Bertrand Tavernier, né le à Lyon, est un réalisateur, scénariste, producteur et écrivain français, président de l’Institut Lumière. Il est le père du réalisateur et comédien Nils Tavernier et de la romancière Tiffany Tavernier.
Fils de l’écrivain et résistant lyonnais René Tavernier, il fut d’abord assistant-réalisateur, attaché de presse et critique avant de passer à la mise en scène avec L’Horloger de Saint-Paul (1974), film à la base d’une longue collaboration avec l’acteur Philippe Noiret (Que la fête commence (1975), Le Juge et l’Assassin (1976), Coup de torchon (1981), La Vie et rien d’autre (1989), La Fille de d’Artagnan (1994)) et son premier succès critique.
Éclectique, il a abordé plusieurs genres cinématographiques, de la comédie dramatique (Un dimanche à la campagne (1984), Daddy Nostalgie (1990)) au film de guerre Capitaine Conan (1996) en passant par le film historique Laissez-passer (2002), La Princesse de Montpensier (2010) ou le polar (L.627 (1992), L’Appât (1995)). Plusieurs de ses films ont été récompensés, en France et à l’étranger dont Autour de minuit (1986) qui remporta un Oscar et fut nommé aux Golden Globes.
Le père de Bertrand Tavernier, René Tavernier, écrivain et fondateur de la revue Confluences, publia sous l’Occupation de grandes plumes comme Paul Éluard et Louis Aragon; ce dernier vécut pendant la seconde guerre mondiale avec son épouse Elsa Triolet au-dessus du domicile des Tavernier. Selon Bertrand Tavernier, c’est pour sa mère, Geneviève Dumond (1918-2002), que fut écrit l’un des plus beaux poèmes d’Aragon. C’est d’ailleurs Louis Aragon qui donna à Bertrand Tavernier l’occasion d’un très beau « coup de presse » en lui accordant d’écrire en 1965 un article sur Pierrot le fou de Jean-Luc Godard.
Ses parents quittent Lyon pour Paris en 1950 car René Tavernier est un mauvais gestionnaire et sa revue Confluences ne marche plus. Ils envoient leur jeune fils trois ans en pension à l’école Saint-Martin-de-France dirigée par la congrégation des Oratoriens où il fait l’expérience du sadisme et de l’humiliation. Il découvrit le cinéma dans un séjour au sanatorium se soignant de la tuberculose, son premier film marquant est Dernier Atout (1942). Après avoir réussi son baccalauréat à la seconde tentative, il entame des études de droit à la Sorbonne où il fonde avec des amis l’Étrave, revue d’étudiants sur le cinéma. Passionné de cinéma depuis l’âge de douze ans, il a notamment fréquenté la cinémathèque, fondé avec des amis en 1961 un ciné-club, le Nickel Odéon, pour promouvoir les genres dédaignés (westerns, films noirs, comédies musicales). Il commence à gagner sa vie en faisant des piges pour Télérama puis devient critique à Cinéma 59 ou 60.
Il fait ses débuts dans le cinéma comme assistant de Jean-Pierre Melville dans Léon Morin, prêtre (1961), expérience qu’il évoque dans le documentaire Sous le nom de Melville (2008) réalisé par Olivier Bohler.
Cinéphile passionné, Bertrand Tavernier a écrit plusieurs ouvrages importants sur le cinéma américain notamment, donné de nombreuses conférences et participe régulièrement à des bonus DVD. Dans les années 1960, il fut l’un des premiers à aller interviewer des réalisateurs étrangers et à analyser thématiquement leurs filmographies. Outre les metteurs en scène connus, tels John Ford, Raoul Walsh ou John Huston, il contribua à faire connaître en France Delmer Daves, André De Toth ou Budd Boetticher (dont il programmait les films avec son ciné-club, le « Nickel Odéon ») et participa, entre autres avec Martin Scorsese, à la redécouverte de l’œuvre de Michael Powell. En outre, il engagea pour ses films des scénaristes français des années 1950 comme Jean Aurenche ou Pierre Bost.
Comme critique cinématographique, il collabore dans les années 1960 à plusieurs revues : Les Cahiers du cinéma, Cinéma, Positif, Présence du cinéma, etc.
Il se démarque des réalisateurs de sa génération par la volonté de redonner une place primordiale à une narration passée à la trappe à la fin des années 1950. Il redonne ainsi leur chance à de grands scénaristes et dialoguistes restés sur le bord du chemin, principalement à Jean Aurenche et Pierre Bost (« bêtes noires », avec le réalisateur Claude Autant-Lara, de François Truffaut dans son article Une certaine tendance du cinéma français). Grand cinéphile, il fait redécouvrir des auteurs comme Jean-Devaivre dont il adaptera l’autobiographie dans son film Laissez-passer (2002). Si son goût le porte parfois vers les « films à costumes », il ne s’éloigne jamais des préoccupations contemporaines et son art reste profondément enraciné dans notre époque.
Bertrand Tavernier exprime, au gré de ses films, son aversion contre les injustices, son engagement contre la guerre, le racisme, les côtés sombres du colonialisme, la peine de mort et son combat contre les travers de nos sociétés contemporaines: délinquance, violence, chômage, misères physique et affective, drogue, sida, etc.
Certains longs métrages plus apaisés ou nostalgiques sont, à plusieurs reprises, imprégnés de la figure du père ou du temps qui passe et que l’on ne peut retenir Un dimanche à la campagne (1984), Daddy nostalgie (1990).
Pour le réalisateur, la musique n’est jamais comme plaquée et fait toujours corps avec l’image. Dans ses premiers films tout particulièrement, une importante scène musicale ponctue le film et annonce un drame imminent: un chanteur des rues Le Juge et l’Assassin (1976), la scène de la guinguette Un dimanche à la campagne (1984), etc.
Ses amitiés et fidélités professionnelles donnent aussi un ton à son cinéma: Aurenche et Bost mais aussi Alain et Philippe Sarde, Marc Perrone, Philippe Noiret, Philippe Torreton et, plus tard, Jacques Gamblin. De manière paradoxale, sa filmographie, aux sujets et aux traitements très divers, reste tiraillée entre sa défense pour un cinéma français fort et indépendant et sa fascination pour une certaine culture nord-américaine.
Producteur (sa société se nomme Little Bear production), il exerce aussi des activités associatives (président de l’Institut Lumière, à Lyon).
Bertrand Tavernier est le père de Nils Tavernier, également réalisateur, mais aussi comédien, et de la romancière Tiffany Tavernier, tous deux issus de son union avec Colo Tavernier. Il a connu au lycée Volker Schlöndorff, devenu depuis parrain de son fils.
Il est un hôte assidu de Sainte-Maxime, dans la villa familiale, depuis sa plus tendre enfance.
En février 2012, il est choisi pour présider la 2ème Cérémonie des Magritte du cinéma, qui récompense le cinéma belge.
Le 28 février 2013, il est invité pour une journée spéciale sur France-Musique. En mars 2013, il est le parrain des 50 ans des cinémas Studio à Tours, le plus grand complexe de cinémas indépendants « art et essai » de France. Il est représenté sur la fresque des Lyonnais.