Paul Thomas Anderson, né le à Studio City en Californie (États-Unis), est un scénariste, réalisateur et producteur de cinéma nord-américain.
Fils d’un comédien travaillant à Hollywood, Paul Thomas Anderson est un enfant turbulent d’une fratrie de neuf trois sœurs ainsi que cinq demi-frères et demi-sœurs. Il est le seul d’entre eux à avoir poursuivi dans le show-business.
Il fréquente la Buckley school (dont il sera exclu pour s’être bagarré et en raison de ses mauvaises notes), la Campbell Hall (école épiscopale) dans la San Fernando Valley, la Cardinal Cushing à Boston (où il redouble sa seconde), le Montclair College à Reseda (fin du secondaire) et l’Emerson University (pour 2 semestres à étudier l’anglais).
Il reçoit de son père sa première caméra à 12 ans. Il décide très tôt de devenir cinéaste et réalise de nombreux petits films amateurs, parmi lesquels The Dirk Diggler story à l’âge de 18 ans dont il développera l’histoire pour former la trame principale du film Boogie Nights (1997). Pour autant, il refuse le chemin prévu dans une école de cinéma, la pourtant reconnue New York University School, préférant apprendre directement sur le terrain : il quitte celle-ci après deux jours et investit les fonds alloués aux cours pour aller à Los Angeles.
Il commence à la télévision comme assistant de production sur des téléfilms et des jeux télévisés (expérience qu’il utilisera pour Magnolia (1999)).
C’est à cette époque qu’il réalise Cigarettes and Coffee (1993), court-métrage avec Philip Baker Hall qui sera remarqué dans des festivals et en particulier à celui de Sundance 1993. Cette histoire de personnages qui se croisent dans un café préfigure le thème de la rencontre et le style choral qu’il affectionnera par la suite.
Cigarettes and Coffee lui permet d’obtenir le financement pour mettre en route son premier long-métrage, Double mise (1996). Ce premier film est présenté au festival de Cannes 1996.
Fort de ce succès et avec des moyens plus importants un budget de 15 millions de dollars il reprend le script d’un court-métrage évoquant la carrière d’un acteur de films pornographiques pour réaliser son second long-métrage : Boogie Nights, qui sort en 1997. Le film suit une galerie de personnages impliqués dans l’industrie pornographique californienne de l’âge d’or de la fin des années 1970 au déclin du début des années 1980. On commence alors à comparer son cinéma à celui de Martin Scorsese et Robert Altman. Si les critiques sont parfois sévères (on évoque la prétention et le plagiat), d’autres au contraire relèvent la naissance d’un futur grand cinéaste (Newsweek, New York Times ou Los Angeles Times).
Ce succès lui permet d’enchaîner rapidement avec un nouveau film choral, plus personnel et encore plus ambitieux, sur lequel il a un grand contrôle, tant pour le choix des acteurs que pour le montage, avec une durée peu commune dépassant les trois heures avec le générique. Magnolia (1999), à temps pour concourir aux Oscars, avec la confiance de son distributeur. Le film n’est pas retenu parmi les favoris, obtenant néanmoins trois nominations non converties (scénario, second rôle pour Tom Cruise et musique), mais aussi l’Ours d’Or au festival de Berlin 2000 et surtout la reconnaissance plus générale d’une partie de la profession et des critiques.
Afin de garder le meilleur contrôle possible de ses films, il crée rapidement sa maison de production qu’il nomme Ghoulardi Film Company en hommage au personnage de série B d’horreur que son père, Ernie Anderson, avait créé pour un feuilleton de la télévision de Cleveland.
Il accroit son image d’éclectisme en décidant, avec There Will Be Blood (2007), de se tourner vers un western moderne sur le thème de l’exploitation du pétrole. Il y consacre cinq ans de sa vie, dont deux furent nécessaires au financement car les studios doutaient du potentiel du film. Il fait également un grand travail de recherche sur le milieu du pétrole au début du siècle pour préparer le scénario et le tournage. Il obtient en définitive un vrai succès public, des critiques excellentes et convergentes ainsi que la reconnaissance de ses pairs (huit nominations aux Oscars concrétisées par un Oscar du meilleur acteur pour Daniel Day-Lewis et une nomination au prix de la Directors Guild of America). Avec ce film, il obtient le statut d’auteur référent aux yeux des critiques. À titre d’illustration, James Christopher, critique cinéma en chef au Times, classe le film en deuxième position de sa liste des cent meilleurs films du monde (derrière Casablanca (1942) de Michael Curtiz) et il arrive en tête en nombre de citations dans les listes des 10 meilleurs films de la décennie 2000 établies par plusieurs publications spécialisées.
En septembre 2010, le film est temporairement ajourné et P.T.A. se lance alors dans la préparation de l’adaptation de Vice caché, roman de Thomas Pynchon. Le tournage de The Master débute finalement en juin 2011 pour une sortie fixée au 12 octobre 2012 aux USA (et une sortie française début 2013). Le film est présenté en avant-première au Festival de Venise et y est récompensé pour sa mise en scène et son interprétation. Paul Thomas Anderson devient le premier cinéaste à remporter le prix de la réalisation dans les trois principaux festivals européens. La critique loue encore globalement une forme originale et très maîtrisée en ligne avec l’impression déjà laissée par son précédent film, mais de façon moins unanime.
Il enchaîne avec Inherent Vice (2014) un projet encore plus expérimental, avec Joaquin Phoenix dans le rôle-titre.
Paul Thomas Anderson et la chanteuse Fiona Apple ont eu une relation pendant plusieurs années; elle apparait à ce titre dans le making-of du DVD de Magnolia. Paul Thomas Anderson réalise en outre plusieurs clips de la chanteuse.
Depuis, il vit à Los Angeles avec l’une des comédiennes révélées par l’émission Saturday Night Live, Maya Rudolph, avec qui il a trois filles (Pearl née le 15 octobre 2005, Lucille le 6 novembre 2009 et Ida en 2013) et un garçon (Jack né le 3 juillet 2011). Il a co-écrit et mis en scène un spectacle comique joué par Maya Rudolph en duo avec Fred Armisen, présenté les 5 et 6 août 2008 au Largo Theater de Los Angeles.
Paul Thomas Anderson fait preuve très tôt d’un fort caractère pour s’imposer au sein de groupes sociaux, et faire valoir son opinion en dépit de l’adversité. Ce trait de caractère perdure et s’illustre notamment par son intransigeance à maintenir ses choix artistiques face aux demandes des studios qui le sommaient de revoir le montage de ses deux premiers films, jugés excessivement longs.
Il a acquis la réputation d’être impétueux et égocentrique, comme le montre la biographie écrite par Sharon Waxman, Les Six Samouraïs : Hollywood somnolait, ils l’ont réveillé !. John Lyons, ancien directeur de casting devenu son producteur, y confie que « les gens ne supportaient pas son manque d’humilité. »
Il démontre également une grande confiance en lui. Cette confiance en lui est antérieure à son premier film. John Lyons dit de lui à propos de sa première rencontre au Sundance festival en 1993 : « J’ai été très surpris de découvrir autant d’assurance chez un garçon de son âge, même pour un réalisateur. Il possédait un savoir-faire et une assurance à toute épreuve. » Michel Satter, directrice de la programmation du Sundance festival indique qu’« il est rare de rencontrer quelqu’un qui vous tape littéralement dans l’œil, qui a cette petite étincelle, cette imagination débordante, une originalité folle et une assurance incroyable ».
Il a la réputation d’être perfectionniste lors de la préparation et du tournage de ses films, pour lesquels il fait des recherches minutieuses. Mais il n’hésite pas à se mettre en colère sur les tournages et peut prendre une attitude détestable lorsqu’il se concentre sur son travail de réalisation. Une collaboratrice sur le tournage de Boogie Nights précise qu’« il pouvait être très en colère, abusif, insultant copieusement tout le monde. »