1976), Le Choix des armes (1981), Subway (1985), Kamikaze (1986) ou encore Uranus (1990). En 1977, son interprétation d’un tueur en série dans Le Juge et l’Assassin lui vaut le César du meilleur acteur. Il est nommé au César du meilleur acteur dans un second rôle, en 1986 pour Subway et en 1991 pour Uranus.
Figure du cinéma français avec plus de soixante ans de carrière et son nom aux génériques de plus de deux cent cinquante films, Michel Galabru reste également fidèle à la scène, étant souvent à l’affiche des théâtres de boulevard mais aussi de pièces d’auteurs comme Molière, Jean Anouilh et surtout Marcel Pagnol, qu’il affectionne particulièrement. En 2008, le Molière du comédien lui est décerné pour son rôle dans Les Chaussettes-Opus 124.
Plus rare au cinéma dans les années 2000, il fait toutefois une apparition marquante dans Bienvenue chez les Ch’tis (2008). Il poursuit sa carrière quasiment jusqu’à sa mort avec Le Cancre, spectacle seul en scène qui revient avec humour sur sa carrière.
Le prix d’interprétation du Festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez porte son nom depuis 2016.
Né le à Safi au Maroc, Michel Galabru est le fils de Paul Galabru (1892-1988), ingénieur et professeur à l’École nationale des ponts et chaussées, et d’Yvonne Payré (1895-1979). Il passe les sept premières années de sa vie à Safi, où son père participe à la construction du port de la ville, puis une grande partie de son enfance dans la maison familiale au Bousquet-d’Orb, dans l’Hérault. Il passe quelques années au Havre.
Il a deux frères, Marc Galabru (1929-2014), médecin, et un autre Jean, l’aîné, qui écrivait des poèmes, mort à l’âge de 18 ans de la tuberculose.
Se destinant d’abord à devenir joueur de football professionnel (il est d’ailleurs depuis son enfance un grand supporter du Stade olympique montpelliérain), c’est finalement le métier de comédien qui l’attire. Le parcours de Sacha Guitry, piètre élève à l’école, tout comme lui, mais avec la carrière de comédien que l’on connaît, a une grande influence sur son désir de devenir artiste. « J’ai été mis dehors de sept écoles différentes. Remarquez, Guitry a été viré douze fois. Ça prouve bien qu’il avait plus de talent que moi. ». Il écrit d’ailleurs un livre sur lui, en 2001 : Galabru raconte Sacha Guitry. Un autre artiste qui a une influence sur lui, durant sa jeunesse, fut Tino Rossi, qu’il admire au point de se coiffer comme lui.
Après des études au collège Saint François-Pierre Rouge de Montpellier puis au lycée jésuite Saint-Louis de Gonzague à Paris 16ème, il suit, après le bac, une année de droit pour obéir à l’injonction de son père : « Fais ton droit, je te ferai entrer chez Schneider au contentieux. Ce mot m’a effrayé. »
Requis par le STO, à 20 ans dans la classe 42, il est envoyé en 1942 comme ouvrier dans un camp de travail à Klagenfurt en Autriche, puis comme forgeron en Yougoslavie. N’ayant pas les qualifications qu’il a déclarées, il est accusé de sabotage et envoyé dans un camp disciplinaire duquel il est libéré par les Partisans yougoslaves. Dans le maquis, malgré ses convictions humanistes, il est nommé « commissaire politique de Tito » par ses camarades d’infortune. Il épargne alors un soldat allemand, qui, selon ses dires avait à peine une vingtaine d’années, et évite le lynchage à un autre, qui était selon lui, chef des jeunesses hitlériennes.
Après la guerre, Michel Galabru gagne Paris afin d’y préparer le Conservatoire national d’art dramatique. Après trois ans d’études dans la classe de Denis d’Inès, couronné par un premier prix du Conservatoire, il est engagé à la Comédie-Française le . Il débute dans George Dandin ou le Mari confondu, et interprète les différents auteurs classiques et modernes du répertoire du Français : Shakespeare, Molière, Marivaux, Feydeau, Courteline, Jules Romains. Il y reste jusqu’au . Il sera pensionnaire de la Comédie pendant sept ans. Il décide alors de prendre des risques et quitte ce prestigieux cénacle pour voler de ses propres ailes.
Il travaille également pour le cinéma, il y débute en 1951 avec Ma femme, ma vache et moi (1952) de Jean-Devaivre.
Acteur de la comédie populaire française, Michel Galabru a tourné dans plus de 250 films et téléfilms ; si certains de ces films ont connu un grand succès, d’autres très nombreux ont été, de son propre aveu, des films purement alimentaires. À propos de ces films, il confia, dans une interview, avoir entendu le producteur de la saga du Gendarme de Saint-Tropez déclarer au réalisateur : « Tu me prends Louis de Funès, et je ne veux que des ringards autour ». Exacte ou non, cette anecdote révèle en tout cas la modestie de l’acteur. Cependant, il a su aussi briller dans le registre dramatique, notamment dans Le Juge et l’Assassin (1976), rôle pour lequel il a reçu le César du meilleur acteur en 1977.
À l’affiche des théâtres de boulevard, Michel Galabru tourne dans La Guerre des boutons (1962) d’Yves Robert. À partir de 1964, la saga du Gendarme de Saint-Tropez le révèle au grand public. Il joue ensuite plusieurs rôles dramatiques. Il revient au théâtre avec La Femme du boulanger et Le Bourgeois gentilhomme. En 1972, il interprète le rôle du docteur dans Viager de Pierre Tchernia.
Rencontré dans Nous irons à Deauville (1962) puis retrouvé dans Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), Louis de Funès l’engage régulièrement dans ses films : il a beaucoup d’estime pour lui, le considérant comme un nouveau « Raimu avec un coin de rêve dans l’œil ».
Dans les années 1980 et suivantes, il sera notamment le père conservateur de La Cage aux folles (1978), le commissaire des Sous-doués (1980), le proviseur dans Le bahut va craquer (1981), le papy de Papy fait de la résistance (1983), le collabo d’Uranus (1990), le chef du village dans Astérix et Obélix contre César (1999).
Il tourne avec Gérard Depardieu et Gérard Lanvin dans San-Antonio (2004), et accepte de se faire raser complètement le crâne pour les besoins du tournage. Cette même année, il se lance dans le doublage pour les besoins du film d’animation La prophétie des grenouilles : il prête sa voix à d’autres dessins animés comme Le manège enchanté (2005) et Louis la chance (non sorti). Il fait une brève apparition remarquée dans le film Bienvenue chez les Ch’tis (2008), qui connut un grand succès en salle avec 20 489 303 entrées, en interprétant le rôle de l’oncle de Julie qui se remémore sa jeunesse dans le Nord. Cette scène est une parodie de la rencontre du capitaine Willard (Martin Sheen) avec le colonel Kurtz (Marlon Brando), dans Apocalypse Now (1979) évoquant « le Nord » et non « l’horreur ». Il tourne des petits rôles dans Neuilly sa mère (2009) et dans Le Petit Nicolas (2009).
Le , Michel Galabru joue la pièce Le voyage de Monsieur Perrichon au festival de Ramatuelle, dans le Théâtre de Verdure13,14. Après la représentation, alors que le comédien salue le public, une délégation de quatre gendarmes de la véritable brigade de Saint-Tropez monte sur scène pour lui décerner le titre honorifique d’« adjudant d’honneur de la gendarmerie nationale » et lui remettre un képi d’adjudant, en hommage à son rôle de l’adjudant Gerber dans Le Gendarme de Saint-Tropez (1964). Ému, Michel Galabru déclare avec humour « C’est un retour glorieux au passé. Hélas, nous ne sommes qu’un ou deux survivants ! Et regardez dans quel état que je suis » avant de conclure : « Cet honneur, je le reçois avec beaucoup de plaisir et je vous remercie infiniment ». Ce sont les directeurs du festival de Ramatuelle, Jacqueline Franjou et Michel Boujenah, qui sont à l’origine de cette surprise.
En 2010, il est présent au festival de Luchon pour le téléfilm À deux c’est plus facile (2009), et au Festival de Cannes avec le film Un poison violent (2010). En 2011, il reçoit le Brigadier d’Honneur pour l’ensemble de sa carrière ainsi que la Grande médaille de vermeil de la ville de Paris.
À 90 ans, en 2012, Michel Galabru est sur tous les fronts : au cinéma avec La Mémoire dans la chair de Dominique Maillet, à la télévision avec les séries Scènes de ménages, Storsky et Futch, Bref et Profilage et le court métrage Le Jeu de cette famille, et au théâtre avec La Femme du boulanger puis Tartarin de Tarascon retransmis en direct sur France 2. Par décret du , il est élevé à la dignité de grand officier de l’ordre national du Mérite.
Du 22 au , il préside le jury de la 27ème édition du Festival international du Film de Vébron, en Lozère, aux côtés de sa fille Emmanuelle et des actrices Sophie Barjac, Alice Béat et du jeune comédien Nassim Boutelis. Un hommage lui est rendu avec la projection du film Le Juge et l’Assassin.
En 1984, Michel Galabru rachète et reconstruit, pour sa fille Emma, la salle de spectacle délabrée du conservatoire Maubel qui ouvre par la suite sous le nom du Théâtre Montmartre Galabru.
En 1985, il achète le Théâtre de 10 heures pour en faire un tremplin pour les jeunes auteurs et comédiens, mais ne parvient à l’exploiter que durant quatre années.
Au milieu des années 1980, il crée « Les estivales de Malaucène », dans le Vaucluse. Ce festival qui réunit plus de 50 000 spectateurs, accueille de nombreuses personnalités et amis de Michel dont Rosy Varte, Micheline Dax ou encore Yolande Folliot, mais cesse au bout de 8 ans.
En 2008, le Molière du meilleur comédien lui est décerné, à 85 ans, pour son rôle dans Les Chaussettes – opus 124.
En 2014, il remonte sur scène au théâtre avec Les Diablogues après plus de soixante ans sur les planches. Michel Galabru adore jouer les pièces de Marcel Pagnol, comme le prouvent ses rôles au théâtre entre 1980 et 2015.
À la fin 2014, l’acteur joue Cancre, un texte autobiographique dans lequel il revient avec humour sur sa carrière mais il met fin aux représentations prématurément en .
Marié tout d’abord avec Anne Jacquot, avec qui il aura deux fils, Jean et Philippe, Michel Galabru rencontre ensuite, sur le tournage de La Honte de la famille (1969), celle qui deviendra sa seconde femme, Claude Etevenon, ex-juge d’instruction. Il entretient avec elle, pendant de nombreuses années, une liaison « clandestine » : elle lui donnera une fille du nom d’Emmanuelle.
Claude Etevenon est la fille de Michel Etevenon, publicitaire français et la nièce de Micheline Etevenon, mieux connue sous son nom de scène, Micheline Dax, une actrice française.
Michel Galabru et Claude Etevenon se marient finalement au début des années 1990. Le , Claude Etevenon meurt des suites de la maladie de Parkinson.
Devenu âgé, Michel Galabru a confié avoir toujours souffert de l’image de pitre, juste bon à amuser la galerie, que lui renvoyaient les gens depuis son enfance. Il concevait une grande amertume de ce que les autres n’ont jamais compris que, derrière le masque du « rigolo » affiché par défaut, il y avait eu un enfant conscient de ses faiblesses (notamment scolaires) qui lui causaient beaucoup de souffrances intérieures. Faire rire ses camarades de classe était un exutoire et aussi une manière de se faire remarquer et apprécier malgré tout… et faute de mieux. Comme il le disait lui-même : « il n’y a pas de cancre heureux, c’est une image folklorique et littéraire ». Sa carrière artistique fut également frappée du sceau de « comique », à la manière dont en France on colle des étiquettes à vie aux artistes du spectacle. Ce sont sans doute ces blessures jamais cicatrisées qui lui ont permis de donner une dimension particulièrement intense et dramatique à ses personnages dans Le juge et l’assassin (1976) ou Kamikaze (1986).
Ses obsèques sont célébrées le en l’église Saint-Roch, à Paris. Il est inhumé au cimetière de Montmartre, dans la division 32.
Nom du film
Evaluations
Comédie, Guerre