Réalisateur, Scénariste, Acteur
Photo de Gérard Oury.

Informations personnelles

  • Nom de naissance: Max-Gérard Houry
  • Date de naissance: 29 avril 1919
  • Lieu de naissance: Paris (France)
  • Nationalité: Français
  • Date de décès: 20 juillet 2006 (à 87 ans)

Biographie

 

Max-Gérard Houry Tannenbaum, dit Gérard Oury, est un réalisateur, scénariste et acteur français, né le  à Paris et mort le  à Saint-Tropez. Il a réalisé dix sept longs-métrages.

En tant que réalisateur, ses plus grands succès sont Le Corniaud (1965) et La Grande Vadrouille (1966) avec Bourvil, Louis de Funès. Il est le scénariste de tous ses films à l’exception de Fantôme avec chauffeur (1996). Il a été également l’auteur et le metteur en scène d’une unique pièce de théâtre.

Réalisateur de grands succès populaires, il est honoré à la fin de sa carrière d’un César d’honneur en 1993, décerné en l’honneur de l’ensemble du cinéma comique français, d’une entrée à l’Académie des beaux-arts en 1998, au fauteuil de René Clément, et d’une rétrospective consacrée à son œuvre au festival de Cannes 2001.

 

Enfance et début de carrière

Fils d’un violoniste d’origine juive russe, Serge Tannenbaum (ou Tenenbaum), et de Marcelle Houry, journaliste critique d’art à Paris-Soir, résidant rue de la Tour, à Paris, il mène une scolarité sans histoire au lycée Janson-de-Sailly. Il y côtoie François Périer, Jean Dutourd, Maurice Siegel. À 17 ans, il suit les cours de René Simon, puis il entre au Conservatoire en 1938, aux côtés de Bernard Blier et François Périer, dans la classe de Mme Dussane. Pensionnaire de la Comédie-Française en 1939, il obtient son premier rôle que lui confie Édouard Bourdet dans Britannicus, en remplacement d’un acteur mobilisé. En 1940, il fuit la zone occupée avec sa compagne comédienne, Jacqueline Roman (élue miss Exposition en 1937), d’abord en zone libre, puis à Marseille, à Monaco et enfin à Genève afin d’échapper aux mesures antijuives ayant cours en France occupée. En 1942, il ne reconnaît pas sa fille unique : la réalisatrice Danièle Thompson, pour lui éviter ce statut. À Marseille, il participe aux émissions de théâtre de la radio nationale, repliée sur place. À nouveau évincé pour les mêmes raisons, il est remarqué par Paul Olivier, l’agent de Raimu, qui l’engage dans une revue avec Alibert, Raimu et Rellys. Raimu le prend un temps sous son aile. C’est aussi à cette époque, en zone libre, qu’il fait ses premiers pas au cinéma, en tant qu’acteur, dans Les Petits riens (1942) et dans Médecin des neiges (1942), de Marcel Ichac.

Après la Seconde Guerre mondiale, il revient en France, retrouve la Comédie-Française, s’y bat même avec Robert Hirsch. Il joue au théâtre (notamment Les Vivants d’Henri Troyat, au Vieux-Colombier en 1945), et quelques seconds rôles au cinéma Antoine et Antoinette (1947), de Jacques Becker). Il boucle ses fins de mois avec les toiles que lui remettait Raoul Dufy, l’un des amis artistes de sa mère, qui l’avait initié à l’art.

On le verra aussi dans La Belle que voilà (1949) de Jean-Paul Le Chanois. C’est dans ce film, dont le scénario est de Françoise Giroud, qu’il embrasse pour la première fois Michèle Morgan, dans une scène tournée dans un ascenseur. Un baiser de cinéma qui n’enflamme pas l’actrice. Dans Garou-Garou, le passe-muraille (1951) de Jean Boyer, il reçoit des claques de la part de Bourvil« le meilleur homme qu’il m’ait été donné de connaître », disait-il. On le voit encore dans La nuit est mon royaume (1951) de Georges Lacombe, La Fille du fleuve (1955) de Mario Soldati, La Meilleure Part (1956) d’Yves Allégret ou encore Le Dos au mur (1958) d’Édouard Molinaro.

En 1958, il s’essaie au scénario dans Le Miroir à deux faces, coécrit avec André Cayatte. C’est à cette occasion qu’il entame une relation avec Michèle Morgan, qui demeure sa compagne jusqu’à son décès.

En 1960, la même année où débute son activité de réalisateur en tournant La Main chaude (1960) et La Menace (1961), Gérard Oury effectue un retour inattendu et remarqué au théâtre. Il termine sa carrière de comédien de théâtre sur un rôle prestigieux puisque le metteur en scène Raymond Rouleau fait appel à lui pour interpréter Don Salluste dans Ruy Blas à la Comédie-Française. Il devient ainsi pensionnaire du « Français » pour la seconde et dernière fois, après l’avoir été en 1939. Raymond Rouleau a imposé que le rôle de Don Salluste soit interprété par Gérard Oury car selon lui « personne [dans la troupe de la Comédie-Française] n’est à l’heure actuelle apte à jouer le rôle ». Or, les sociétaires sont contre le fait de faire venir un acteur de l’extérieur, « de surcroît metteur en scène de cinéma », pour tenir ce rôle que pourraient jouer avec brio des acteurs du « Français » ; Gérard Oury lui-même juge que des pensionnaires comme François Chaumette ou Bernard Dhéran aurait très bien pu interpréter Don Salluste « différemment mais aussi bien que lui »). La troupe n’apprécie pas non plus qu’une dérogation dans son contrat d’engagement autorise Oury à quitter la pièce au bout de seulement six mois, pour partir réaliser son troisième film, car cela leur est interdit par le décret dit « de Moscou », sauf autorisation expresse de l’administrateur. Enfin, des tensions éclatent entre Raymond Rouleau et l’interprète de don César de Bazan, Robert Hirsch, tous deux de grands noms du théâtre, amenant Hirsch à quitter avec fracas les répétitions le , près d’une semaine avant la présentation au public de la pièce. Le lendemain, par voie de presse, l’acteur rend Gérard Oury responsable de son départ : « Je quitte Ruy Blas parce que je ne suis pas d’accord avec la mise en scène. Elle est trop rigide et ne tient pas compte de ma personnalité. Surtout, je ne peux pas jouer avec Gérard Oury, acteur imposé par Raymond Rouleau et dont je déplore l’engagement ». Les deux acteurs ne se côtoient pourtant que lors de deux scènes, très courtes, la scène 2 de l’acte I et la 7 de l’acte IV. Se sentant « à la fois bouc émissaire et dindon de la farce », Oury pense à partir également et se rend dans le bureau de l’administrateur Maurice Escande, qui le convainc de rester. À la sortie du bureau, Oury rencontre Hirsch et tous deux en viennent aux mains. La presse parisienne rapporte leur violente dispute : L’AuroreFrance-SoirParis-Presse titrent « Hirsch et Oury se battent sous les yeux de l’administrateur »« Ils se sont colletés pour Ruy Blas »« De Gaulle va arbitrer l’affaire Ruy Blas ». La première de Ruy Blas a lieu le vendredi , en présence du président de Gaulle (qui salue Oury d’un « maître ») et du ministre de la Culture Malraux. Jacques Destoop joue le rôle-titre et Claude Winter la reine, tandis que Rouleau a remplacé Robert Hirsch par Jean Piat, qui se révèle très bon dans le rôle de Don César. Oury interprète un don Salluste « un peu triste, hiératique, très digne » mais l’idée de détourner en comédie ce drame de Victor Hugo lui vient, trouvant ainsi l’inspiration pour ce qui deviendra dix ans plus tard La Folie des grandeurs (1971).

« À chaque représentation, pendant l’acte II dont je ne suis pas, ou tandis que mort j’attends de me relever, je pense qu’on pourrait faire de ce drame une irrésistible comédie : quiproquos valet-maître, maître déguisé en laquais, duègne folingue, Barbaresques chez lesquels Salluste expédie son cousin César, maison truquée, reine d’Espagne somme toute complètement idiote. Et ce Salluste, pourquoi toujours le faire jouer en troisième couteau ? Moi, je le distribuerais à un acteur comique, Louis de Funès par exemple. Je sais, il est inconnu mais il a du génie, on s’en apercevra bientôt. Je m’amuse au jeu des titres. (…) Ruy Blaze avec un Z ? Les Sombres Héros ? (Sombréros !) Ou tiens, pourquoi pas : La Folie des grandeurs ? »

— Gérard Oury, 1988.

 

Premières réalisations

Gérard Oury réalise son premier film, La Main chaude (1960). C’est l’histoire d’une riche veuve qui prête 100 000 francs à Lécuyer interprété par Alfred Adam pour qu’il envoie son fils à la campagne. En fait, Lécuyer donne cet argent à sa maîtresse pour qu’elle avorte. Mais elle n’est pas enceinte et remet la somme à son autre amant afin qu’il achète un scooter. Celui-ci se sert de la somme pour séduire une jeune femme qu’il croit riche… Lors de sa sortie en salle en 1960, le film fut un échec commercial.

Il se met en scène dans un rôle de docteur dans La Menace (1961). Le film a pour interprètes principaux Robert Hossein et Marie-José Nat. Cette dernière interprète Josépha, une femme qui s’ennuie beaucoup chez son oncle, antiquaire. Elle préférerait aller s’amuser avec la bande des mariolles qui passent en scooter sous ses fenêtres. Un jour, elle est prise en stop par le pharmacien local qui l’emmène au cinéma. Gentil, mais entreprenant. Puis une jeune fille de la bande est retrouvée assassinée. Josépha témoigne et ment. Le film n’est pas non plus un succès.

 

Une première réussite

Gérard Oury rencontre le succès avec Le crime ne paie pas (1962), qui réunit une distribution d’exception, avec entre autres Michèle Morgan et Louis de Funès. Ce film se déroule en 4 sketches, inspirés des célèbres bandes dessinées verticales de Paul Gordeaux du journal France-Soir.

Le comédien Louis de Funès qui tournait dans l’un de ces sketches déclare à Oury : « Quant à toi, tu es un auteur comique, et tu ne parviendras à t’exprimer vraiment que lorsque tu auras admis cette vérité-là. » Le réalisateur suit cette suggestion et prépare sa première comédie, Le Corniaud (1965).

 

L’ère des succès

Gérard Oury écrit avec André Tabet et Georges Tabet l’histoire d’Antoine Maréchal (Bourvil), un honnête commerçant utilisé par Léopold Saroyan (Louis de Funès), un trafiquant, pour emmener de Naples à Bordeaux une Cadillac remplie d’héroïne, or, diamants et pierres précieuses, s’inspirant directement de l’affaire de la French Connection. Le tournage se déroule en France à Paris et en Italie à Rome et Naples en 1964. L’année suivante Le Corniaud (1965) est le plus gros succès du box-office avec près de 12 millions de spectateurs.

Gérard Oury renouvelle l’expérience avec La Grande Vadrouille (1966), toujours écrit avec André Tabet et Georges Tabet, avec le tandem Bourvil/De Funès. Le réalisateur écrit le scénario avec sa fille Danièle Thompson qui fait ses débuts comme scénariste et coécrira tous les films de son père jusqu’à Vanille fraise (1989). L’histoire se déroule en 1942, un avion anglais est abattu par les Allemands au-dessus de Paris. Les trois pilotes sautent en parachute et atterrissent dans différents endroits de la capitale. Ils sont aidés par deux civils français, un chef d’orchestre (Stanislas Lefort – Louis de Funès) et un peintre en bâtiment (Augustin Bouvet – Bourvil) qui acceptent de les mener en zone libre; ils deviennent ainsi, malgré eux, acteurs de la Résistance. Dans le film, c’est Louis de Funès lui-même qui a dirigé La Marche hongroise, extraite de La Damnation de Faust, d’Hector Berlioz, à la grande surprise des musiciens du palais Garnier. Le film est un succès phénoménal et historique ! Avec 17 272 987 spectateursLa Grande Vadrouille, sorti en décembre 1966, a longtemps été le numéro 1 du box-office français. Il faudra attendre 1998, et les 20 millions d’entrées de Titanic (1997), de James Cameron, pour que le record soit battu. Le film de Gérard Oury est le plus gros succès public de l’histoire du cinéma français pendant plus de 40 ans, jusqu’en avril 2008, quand Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon le dépasse, suivi en 2011 par Intouchables.

En mai 1968, alors que les étudiants s’attaquaient au bitume parisien, Gérard Oury, lui, s’inquiétait de savoir s’il allait pouvoir tourner son sixième long métrage : Le Cerveau (1969). C’est l’histoire de deux gagne-petit du crime (Bourvil et Jean-Paul Belmondo) qui veulent attaquer un train transférant les fonds de l’OTAN, alors qu’un as britannique du braquage surnommé le Cerveau est déjà sur le coup. « Un film plein d’idées chères », comme le dit aujourd’hui la fille de Gérard Oury, coscénariste du film. Mais le roi du rire est riche de ses deux précédents succès. Aussi peut-il s’offrir le luxe de faire un film en scope, avec des stars françaises, mais aussi anglo-saxonnes — David Niven (dans le rôle-titre) et Eli Wallach (un parrain de la mafia italienne) —, une séquence animée, des effets spéciaux, des cascades, des milliers de figurants, une copie de la statue de la Liberté, et même des images de la vraie, filmées à New York du pont du paquebot France ! Pour financer cette folie des grandeurs, la Gaumont (et son producteur Alain Poiré) s’est associée à la Paramount, qui compte sortir ce film à dimension internationale aux États-Unis. Cela oblige dans un premier temps les scénaristes, Danièle Thompson et Marcel Jullian, à équilibrer l’importance des rôles entre vedettes locales et étrangères, puis Gérard Oury à filmer en même temps une version en français et une autre en anglais… Fin juillet 1968, les étudiants sont rangés des barricades et le tournage du Cerveau (1969) commence enfin. Il dure trente semaines. Mais dans la bonne humeur. Un jour qu’Alain Poiré est de passage sur le plateau, Oury lui dit : « C’est fou ce que je m’amuse. » Ce à quoi le producteur lui répond : « Tu as des amusements coûteux. » Certes. Mais qui rapportent aussi. Sorti en France le 7 mars 1969, Le Cerveau est un carton avec plus de 5,5 millions de spectateurs ! Rien de tel aux États-Unis. Déstabilisée par l’échec de La Kermesse de l’Ouest (1969), une comédie musicale avec Clint Eastwood, la Paramount sort The Brain dans une version amputée, sans y croire. C’est l’échec.

Après le succès du Cerveau (1969), Gérard Oury devait retrouver le tandem Louis de Funès/Bourvil, qui avait contribué à son succès, dans un film prévu pour s’intituler Les Sombres héros. Mais Bourvil mourut quelques mois avant le début du tournage. En plein désarroi, de Funès et Oury envisagent de ne pas faire le film. Mais après un remaniement de scénario le rôle de Bourvil revint à Yves Montand. L’histoire est celle de Don Salluste (interprété par De Funès) qui profite de ses fonctions de ministre des Finances du roi d’Espagne pour s’enrichir. Mais la Reine qui le déteste réussit à le chasser de la cour. Ivre de vengeance, il décide de la compromettre. Son neveu Don César ayant refusé de se mêler au complot, il choisit son valet Blaze, transi d’amour pour la souveraine, pour tenir le rôle du Prince charmant. À force de quiproquos, il ne parvient qu’à s’attirer les faveurs de la peu avenante Doña Juana (Alice Sapritch). Lors de sa sortie, La Folie des grandeurs (1971) a été l’un des grands succès de 1971. 4ème au box-office de cette année-là avec 5 563 160 entrées après Les Aristochats (1970), Les Bidasses en folie (1971) et Mourir d’aimer (1971).

En 1973, Gérard Oury et Louis de Funès se retrouvent pour un dernier film Les Aventures de Rabbi Jacob (1973). Ce dernier campe Victor Pivert, un homme d’affaires irascible et raciste, qui se retrouve malgré lui confronté à un règlement de comptes entre terroristes d’un pays arabe. Pour semer ses poursuivants, il se déguise en rabbin, après avoir croisé à Orly des religieux juifs en provenance de New York, et pris leurs vêtements. Pour les besoins du tournage, Gérard Oury a fait reconstruire l’ensemble du hall d’arrivée d’Orly et transposa la rue des Rosiers dans un quartier tranquille de la région parisienne. La scène où Louis de Funès tombe dans une cuve de l’usine de chewing-gum fut particulièrement éprouvante pour l’acteur, mais le cinéaste se souvient surtout des difficultés rencontrées à New York. Lors du tournage dans le Lower East Side, les juifs orthodoxes se montrèrent particulièrement agressifs et lui reprochèrent de réaliser « a pornographic picture ». La sortie du film fut programmée pour 1973 et tomba au même moment que la guerre du Kippour. Le caractère religieux du film provoqua plusieurs réactions inattendues et violentes. Georges Cravenne, célèbre publicitaire, fut chargé de la promotion du film. L’épouse de ce dernier, Danielle Cravenne, se persuada que le film contenait un message politique « anti-palestinien ». Le jour de la sortie, elle détourna un avion et menaça de faire sauter l’appareil si le film n’était pas interdit. L’avion atterrit et la jeune femme fut abattue d’une balle en pleine tête. Sa mort fut qualifiée de coup publicitaire et Gérard Oury reçut d’innombrables lettres d’insultes et de menaces : « Je ne changeais rien à ma vie, mais les jours qui suivirent je me promenais armé d’un pistolet ». Néanmoins, le film fut un carton, avec 7,3 millions d’entrées.

 

Projets inaboutis et théâtre

En 1975, Oury devait tourner à nouveau avec Louis de Funès dans un film intitulé Le Crocodile. Ce dernier devait jouer le rôle d’un dictateur sud-américain, le colonel Crochet, avec dans la distribution : Régine Crespin, Aldo Maccione et Charles Gérard. Mais à la suite des graves problèmes de santé de Louis de Funès qui, deux mois avant la date prévue pour le tournage, subit deux attaques cardiaques consécutives, le projet est annulé. À la fin des années 1970, Gérard Oury espère cependant relancer le projet et pense à Peter Sellers pour interpréter le rôle principal. Ce dernier meurt d’une crise cardiaque le . Malgré une ultime conversation avec Louis de Funès sur une nouvelle mouture du scénario adaptée en tenant compte de l’état de santé de l’acteur (le jeu de Louis de Funès est devenu beaucoup moins physique à partir de 1975), le projet du film est définitivement abandonné.

Gérard Oury enchaîne alors sur un scénario destiné à Lino Ventura en policier français qui serait amené à mener une enquête sur le sol américain et à travailler en tandem avec un homologue de la police new-yorkaise. Le projet aurait nécessité une coproduction avec un studio américain. Les pourparlers avec la Paramount échouent avant que le rôle du policier américain ait été pourvu.

À la suite de l’échec de ces deux projets, Gérard Oury se consacre à l’écriture d’une pièce, Arrête ton cinéma, qui sera un échec critique et public en 1977.

 

Retour à la réalisation, autobiographie et derniers succès

L’année suivante, le réalisateur tourne La Carapate (1978). En mai 1968, Jean-Philippe Duroc (Pierre Richard), un avocat taxé de gauchisme, rend visite à son client, Martial Gaulard (Victor Lanoux), accusé d’un meurtre qu’il n’a pas commis. À ce moment, une mutinerie éclate à la prison et Gaulard parvient à s’échapper. Recherché par toutes les polices de France, Jean-Philippe parvient à voir le général de Gaulle et lui demander la grâce présidentielle pour Martial. Le film est tourné 10 ans après les événements de mai 68. Lors de sa sortie, le film totalise près de 3 millions d’entrées, un gros succès mais perd de la vitesse en comparaison avec les précédents films du cinéaste.

Deux ans plus tard, Gérard Oury collabore une seconde fois avec Pierre Richard pour tourner Le Coup du parapluie (1980). Ce dernier tient le rôle de Grégoire Lecomte, un comédien sans envergure, qui se rend à un rendez-vous pour obtenir un rôle de tueur dans un film. À la suite d’un quiproquo, il se retrouve engagé par de véritables mafiosi comme tueur à gages, tout en croyant que le « contrat » en question est celui de son rôle dans le film. Il part ainsi pour Saint-Tropez où il doit éliminer lors d’une soirée un trafiquant d’armes en usant d’un parapluie dont la pointe contient du cyanure. Mais Grégoire ignore que Moskovitz, le vrai tueur, est à ses trousses. Gérard Oury, profitant de l’affluence du 33ème Festival de Cannes, a situé l’une des séquences principales du film pendant la compétition de 1980. Après cela, le tournage s’est déroulé à l’aéroport de Nice, à Cannes et à Paris. La distribution comprend Valérie Mairesse, Gordon Mitchell, Gert Fröbe, Gérard Jugnot, Maurice Risch, Dominique Lavanant et Mike Marshall. Sorti le 8 octobre 1980, Le Coup du parapluie est un succès dans la même veine que La Carapate (2,4 millions d’entrées).

En 1982, Gérard Oury exploite la fibre comique de Jean-Paul Belmondo pour la deuxième fois, avec L’As des as (1982). L’histoire est celle de Jo Cavalier, entraîneur de l’équipe française de boxe pour les Jeux olympiques de Berlin en 1936. Au cours des péripéties qui le mèneront à affronter Hitler, il prendra un enfant juif sous sa protection, le jeune Simon Rosenblum. Sorti le 27 octobre 1982, L’As des as est un carton avec 5 452 598 entrées, et restera no 2 au box-office de l’année.

Gérard Oury décide de tourner alors avec le comique no 1 de l’époque Coluche sur La Vengeance du serpent à plumes (1984), tiré d’une vérité : la réunion des chefs d’État de différentes nations, à Cancún, au Mexique. Coluche campe Loulou Dupin, tire-fesse qui apprend que sa grand-mère est morte et qu’il est l’héritier d’un appartement à Paris. À son arrivée, il a l’agréable surprise de trouver deux jeunes femmes dans son appartement : Valérie et Laura, dont il tombe sous le charme. Il ne sait pas que les jeunes femmes appartiennent à un groupe terroriste, Ravachol-Kropotkine, et qu’elles préparent un attentat avec des complices à Cancún, là où 23 chefs d’État doivent se réunir pour discuter du tiers monde. La Vengeance du serpent à plumes (1984) n’a pas eu le succès espéré mais s’est retrouvé no 11 au box-office de cette année-là, avec 2 663 303 entrées. Gérard Oury réalise alors trois ans plus tard Lévy et Goliath (1987), un film dans la même veine que Rabbi Jacob (1973), une comédie sur les juifs. Richard Anconina interprète Moïse Lévy, un juif orthodoxe, diamantaire de profession, qui se rend à Paris pour son travail et se retrouve involontairement mêlé à un trafic de drogue. Cela lui vaut l’antipathie de Goliath, que joue Maxime Leroux, un chef de bande, mais il pourra compter sur son frère Albert (Michel Boujenah) qui, malgré leur brouille, apportera sa précieuse aide. Ils réussiront à se sortir d’affaire. Avec une bonne distribution, comprenant Jean-Claude Brialy, Ticky Holgado et Robert Hossein. Le film sorti en 1987, totalise 2 166 907 entrées.

Gérard Oury publie sa première autobiographie en 1989. Intitulé Mémoire d’éléphant, ce livre est rempli d’anecdotes.

 

Fin de carrière en demi-teinte et récompenses

Avec un humour toujours burlesque il tourne Vanille fraise (1989), avec Pierre Arditi et Sabine Azéma. Cette dernière campe Clarisse Boulanger, une mère de famille et mariée à Antoine, chirurgien, qui tient une usine de porcelaine. Un beau jour, elle revoit son ancien amant, Guillaume (Jacques Perrin), qui lui demande de reprendre son rôle d’espionne, abandonné dix ans auparavant. Lasse des conquêtes de son mari, elle accepte et part en Italie. Nom de code : Vanille. Arrivée sur place, sa mission est de faire sauter un bateau contenant des missiles, avec l’aide d’Hippolyte (nom de code : Fraise), qu’elle doit faire passer pour son mari. Ayant appris le stratagème, Antoine, jaloux, part en Italie et se lance à la recherche des jeunes mariés. Le film totalise un résultat bien inférieur à Lévy et Goliath, avec seulement 768 518 entrées, dont 216 853 entrées à Paris.

Gérard Oury travaille ensuite sur La Soif de l’or (1993) avec Christian Clavier, qui vient de cartonner dans Les Visiteurs (1993). Clavier interprète Urbain Donnadieu, PDG d’une entreprise de maisons préfabriquées, qui a été élevé par sa grand-mère, Zézette (Tsilla Chelton), dans le culte du profit. Avare de première classe, il a volé 60 000 francs par jour à son entreprise, et les a transformés en lingots. Il voudrait bien les faire passer en Suisse. Il décide donc de cacher les lingots dans les briques d’une des maisons qu’il doit livrer. Tout irait pour le mieux si son épouse, Fleurette (Catherine Jacob), et son amant, Jacques (Philippe Khorsand), chauffeur et meilleur ami d’Urbain, ne venaient pas y mettre leur nez. Le film totalisera 1 517 890 entrées.

Gérard Oury reçoit la même année, en 1993 un César d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Le réalisateur a offert sa récompense à Jeanne de Funès en hommage à son époux décédé 10 ans plus tôt.

Pour Fantôme avec chauffeur (1996), Gérard Oury réalise le duo d’acteurs en confiant à Gérard Jugnot et Philippe Noiret les rôles principaux. L’histoire se déroule à Paris, un grand patron de la finance (Noiret) et son chauffeur (Jugnot) sont tués. Alors que, vivants, ils n’avaient que des relations strictement professionnelles et hiérarchiques, leurs fantômes assistent le plus souvent ensemble aux conséquences de leurs modes de vie troublés. De nouveau, malgré de grandes stars du cinéma français et de bons effets spéciaux, Fantôme avec chauffeur (1996) ne fait que 428 867 entrées.

Le Schpountz (1999) est le dernier film de Gérard Oury. Soixante-ans après le film de Marcel Pagnol, le réalisateur a choisi Smaïn pour chausser les souliers de Fernandel dans cette nouvelle version. Sabine Azéma succède à Orane Demazis. Également de la partie, Ticky Holgado et Martin Lamotte dans le dernier film produit par Alain Poiré pour la Gaumont. Le tournage s’est déroulé à Marseille et en studio dans la région parisienne. La première eut lieu à Saint-Tropez le 25 août 1999. Lors d’un entretien, le réalisateur a déclaré que : « Le Schpountz de Marcel Pagnol est la réhabilitation du rire et quelques fois, c’est une œuvre tenue à mépris ». Ce dernier film ne trouva pas son public et fit moins de 200 000 entrées.

 

Membre de l’Académie des beaux-arts

Le , Gérard Oury a été élu membre de l’Académie des beaux-arts et reçu sous la Coupole le 1er mars 2000 par Pierre Schoendoerffer. Il a été élu dans la section des créations artistiques dans le cinéma et l’audiovisuel, au siège qu’occupait René Clément. Son épée est réalisée par Pierre-Yves Trémois en 1999, et le réalisateur y fait inscrire la fameuse phrase tirée du film Le Quai des brumes (1938) « T’as d’beaux yeux, tu sais. », hommage à sa compagne Michèle Morgan. Le cinéaste a rejoint plusieurs confrères dont Roman Polanski, installé en décembre 1999. Son fauteuil est occupé depuis 2007 par Jean-Jacques Annaud.

 

Deux autobiographies

En mai 2001, Gérard Oury, presque aveugle mais toujours actif, a publié Ma Grande Vadrouille chez Plon. Loin d’être une autobiographie, ce livre de souvenirs rassemble une série d’anecdotes et de pensées classées par ordre alphabétique. Le lecteur voit ainsi défiler des tranches de vie où apparaissent aussi bien BourvilLouis de Funès que le Général de Gaulle, Coluche, Jean Paul Belmondo ou l’élue de son cœur Michèle Morgan. Toute la vie de Gérard Oury, comédien passé réalisateur avant d’être intronisé membre de l’Institut, est ainsi contenue dans un abécédaire amusant.

 

Hommage du Festival de Cannes

Le , le Festival de Cannes rend hommage à Gérard Oury, entouré à l’occasion de sa famille, mais aussi de Smaïn, Michel Boujenah et Jean-Paul Belmondo. Le cinéaste évoque : « Je n’ai jamais eu de film sélectionné à Cannes. Tout vient à point à qui sait attendre. » Il déclare également qu’il n’y a pas de recette pour faire un film, c’est un apport d’auteurs, de techniciens.

La fille de Gérard Oury, Danièle Thompson, son petit-fils Christopher Thompson déclarent qu’il a vu son grand-père travailler et son plaisir à travailler, son humour, ils évoquent également la projection de Rabbi Jacob et le bonheur du public.

La compagne du réalisateur Michèle Morgan explique qu’elle a tourné avec son compagnon à ses débuts. Elle parle de lui comme d’un artisan, quelqu’un qui a beaucoup d’humour.

Jean-Paul Belmondo lui, raconte que ce qui l’intéressait dans le cinéma c’était de jouer des vaudevilles, que Gérard Oury lui a donné de grands rôles.

Pour finir, le réalisateur tire la leçon de ses années de cinéma : du travail et une bonne histoire.

 

Décoration

Le , Gérard Oury est élevé à la dignité de grand officier de l’ordre national du Mérite par Jacques Chirac, lors d’une cérémonie dans la salle des fêtes de l’Élysée à laquelle assistent notamment Michèle Morgan et Danièle Thompsonet toute sa famille ; le Président de la République déclare que les films du metteur en scène se distinguent par « un comique sympathique, sans prétentions intellectuelles, fraternel et efficace », avant d’ajouter que Gérard Oury est « un comique dont la vérité est universelle comme celle de Molière ».

Cette même année, en octobre, La Grande Vadrouille est projetée dans une version restaurée à l’Opéra de Paris en présence du réalisateur.

 

Pas de réadaptation pour Le Corniaud

Lors du Festival de Cannes 2005, une rumeur sur un nouveau projet de réadaptation du film Le Corniaud court : Benoît Poelvoorde et Jamel Debbouze auraient donné leur accord pour tourner dans le film et reprendre respectivement les rôles de Bourvil et de Louis de Funès. Produit par La Petite Reine et StudioCanal, le film aurait été écrit par Franck Magnier et Alexandre Charlot et devait s’intituler On a encore volé le Youcouncoun. Mais Gérard Oury a annoncé qu’il n’avait jamais donné son accord à un tel projet et que celui-ci n’était « en aucun cas à l’ordre du jour ».

 

Décès

Gérard Oury s’éteint le  dans sa maison de Saint-Tropez, à l’âge de 87 ans. Il est enterré à Paris au cimetière du Montparnasse (5ème division). À ses funérailles, de nombreuses personnalités sont présentes : sa fille Danièle Thompson, son petit-fils Christopher Thompson et sa sœur Caroline, sa compagne Michèle Morgan et sa famille, et de nombreux acteurs comme Anouk Aimée, Richard Anconina, Pierre Arditi, Sabine Azéma, Jean-Paul Belmondo, Michel Boujenah, Jean-Claude Brialy, Robert Hossein, Gérard Jugnot, Pierre Richard, Smaïn, Philippe Torreton, les réalisateurs Alexandre Arcady, Alain Corneau, Claude Lelouch, Claude Pinoteau, Jean-Marie Poiré, Alain Terzian, les écrivains Jorge Semprún et Marek Halter, ainsi que le Premier ministre Dominique de Villepin, le ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, l’ancien ministre Jack Lang, les journalistes Claire Chazal et Philippe Labro.

Jacques Chirac salue un « maître du rire et de la bonne humeur » qui était aussi « un formidable créateur de mythes », et Renaud Donnedieu de Vabres rend hommage à un « maître du rire »« Au Panthéon du cinéma populaire de haute qualité (Gérard Oury) figure en première place », affirme peu auparavant son prédécesseur au ministère de la Culture, Jack Lang. Le Premier ministre d’alors, Dominique de Villepin, rend hommage au réalisateur, saluant « l’acteur qu’il fut, le merveilleux cinéaste, l’ami. Je perds un ami et la France perd l’un de ses plus grands cinéastes, une grande figure du cinéma français » :

« Pour la première fois, le roi du rire nous laisse seuls, lui qui a su mettre en lumière ce je ne sais quoi qui nous rassemble. Gérard Oury voulait enchanter nos vies en conteur généreux avec le sens du partage, donnant vie à des personnages éternels. »

Un hommage a également été rendu par le rabbin Josy Eisenberg qui avait été conseiller technique sur Les aventures de Rabbi Jacob : « selon la tradition juive, remercions Dieu d’avoir donné vie à celui qui nous quitte ». Trois cents anonymes ont également été autorisés à se rendre sur la tombe du cinéaste à l’issue de la cérémonie, lors de laquelle le cinéaste a été porté en terre au son des musiques de ses films interprétées par un quatuor à cordes. Famille et amis devaient ensuite se retrouver à la Closerie des Lilas pour un verre de l’amitié.

 

Honneurs

  • 1991 : commandeur de la Légion d’honneur
  • 1993 : César pour l’ensemble de sa carrière
  • 1998 (mars) : membre de l’Académie des beaux-arts (élu au fauteuil de René Clément).
  • 2011 : une place Gérard-Oury, dans le 8ème arrondissement de Paris, est inaugurée en présence de Roman Polanski, Danièle Thomson et Bertrand Delanoë. Elle se situe à l’intersection des rue de Courcelles, rue Rembrandt et rue de Monceau, ancien emplacement de la place du Pérou déplacée dès 2005.
Source: Wikipédia

 

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